Une amitié qui déraille
La troupe dinannaise du Théâtre de l’If revient dans une pièce de Nathalie Sarraute, « Pour un oui ou pour un non ». A voir ce dimanche au théâtre des Jacobins.
Dans leur nouvelle pièce, Jean-Claude Le Maître et Raymond Houssay donnent corps à une amitié qui déraille. En vrai, la leur a plutôt bien tourné. Ces deux complices du Théâtre de l’If, à Dinan, étaient de l’aventure du « Vent des peupliers ». Une « sacrée aventure » partagée avec Jean-Claude Manceau, malheureusement décédé l’an dernier. Dans cette oeuvre de Gérald Sibleyras, tous les trois campaient des « vieux » rêvant de s’échapper de leur maison de retraite. Le succès aidant, ils en ont donné 53 représentations !
Cette fois, Jean-Claude et Raymond partagent la scène avec Christine Cornélis, dans « un rôle court », « celui d’une voisine que les deux protagonistes prennent à témoin ». Car « Pour un oui ou pour un non » est centrée sur ces deux hommes qui « déballent tout ». Au départ, « l’un d’eux vient demander à son ami pourquoi il ne vient plus le voir. L’autre lui répond que c’est parce qu’une fois, il lui avait dit, ’c’est bien… ça’. Et le ton, condescendant, ne lui avait pas plu ».
Il suffit de peu, parfois. De l’accent qu’on met sur la fin d’un mot, d’une pause un peu trop longue, peut naître le malentendu. C’est tout le sujet de la pièce, « ce décalage entre ce qu’on veut dire et la perception qu’en ont les autres ». « Tout le monde peut se retrouver là-dedans », note Christine Cornélis, qui assure aussi la mise en scène, avec Bruno Picot. « Ce n’est pas une pièce spectaculaire avec des portes qui claquent, convient Raymond Houssay. Ça n’est qu’une conversation, mais il se passe beaucoup de choses, subtiles. Et le public se pose beaucoup de questions. Pour nous, c’est très intéressant à jouer. Il s’agit de faire passer le sous-texte, les non-dits. » Et cela passe par les attitudes, le corps, la main, le regard.
Cela fait environ trois ans que les comédiens dinannais travaillent sur cette pièce, qui est la plus jouée de celles qu’a pu signer Nathalie Sarraute. « Elle a été interprétée par Trintignant et Dussolier, également par Samy Frey et Jean-François Balmer, qui échangeaient de rôle tous les soirs. » C’est vrai que la pièce est sujette à différentes interprétations. « Certains voient dans les personnages les deux facettes d’une même personne », souligne Raymond Houssay. « On se demande aussi si ce n’est pas un jeu », ajoute Jean-Claude Lemaître. Au public de se faire son idée, désormais.