Le Petit Bleu

L’apprentiss­age de l’allemand en CM1 remis en cause

Thierry Lemarié, parent d’élève, s’insurge au sujet de la disparitio­n de 45 minutes d’anglais par semaine au profit de l’allemand.

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On connaît la fougue de Thierry Lemarié en tant que président du club de hockey. En tant que parent d’élève, l’homme est égal à lui-même. Aussi quand il apprend que l’apprentiss­age de l’allemand va remplacer l’anglais pour moitié à l’école Le Petit Prince : 45 minutes pour chaque langue par semaine au lieu d’une heure trente pour l’anglais, son sang ne fait qu’un tour. « Cela veut dire que nos enfants, du fait que cette école est une école ’’test ’’, auront la moitié moins de cours d’anglais que les autres écoles du Pays de Dinan. Il me semble que ce partage anglais- allemand va continuer en CM2. Comment peut-on obliger un élève de primaire à étudier deux langues vivantes alors qu’on dit qu’en 6e c’est trop tôt sauf si l’élève a un bon niveau ? Qui aujourd’hui parle allemand ? Combien d’élèves qui entrent dans les collèges de Dinan, publics ou privés choisissen­t l’allemand ? Que recherche-t-on ? Développer une langue qui se perd à l’école, parce que les élèves n’en veulent plus ? D’où vient ce choix, à quel niveau a-t-il été fait et par qui ? Nos enfants seront défavorisé­s en entrant en 6e » écrit-il dans une lettre adressée aux parents les invitant à une réunion pour en débattre.

Onze parents ont participé à cette réunion. Thierry Lemarié propose qu’on mette ces heures d’allemand dans les Temps d’Activités Péricolair­es (Tap). « On leur apprend à faire des cabanes, à jouer aux boules. Pourquoi pas l’allemand ! » ironise-t-il. Thierry Lemarié argumente sur le fait que l’allemand est très peu parlé dans le monde. Une mère d’élève sort un autre argument : la légalité de la chose. Et ce à partir du bulletin officiel de l’Education Nationale du 26 novembre 2015 dans lequel il est précisé que l’enseigneme­nt d’une deuxième langue dans le cycle 3 peut être autorisé à raison d’une heure trente par semaine pour des élèves volontaire­s. Ce serait donc un enseigneme­nt facultatif. « Le dispositif mis en place en CM1 ne respecte pas le texte » affirme la mère d’élève. En conclusion de cette réunion, Thierry Lemarié en fera un compte rendu pour Stéphanie Loric, directrice du groupe scolaire Le Petit Prince, communique­ra les éléments au conseil d’école et demandera à y être entendu.

Réaction de Valérie Lecoeur, inspectric­e d’académie pour Dinan Sud.

« Le multilingu­isme a fait ses preuves : il permet d’améliorer l’apprentiss­age d’autres matières. C’est la première fois que j’ai connaissan­ce que quelqu’un conteste le bilinguism­e. En règle générale, les parents d’élèves protestent car leur école ne bénéficie pas de cette sensibilis­ation… Tout ne se joue pas en classe de 6e. C’est une vision qui date d’il y a dix ans. C’est prouvé : le bilinguism­e n’est pas nuisible. Au contraire. »

Réponse de Thierry Lemarié à l’inspectric­e.

« Pour nous, il est hors de question que ces cours empiètent sur l’anglais de moitié. Que les élèves sur la base du volontaria­t apprennent l’allemand pourquoi pas. Pour répondre à vos dires qui ne sont pas d’actualité sur notre revendicat­ion, je confirme que cette idée de pousser les gens à apprendre l’allemand est inadmissib­le et ce recteur prend à mon avis un peu trop ses aises. De quel droit impose t-il une langue non usitée en Europe et dans le monde dans les échanges internatio­naux ? Sauver une langue non désirée tout simplement pour faire plaisir à l’Allemagne dans le cadre des accords entre nos deux pays est une chose, pénaliser des enfants en est une autre. Le sujet, et je vois que vous aussi le traitez de travers, est uniquement sur le fait qu’on vole 3/4 d’heure d’anglais aux enfants qui seront pénalisés lors de l’évaluation de fin de CM2 puis à leur entrée en 6e face aux autres élèves du Pays de Dinan. C’est cela que nous contestons et rien d’autre pour le moment. »

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