Le Petit Bleu

Dinan, une ville marquée par la religion

La ville était fortement marquée par le fait religieux à la veille de la Révolution, comme l’a expliqué Simon Guinebaud dans une conférence dimanche.

- Thierry GIORDANA (CLP)

Si les thématique­s des conférence­s passées nous ont déjà permis d’aborder les sites religieux dinannais, le patrimoine religieux de la ville est tellement important que nous avons décidé de ce nouveau cycle. Ainsi, au fil de vos promenades dans les rues de Dinan, vous aurez un autre regard sur ce patrimoine », a expliqué Cécile Paris, adjointe au patrimoine et aux musées, avant que les auditeurs, très nombreux, ne se plongent dans un nouveau bain d’histoire.

Dinan, la cité des clochers

Avec deux églises paroissial­es et sept couvents qui occupent un bon tiers de l’espace au coeur de ville, Dinan, à la veille de la Révolution française, est une cité fortement marquée par le fait religieux « Aussi, appeler Dinan, cité des clochers est aussi légitime que dire Dinan ville fortifiée avec ses remparts. Ce constat est encore plus flagrant avant la Révolution si l’on se réfère aux propos d’un

voyageur anonyme en 1635 » annonce Simon Guinebaud. De même, un croquis inédit de Dinan tiré d’un médaillon daté de 1754, et qui montre une vue de Dinan lors de la 3e tournée militaire du Marquis de Paulmy, atteste du nombre important de clochers de la ville : la Tour de l’Horloge, la basilique Saint- Sauveur, les chapelles SainteCath­erine, Vercel, des Ursulines, du couvent des Cordeliers, des Clarisses, de Notre-Dame-del’Hôpital et l’église Saint-Malo !

Dinan scindée en deux paroisses

Un document rare publié en 1897 par le docteur Paul Aubry, décrit 75 ans de l’histoire religieuse de Dinan de 1711 à 1786. Il dresse une synthèse de la situation du clergé avant la Révolution.

À l’origine, l’église Saint-Malo extra-muros (emplacemen­t actuel de la chapelle Saint-Joachim) était l’église primitive des seigneurs de Dinan. La ville sera divisée ensuite en deux paroisses en 1124 : Dinan Nord avec SaintMalo et Dinan Sud avec SaintSauve­ur, cela jusqu’en 1264. Les deux paroisses font l’objet de rivalités entre les deux familles seigneural­es qui les dirigent, les Rohan et les Monfort.

En 1488, sous le règne du Duc de Bretagne François II, l’église paroissial­e Saint-Malo à l’extérieur des remparts, est démantelée pour être reconstrui­te à l’intérieur de l’enceinte afin de mieux assurer sa protection. La nouvelle église Saint-Malo, l’actuelle, possède toujours la plus grande nef des églises des Côtes d’Armor. Du côté de saint-Sauveur, c’est la Fabrique qui porte seule la rénovation. En 1423, la constructi­on de la chapelle pri- vée Henri Le Feuvre (disparue aujourd’hui), amorce le programme architectu­ral de la vieille église. Ces programmes architectu­raux seront loin d’être achevés à la Révolution. (Fabrique : dans la France du Moyen Âge et de l’Ancien régime, groupe de clercs ou de laïques administra­nt les biens d’une église).

La ville aux sept couvents et huit ordres

Dinan compte quatre couvents à la fin du XVe siècle : les Trinitains, les Clarisses, les Dominicain­s, les Cordeliers. Mais la ville très riche et dynamique, en plein essor économique attire les ordres mendiants. Ces derniers savent que leurs établissem­ents peuvent y fonctionne­r. En 1620, les Ursulines installent un monastère, les Capucins arrivent en 1621 et s’implantent en extérieur, puis les ordres réformés en 1631 : les Bénédictin­es et les Dominicain­es. Ces communauté­s religieuse­s occupent 10,10 ha de l’intra-muros à la moitié du XVIIIe siècle sur les 30 ha superficie totale de la ville.

Baisse d’influence du fait religieux

À la veille de la Révolution, le fait religieux rayonne moins. Les édiles dinannaise­s se désintéres­sent petit à petit des cérémonies religieuse­s très nombreuses jusque-là. Les rivalités entre les deux paroisses pour les cérémonies particuliè­res et les rivalités aussi entre le clergé séculier et le clergé régulier, dont l’unité n’est qu’apparente, y sont pour quelque chose. Les Dinannais opposent l’aisance financière du clergé régulier aux difficulté­s à vivre du clergé séculier. On compte 27 prêtres séculiers en 1790 contre 130 religieux et religieuse­s. Les quatre couvents masculins fermeront en 1791. La Révolution et son corollaire passent par là : le pays de Dinan compte 58 paroisses en 1790, elles ne seront plus que 28 en 1792. Conclusion : Malgré la Révolution, la suppressio­n des Ordres religieux et la vente des biens du clergé, le fait religieux ne disparaît pas de Dinan. Le XIXe siècle voit même un regain de ferveur pour lui, qui va permettre notamment de restaurer l’église Saint-Sauveur et la poursuite des travaux de l’église Saint-Malo. De nos jours, le Religieux accompagne toujours la ville dans son évolution moderne, en atteste la bibliothèq­ue-médiathèqu­e qui a pris la place du Couvent des Dominicain­es.

Agenda : prochaine conférence le 11 décembre, à 15 h au théâtre des Jacobins, sur le thème 1489-1598 : le premier siècle de constructi­on de l’église Saint-Malo.

 ??  ?? 1) Plan de la ville scindée en deux paroisses à partir du 12e siècle, Saint-Malo au Nord et Saint-Sauveur au Sud. 2) Croquis daté de 1754 sur la ville à la dizaine de clochers (Vue de Dinan depuis le haut de la chapelle Sainte-Anne, venant de Brest)....
1) Plan de la ville scindée en deux paroisses à partir du 12e siècle, Saint-Malo au Nord et Saint-Sauveur au Sud. 2) Croquis daté de 1754 sur la ville à la dizaine de clochers (Vue de Dinan depuis le haut de la chapelle Sainte-Anne, venant de Brest)....

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