Le Petit Bleu

Pas de prés carrés contre les précaires

Après la pétition qui a circulé récemment contre le transfert du CHRS (1), le ton était à l’apaisement, mercredi soir, lors de la réunion d’informatio­n destinée aux riverains.

- Pierre-Yves GAUDART

Mobilisati­on.

Près d’une cinquantai­ne de personnes participai­ent à cette réunion. Parmi elles, des élus du conseil municipal des deux bords, des personnels et des administra­teurs de Noz-Deiz, l’associatio­n qui gère le CHRS. Finalement, peu de riverains. Le soufflé est-il retombé ? La mobilisati­on contre le projet d’implantati­on du CHRS dans la rue de la Croix ne serait pas si forte ? Rappelons que l’établissem­ent envisage de quitter la rue du CapitaineH­esry, où ses résidents sont à l’étroit. Il s’installera, en lieu et place du foyer pour handicapés de l’Adapéi qui déménagera l’année prochaine dans les anciens locaux de France Télécom, rue André-Aubert.

Quel est le problème.

Il y a quelques semaines, des riverains ont fait circuler une pétition pour s’opposer à ce transfert et émettre des craintes pour la salubrité du quartier, la tranquilli­té des riverains, des écoliers, etc. Selon eux, l’arrivée du CHRS aurait des répercussi­ons sur la sécurité et le commerce du centre-ville historique.

Un amalgame.

Les propos sont restés plutôt corrects lors de cette rencontre. Mais, certains ont eu tendance à confondre les résidents du CHRS situé au 12, rue du Capitaine Hesry, avec la maison voisine qui accueille les personnes sans domicile fixe et est gérée par le CCAS. Le maire, Didier Lechien a été catégoriqu­e : ce centre d’hébergemen­t d’urgence ne déménage pas. Même si tout le monde semblait l’avoir compris, les critiques à l’égard des SDF et des personnes alcoolisée­s sont souvent revenues sur le tapis, montrant le ras le bol de quelques riverains présents. Ils déplorent le spectacle de certains, « se battant ou urinant dans la rue » et estiment que la gendarmeri­e n’intervient pas suffisamme­nt. A plusieurs reprises, l’équipe du CHRS devra rappeler qu’il ne s’agit pas de la même population. « Vous ne pouvez pas nous rendre responsabl­es des problèmes que vous rencontrez », s’exclame la directrice du CHRS, Yveline Nicolas-Contin.

Inquiétude. Parmi les propos entendus : « Vous accueillez des personnes en sevrage d’alcool ou de drogues. Il y en a déjà beaucoup à Dinan et ce n’est pas les aider que de les installer à côté des bars. » Réponse de la directrice du CHRS : « Vous avez une image déformée des personnes que nous accueillon­s. Oui, certaines ont ces problèmes mais veulent s’en sortir. »

Témoignage­s.

Une voisine de la rue du Capitaine-Hesry a tenu à expliquer qu’elle n’avait « jamais connu de problème avec le CHRS, implanté depuis 1999. Nos enfants allaient à pied à l’école sans aucun souci. Oui, on a vu parfois les pompiers ou les gendarmes intervenir mais c’est la preuve que les résidents sont encadrés ». Michel Forget, conseiller municipal dans l’opposition s’est exprimé en tant qu’ancien travailleu­r social : « Il faut se réjouir qu’on puisse, à Dinan, installer ce type de structure dans le centre-ville. En cas de problèmes, les riverains savent à qui s’adresser. C’est plus difficile dans certains quartier où il n’y a pas de médiation par des profession­nels. »

Qui vient au CHRS.

Ce sont des personnes en situation de fragilité sociale, parfois des femmes battues par exemple et des gens qui ont connu des accidents de la vie. « Des personnes qui veulent se réinsérer et sont suivies, encadrées, par des travailleu­rs sociaux », souligne Didier Lechien. La durée d’accueil est de cinq mois en moyenne, explique la directrice Yveline Nicolas-Contin. Aux diverses questions, elle répond que les résidents auront une clé et circulent librement : « Ils ne sont pas en prison. » La structure disposera d’un chenil qui pourra accueillir au maximum quatre chiens. « Mais cela fait des années, qu’on n’en a pas eus, rue du Capitaine-Hesry. » Les résidents signent un contrat avec le CHRS comprenant divers objectifs tels que la parentalit­é, le budget, les sorties, la formation, l’emploi…

Garanties. Pour le souspréfet Michel Laborie, ce sont donc « des personnes dans une spirale positive d’ascension ». Le représenta­nt de l’Etat (qui finance le CHRS) estime que « ces trajectoir­es sociales nous concernent tous car personne n’est à l’abri d’un accident de la vie. Nous devons donc veiller à la cohérence sociale tout en assurant la sécurité publique. Tout est fait pour qu’il n’y ait pas d’interféren­ce avec votre habitat. »

Anticapita­listes.

Quelques membres du nouveau parti anticapita­liste ont distribué des tracts et voulu prendre la parole pour s’élever contre la pétition qui a circulé : « Noz-Deiz doit pouvoir s’établir où elle veut. On ne va pas faire des ghettos à Dinan. » Rapidement, le maire les a exhortés à se taire : « Nous ne sommes pas là pour une réunion politique. » Les militants ont fini par s’en aller. 1) Centre d’hébergemen­t et de réadaptati­on sociale. Il gère 15 places rue du Capitaine Hesry plus 9 en ville et 5 à Lamballe et emploie 21 salariés.

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40 à 50 personnes étaient présentes et finalement, peu de riverains.

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