Virginie Rouzaire, la demoiselle de Presac
La jeune cavalière vient d’établir ses quartiers à quelques pas de la forêt de Coëtquen. Elle y élève et prépare des chevaux de compétition pour les concours de saut.
À la sortie de Lanvallay, au niveau de Saint-Solen sur la route de Rennes, un nouveau panneau dans le paysage ne manque pas d’attirer l’oeil : élevage de Presac (*). Tiens donc, un nouveau centre équestre. Pas vraiment, même si la vaste propriété de 26 hectares, où se dresse l’imposant manoir de la Vairie, « le château de Lanvallay », est désormais un lieu consacré au cheval.
L’endroit rêvé, en tout cas choisi par Virginie Rouzaire, pour y monter ses écuries et son haras. À 27 ans, cette cavalière talentueuse a fréquenté le haut niveau de l’équitation (jumping) lors de concours de saut international (CSI) deux et trois étoiles, et de Grands Prix à 1,50 m (la hauteur des barres), « et je rêve d’y retourner », confesse-t-elle. Et tant qu’à faire avec pour partenaires des cracks issus de son élevage, comme « Jerello » ou « Vigo Cot Chat », deux 7 ans pour lesquels elle fonde de solides espoirs. Le second nommé, « très doué », avait d’ailleurs brillé en début d’année au CSI de Reims, mais le jeune cheval a été freiné dans sa progression par une maladie dont il commence tout juste à se remettre.
Trois activités
Car faire naître puis faire progresser ses poulains pour en faire des bêtes de concours, c’est précisément le coeur de l’activité de l’entreprise de Virginie Rouzaire. Haras d’une part, écurie de compétition de l’autre, « mais aussi pension, et pas forcément pour des chevaux de compétitions », trois activités en fait, qui ont nécessité d’importants investissements pour les équipements adéquats.
« L’endroit n’était pas du tout dédié au cheval auparavant, il a fallu tout construire » : deux grands barns (bloc écuries) de 12 et 16 box confortables, une carrière et un manège recouverts de sable de Fontainebleau (une référence, parait-il), 20 paddocks extérieurs, le tout aménagé sur un pré de deux hectares, voilà pour la partie écurie et pension. Tandis que l’élevage a trouvé sa place un peu plus loin dans la propriété, près du manoir, dans d’anciens bâtiments de ferme, « qu’il a fallu pour partie rénover aussi. »
Deux ans de travaux rendus possibles « grâce à la vente en 2014 d’une structure similaire que je tenais en Seine-etMarne », montée en 2006 par ses parents, propriétaires de chevaux, une passion pour cette famille de célèbres fromagers au coeur de la Brie, « mais qui partagent désormais leur temps entre l’Île de France et Lanvallay », sourit leur fille unique.
Les Rouzaire se plaisent en Bretagne, « c’est là que je désirais m’installer, je n’en pouvais plus de la région parisienne », concède Virginie, qui souhaitait en outre tourner la page « après des dernières années compliquées par un grave accident de voiture, un autre de cheval qui a failli me laisser tétraplégique, en plus de la perte rapprochée de chevaux, de vieillesse ou à la suite d’accidents ou de maladies. Il me fallait changer d’air. »
Un mode de vie
Celui, iodé, de la Bretagne lui sied à ravir. Comme il va bien à la dizaine de juments et aux deux étalons de son élevage où grandit une dizaine de poulains. Dans ses écuries, elle entraîne dix jeunes chevaux pour la compétition. Et huit autres sont en pension, propriétés de cavaliers de concours qui peuvent s’entraîner ici, ou cavaliers de loisirs qui trouvent dans les larges allées boisées de la Vairie un cadre idéal pour leurs promenades à cheval, à l’écart des routes.
Une vraie vie de château ? « Un métier dur, exigeant physiquement et moralement, où l’on ne compte pas ses heures, un métier d’agriculteur, c’est en tout cas comme ça que je le conçois. Mais j’aime ça, c’est ma passion, c’est le mode de vie que je me suis choisi. »
Très vite, l’adolescente qu’elle était encore avait compris que l’école, « c’était pas pour moi ». Virginie Rouzaire a appris son métier « sur le tas, et notamment lors de stages dans des écuries renommées, en Belgique principalement. » Il lui appartient maintenant de faire reconnaître la sienne, « c’est long, mais tout vient à qui sait attendre, j’en suis persuadée. Je vais devoir faire mes preuves, démontrer que je suis compétente, que je peux me hisser au niveau des meilleurs, et il y en a, pas loin d’ici, avec qui je m’entends très bien, du reste. » Alors, de la vente de ses meilleurs poulains, elle pourra tirer des revenus substantiels, « pour le moment, je ne vis que des pensions, mais je ne suis pas encore très connue. » Cela ne devrait plus tarder.
(*) Nom sorti de l’imagination de Virginie Rouzaire, « ça sonnait bien ». À voir aussi : http://www.ecurie-virginie-rouzaire.com/