Le Petit Bleu

31 jeunes Afghans hébergés à Saint-Cast-le-Guildo

Venus de la « jungle » de Calais, ces mineurs isolés espèrent pouvoir aller en Angleterre, où, disent-ils, ils ont de la famille. Il faudra quelques semaines au gouverneme­nt britanniqu­e pour étudier leur dossier.

- Bernadette RAMEL

Une trentaine de mineurs afghans sont hébergés temporaire­ment à Saint-Cast-le-Guildo, depuis le mercredi 2 novembre. Partis de Calais en bus vers 8h30, ils sont arrivés en fin d’après-midi, dans le quartier de l’Isle. Avec pour certains quelques mots de Français (« Bonjour, ça va ? »), et de timides sourires. Ils ont serré la main du Préfet, des élus locaux, des encadrants mobilisés pour les accueillir. Puis sont allés donner leur nom et se restaurer à l’intérieur du centre CCAS (oeuvres sociales d’EDF), mis à dispositio­n de l’Etat pour les héberger.

Ces jeunes Aghans font partie des 1.500 « mineurs non accompagné­s et isolés » qui ont dû être évacués de la « jungle » de Calais, la semaine dernière. Plusieurs expliquent y être arrivés depuis trois ou quatre mois. Ils ont l’air heureux d’en être partis et de pouvoir se poser un peu. « Thank you, it’s wonderful », prononce même l’un d’eux en buvant un jus de fruit.

Comme tant d’autres, ils veulent rejoindre l’Angleterre, où ils affirment avoir de la famille. Avant de monter dans le bus qui allait les emmener en Bretagne, on leur a assuré que leur demande serait étudiée. A cette fin, ils sont d’ailleurs accompagné­s de représenta­nts du gouverneme­nt britanniqu­e, lequel a demandé un délai de « 3 à 8 semaines » pour pouvoir étudier chaque cas.

Certains des Afghans arrivés à Saint-Cast-leGuildo pourront donc, peut-être, se rendre légalement outre-Manche. Les déçus ne resteront pas forcément tous en Côtes d’Armor. Mais ils seront pris en charge, comme tout mineur * en danger se trouvant sur le territoire français, par l’Aide sociale à l’enfance et / ou la Justice.

En attendant, c’est « un encadremen­t renforcé » qui est mis en place dans ce centre d’accueil provisoire à Saint-Cast, assure le Préfet Pierre Lambert, « avec deux gardiens de nuit, cinq encadrants, un gérant, un cuisinier ». Façon de rassurer compte-tenu de la proximité du port de Saint-Cast-le-Guildo, par lequel les jeunes gens pourraient avoir l’idée de rejoindre l’Angleterre. « Comme dans tout accueil collectif de mineurs, il y a dans ce centre des règles strictes à suivre, ajoute le Préfet. Les allers et venues seront surveillés. Des dispositio­ns seront prises par les encadrants, par nos services et s’il le faut par la gendarmeri­e qui fera des patrouille­s autour du port. »

C’est l’Etat qui assume les frais d’hébergemen­t (il finance l’associatio­n missionnée pour cela à hauteur de 108€ par mineur et par jour). « Rien n’est demandé à la mairie de Saint-Cast », assure Pierre Lambert. Ce qui n’empêche pas des bénévoles de se manifester pour aider à leur apprendre le français ou leur donner des occupation­s.

A propos des appréhensi­ons des habitants, et des réactions parfois violentes qu’a suscitées l’ouverture de ce centre à Saint-Cast-le-Guildo, le Préfet répond : « Il s’agit d’une présence encadrée et courte. En quoi le voisinage peut s’inquiéter de jeunes mineurs qui ont fui la guerre ? »

« Thank you, it’s wonderful » « Des jeunes mineurs qui ont fui la guerre »

* Si un véritable doute existait sur l’âge de certains d’entre eux, un recours à des tests osseux est possible (il s’agit de radios du poignet et de la main, qui permettent de voir s’il reste des cartilages de croissance censés avoir disparu à 18 ans, tests qui restent sujets à caution).

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