Laurent Maurot invente une brasserie portative
Cet amateur de bière a décidé de lancer sa propre brasserie artisanale après avoir inventé et conçu une machine destinée aux zythologues.
Tel Obélix, tombé dès son plus jeune âge, dans la potion magique, Laurent Maurot en a fait de même, en se plongeant dans un fût de bière. Cela se passait au siècle dernier. En 1997, intermittent du spectacle à l’époque, Laurent tombe sur un livre : Faites votre bière. C’est le déclic. « Amateur de bière comme tout le monde, je décide de créer ma propre bière. Je vis alors en région parisienne. » Ni une, ni deux, il part faire un stage dans une brasserie artisanale en Dordogne. Au sein de la brasserie Canardou de Jean-Yves Jego, il reste un mois nourrit et logé à découvrir le métier. «À la fin du mois, j’ai demandé à continuer, je savais que c’était ce que je voulais faire. » De 1999 à 2002, Laurent Maurot est engagé à la brasserie du Trégor à Tréguier. « J’ai vraiment baigné dans la bière. Je brassais avec Stéphane à la production et nous allions installer du matériel de brasserie partout en France. »
Concepteur d’une brasserie
C’est à ce moment-là, que
Laurent a un flash ! « Je décide de créer une petite brasserie démontable et transportable. Je m’étais rendu compte qu’il était difficile de faire
sa bière chez soi. » Alors fort de ses connaissances, Laurent se lance. La pico-brasserie voit le jour. Démontable en moins de 5 minutes, elle se transporte dans le coffre d’une voiture. Composée de trois cuves en inox, celle du haut pour l’eau, celle du milieu pour le malt et celle d’en bas pour l’ébullition et la stérilisation, la machine de sa conception fonctionne en suivant les transferts par gravité. Le contrôle des températures, la vidange des déchets de brassage et les nettoyages deviennent un jeu d’enfant. Deux modèles sont proposés, une petite de 50 litres et une seconde de 80 litres. Au bout de quatre heures, la bière coule à flot. Laurent Maurot vend alors sa brasserie démontable à un tarif avoisinant les 6 000 €. Deux machines seront vendues. Mais Laurent voit grand. Installé à Saint-Michel-de-Plélan, bien que travaillant comme technicien de maintenance chez Ouvêo à Plélan-le-Petit, il a toujours l’esprit en ébullition. La bière ne l’abandonne pas. Au fond de lui, il a toujours cette flamme qui fait qu’il décide de lâcher son boulot pour se lancer à fond dans le malt.
Plateforme participative
Depuis juin dernier, il a créé sa société : La brasserie de l’Arguenon. Pour l’instant, il réalise sa propre bière avec la brasserie de son invention, tout en aménageant une grange pour que d’ici la fin de l’année, une véritable brasserie achetée d’occasion y soit installée. « Sept sortes de bières sortiront alors des cuves : Blonde, blonde ancestrale, blanche, dorée, brune, noire et rousse. Entre le début du brassage et l’embouteillage, en passant par le refroidissement, la fermentation, la séparation de la levure et du liquide, il faudra attendre un mois. » Ces bières seront vendues 2 € les 33 cl, 4 € les 75 cl et 56 € le fût pour les associations.
« Il était difficile de faire sa bière chez soi » « Repartir du stage avec sa propre bière »
Mais d’ici là, Laurent Maurot doit trouver quelques subsides. C’est pour cela qu’il a décidé de lancer son projet sur une plateforme participative. Il espère y récolter 8 000 €. En contrepartie, il offrira aux donateurs, bien entendu de la bière « mais aussi la possibilité de participer à une journée de brassage et de repartir avec sa propre bière. J’ai déjà fait ce type de stage dans une société coopérative d’activité et d’emploi en Bourgogne. Cela fonctionne bien. »
Pour écouler sa production, Laurent a d’ores et déjà démarché 21 points de vente susceptibles de proposer sa Ar BraZH’. Nom de sa bière avec un joli clin d’oeil au BZH ! Son objectif est de brasser 900 à 1 000 litres par mois. 10 000 litres la première année seraient un minimum. Laurent prévoit d’ailleurs une embauche pour les livraisons en période estivale. Au printemps, il a bon espoir de pouvoir ouvrir son local au public afin de faire déguster ses diverses bières et d’expliquer que si les petites rivières font les grands fleuves, une petite brasserie démontable peut aussi devenir une grande brasserie.