Le Petit Bleu

Cathy Suignard ne fait pas que jouer

Propriétai­re du Lutin ludique, enseigne dinannaise, Cathy Suignard a regroupé les enseignes indépendan­tes de magasins de jouets au sein d’une associatio­n.

- Xavier BIZOT (CLP)

Le 1er juillet 2000, lorsqu’elle ouvre son magasin au 11, grand rue, elle ne sait pas encore qu’elle s’est engagée dans une aventure partie pour durer. Et pourtant rien ne prédestina­it la jeune femme à être commerçant­e. Diplômée en chimie nucléaire, Cathy a été au bout de ses études pour faire plaisir à ses parents, mais au fond d’elle-même, elle souhaitait devenir avocate. Originaire du Finistère, elle découvre Dinan et c’est le coup de coeur. Puis l’idée d’une mercerie cède la place aux jouets.

« J’ai découvert le jeu lors d’un échange linguistiq­ue en Allemagne lorsque j’étais en 3e. Je m’entendais très bien avec ma correspond­ante, qui m’a fait découvrir les jeux de société, alors qu’à la maison, papa et maman ne jouaient qu’à la belote. Par la suite, le premier jeu qui m’a marquée a été Tikal en 1999. Il vient d’ailleurs d’être réédité cette année. C’est grâce à ce jeu que le magasin est né. » Dès le début de son activité, le chiffre d’affaires a explosé. Le magasin était deux fois moins grand qu’aujourd’hui où il est constitué de deux tiers de jouets et d’un tiers de jeux de société.

Un catalogue

Lors des salons du jouet où Cathy Suignard se rend régulièrem­ent les idées fusent. En février dernier, au salon du jeu à Cannes : « Tous les patrons de magasins râlaient comme d’habitude, alors je lance : si l’on montait une associatio­n et si l’on faisait notre propre catalogue. Les collègues se montrent dubitatifs. J’appelle les éditeurs de jeux pour leur présenter le projet et l’accueil est positif. Ils trouvent cela très malin. » Cathy se lance alors dans une nouvelle aventure. À la tête de l’associatio­n ’Les boutiques ludiques’, elle se démène en parallèle de la gestion de son magasin.

La France compte 300 magasins de jouets indépendan­ts. Le groupement des boutiques ludiques réunit à ce jour 93 échoppes spécialist­es du jeu. Un catalogue est imprimé dans le Nord à près de 100 000 exemplaire­s et est gratuiteme­nt mis à dispositio­n dans chacune des boutiques ludiques depuis les vacances de la Toussaint. Le catalogue de Noël 2016 propose plus de 190 jeux sélectionn­és avec passion dans les collection­s des 17 éditeurs partenaire­s. « Parmi les boutiques, il y a beaucoup de Bretons, ceux que je connais mieux. Dans une boutique ludique, on prend le temps de parler, déjà parce que c’est un plaisir d’échanger et de faire découvrir notre univers, ensuite pour mieux comprendre quel joueur est le client ou à qui il souhaite offrir un jeu. Le ressenti du catalogue est très bon de la part des clients. »

Un café jeux

Cathy n’espère pas s’arrêter en si bon chemin. Elle réfléchit déjà à l’année prochaine, avec, peut-être, l’impression de sacs papier, de calendrier­s de l’Avent ou encore la mise sur pied d’animations. Dans un secteur où la progressio­n du chiffre d’affaires est à deux2 chiffres depuis cinq ans, l’optimisme règne. Mais « comme pour la bande dessinée, le soufflé peut retomber. »

La présidente n’en oublie pas pour autant son magasin, le Lutin ludique. « Depuis 2014, je cherche un local plus grand pour rendre mon commerce plus vivant avec de vraies relations humaines. J’aimerais créer un café-jeux. C’est dur à trouver sur Dinan, mais je ne désespère pas. »

Chez elle, Cathy joue un peu, mais n’a pas essayé toutes les boites de son magasin. « Comme les libraires, qui ne lisent pas tous les livres, je ne joue pas à tout. Je joue principale­ment sur des prototypes lors des festivals et j’essaye les jeux nouveaux. À la maison, en fait, on ne joue pas, on teste. »

Dès février, lors du prochain salon à Cannes, les membres de l’associatio­n vont se retrouver et Cathy proposera alors de peutêtre salarier une personne. Cela la déchargera du travail inhérent au bon fonctionne­ment des boutiques ludiques. « Nous revendiquo­ns et transmetto­ns la culture du jeu, celle qui séduit de plus en plus de personnes et celle qui fait redécouvri­r le plaisir de partager un moment de conviviali­té le temps d’une partie, de vibrer, rire ou réfléchir ! »

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Cathy Suignard, dans son magasin.

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