Le Petit Bleu

J’avancerai vers toi avec les yeux d’un sourd

- Patricia ROBERT (CLP)

J’avancerai vers toi avec les yeux d’un sourd, c’est le titre du documentai­re français écrit et réalisé par Laëtitia Carton, projeté dimanche soir au cinéma Vers le large. « Ce film est dédié à mon ami Vincent, qui ne supportait plus ses souffrance­s et est décédé il y a 10 ans. ».

L’histoire avait commencé lorsque Laëtitia Carton lance une annonce : « Entendante cherche ami sourd. » Laétitia fait alors la connaissan­ce de Vincent, qui lui apprend la langue des signes. Instaurée en 1880, la langue des signes a ensuite été mise de côté pendant 100 ans, privilégia­nt l’oralisme et l’appareilla­ge. Depuis 2005, la langue des signes est reconnue par la loi française. Quelques écoles bilingues existent sur le territoire, permettant de mêler sourds et entendants. Le film, réalisé avec pudeur et délicatess­e, montre les difficulté­s rencontrée­s par les sourds au quotidien, et relate la marche de 42 jours en 2013 vers Milan. « Arrêtons de penser que sourd est un handicap,. Tandis que les entendants passent par les oreilles, nous, on passe par les yeux et par le langage du corps, la langue des signes apparaît comme une chorégraph­ie, une forme artistique. »

Parmi les témoignage­s recueillis après la diffusion du film, un homme expliquait qu’il n’entendait pas la musique mais ressentait les vibrations, et adorait danser. Une autre personne, malentenda­nte depuis l’âge de 39 ans (69 à ce jour), est entre le monde des sourds et des entendants, et pense qu’il faudrait apprendre la langue des signes, l’important étant de pouvoir communique­r. « Qu’importe la surdité de l’oreille quand l’esprit entend » (Victor Hugo).

 ??  ?? Toumette, à gauche, actrice dans le film, représenta­nts d’associatio­n et interprète­s, lors du débat.
Toumette, à gauche, actrice dans le film, représenta­nts d’associatio­n et interprète­s, lors du débat.

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