La dernière « promenade » d’Eugène
Le doyen de Saint-André-des-Eaux, Eugène Faisant, s’est éteint, lundi 31 octobre, dans sa 95e année. Il n’avait quasiment jamais quitté sa commune de naissance.
Eugène Faisant est né le 15 décembre 1921 à Saint-Andrédes-Eaux, commune qu’il n’avait presque jamais quittée, sauf en 1944, lors de son escapade en Corrèze comme réfractaire au STO. Il aura eu longtemps la responsabilité du bureau d’aides sociales et aura aussi été fidèle à son poste de commissaire aux courses cyclistes lors de la fête communale du mois d’Août.
« Il était fier d’être le doyen de sa commune. Ici, dans cette église, qu’il fréquentait régulièrement, il a été baptisé, s’est marié à Jeannine le 6 octobre 1951. De cette union il aura eu deux enfants, Joël, né le 9 février 1953 et Claudine, née le 14 avril 1957. Dans cette église, il aura eu la douleur d’assister aux obsèques de Joël, son fils, le 20 février 2013 » précise, bouleversée, Gaëlle sa petite fille.
Eugène aura surtout été un agriculteur et un jardinier passionné ! Il aimait également travailler le bois et fabriquer ses propres outils. Sa très grande force et son éternel entrain à vouloir « aider » auront largement participé à soutenir sa famille. « En décembre, nous devions fêter ses 95 printemps ainsi que les 65 années de vie partagées avec Jeannine, son épouse. Les nombreux pommiers, cerisiers, pêchers qu’il a plantés et greffés un peu partout sur son passage, eux, continueront à fleurir longtemps » précise-t-elle encore.
Dans son cahier d’écolier, un poème
Eugène Faisant, aimait écrire et il consignait ses souvenirs, dans un calier d’écolier : « C’est dimanche ». Le beau temps incite la promenade.
Papa, maman, mon frère, ma soeur et moi, nous partons en promenade.
Bientôt nous voilà en pleine campagne. Je cours le long des chemins herbus, heureux de respirer le bon air de la campagne. Ainsi que les près piqués de fleurs de différentes couleurs, les blés déjà ondulent sous la brise. Tout à coup, j’aperçus à la lisière d’un champ, un énorme bouquet blanc. C’était un cerisier en fleurs. Quel beau spectacle.
Autour des rameaux charnus, gonflés de sève, des milliers de corolles neigeuses floconnent et tremblent sur leur queue grêle, toutes si rapprochées qu’on ne voit plus les branches en maints endroits. Il jette en tous sens ses fuseaux fleuris. Un peuple d’abeilles l’enveloppe d’ailes battantes. Une odeur subtile de miel flotte et s’en va au vent sur les terres verdoyantes.
C’est ce que fut « ma promenade. »