La Bretonne qui défie le Sud
Daisy Frigara est vice-championne de France de pétanque. La preuve que ce jeu n’est pas l’apanage des seuls Provençaux. La jeune femme est de Pleudihen.
La pétanque, qui se rêve olympique, a ses vedettes qui maintenant se laissent regarder à la télé, et sur les chaînes sportives, s’il vous plaît. Les Rocher, Lacroix, Robineau, Fazzino, Suchaud et autres Radnic, stars du petit écran, qui démontrent à la France entière que ce jeu est bien plus que ça. C’est un sport. Un vrai, qui exige de la technique, de la tactique, du mental et même du physique tant les parties peuvent parfois être longues en plus qu’elles s’enchaînent.
Un sport pas si phallocrate que d’aucuns voudraient le faire croire, qui laisse à la gent féminine sa part belle. Et moins régionaliste que son folklore pourrait le laisser supposer, il donne sa chance aux joueurs, et joueuses, assez fadas, vu d’en bas, pour vivre tout là-haut, au nord de la Loire.
Devant 2 000 spectateurs
Daisy Frigara en a apporté une réjouissante démonstration lors des championnats de France de pétanque qui viennent de se disputer à Lanester (56). La jeune femme de Pleudihen-sur-Rance y a obtenu le titre de vice-championne de France de tête-à-tête, finaliste malgré tout heureuse de son parcours, simplement battue par la Héraultaise Sandrine Herlem (13-7), après avoir notamment éliminé, en 1/4 de finale, la grandissime favorite Marie-Christine Virebayre qui, elle, évoluait sous les couleurs du Languedoc-Roussillon. Une finale disputée devant 2 000 personnes enthousiastes et à fond derrière la Bretonne de service, qu’on n’attendait pas forcément à pareille fête. Mais qui s’est elle-même impressionnée par son niveau de jeu lors de ce week-end morbihannais.
À presque 35 ans, Daisy Frigara compte bientôt 27 années de pratique de la boule, découverte avec son grand-père « qui jouait dans son jardin. Avec mon frère, on s’est vite inscrits au club de Pleudihen. Je n’ai jamais arrêté depuis, j’adore ça », explique cette maman de deux enfants, la petite Eva venue au monde voilà quelques semaines à peine, et Mathieu, graine de champion déjà vainqueur, dans sa catégorie, des Départementaux en doublette pour sa première année de compétition. Comme quoi bon sang ne saurait mentir. Et à suivre sa maman sur les tournois, il apprendra d’autant plus vite.
Partout en France
Car c’est quasiment chaque week-end que Daisy Frigara s’en va jouer des compétitions nationales, du côté de Caen ou La Rochelle, de Parthenay ou de Cholet, « j’évite d’avoir plus de 4 heures de route, sauf pendant les vacances d’été où je vais jouer des tournois jusqu’à Millau ou Palavas-les-Flots », continue celle qui exerce le métier de marbrière chez Couellan à Quévert, commune où elle réside désormais.
Dans le sud, celle qui se dit « plus à l’aise au tir que pour placer », se frotte aux cadors de la discipline lors d’épreuves parfois mixtes qu’elle peut disputer en doublette ou en triplette. « C’est vrai que le niveau y est là-bas plus relevé », et les concours un poil mieux primés, « on y gagne un peu d’argent. » Pas de quoi en vivre, « ça peut monter jusqu’à 210 € à Palavas », mais ça amortit les frais de déplacement. Sans parler du coût de ses boules de compétition, « près de 300 € le jeu de trois boules. » Et elle en use deux par saison.
Le prix, somme toute modéré, d’une passion qui lui a valu beaucoup de satisfactions et un palmarès élogieux, constitué de 26 titres régionaux ou départementaux, en individuelle, en doublette ou en triplette mixtes ou féminines (notamment avec ses partenaires de club Bryan Le Marrec, Maëva Bruneteau et Sandrine Bissonnier).
Un rêve
Ne manque plus à l’élève de Yves Exbourse, son entraîneur à Pleudihen, qu’une consécration nationale, « un rêve de gamine », qui vient de lui échapper d’un rien voilà dix jours, qu’elle avait touché du doigt déjà en 2003 (finaliste) ou en 2013 (1/2 finaliste). « Je tourne autour, ça finira bien par arriver, et peu m’importe que ce soit en tête-à-tête ou en équipe. » C’est tout le bonheur qu’on lui souhaite.