J’ai vu le Père Noël en personne !
Claude Jouanne, 81 ans, originaire de la Ville Escutté en Plouane, boulanger en retraite, devenu plus tard le « Poète-boulanger » se souvient de son Noël 1943, où il est certain d’avoir vu le père Noël, en personne.
Le 24 décembre 1943, en pleine occupation allemande, à la fin de l’après-midi, il neigeait plutôt fort. Le petit Claude, âgé de 5 ans, voit un grand bonhomme, couvert de neige, avec une grosse moustache, entrer dans la boulangerie de ses parents, accueilli par sa mère. Il en est immédiatement certain : c’est le Père Noël ! Il lui saute au cou : « Cette année, Père Noël, je voudrais autre chose qu’une orange ! » s’exclamet-il.
Le colosse, engoncé dans une capote de laine kaki, sourit à l’enfant, mais ne le détrompe pas quant à sa véritable identité. C’est en réalité un prisonnier de guerre, nommé André Frin – Claude l’apprendra bien plus tard - originaire du bourg d’Irodouer. Il a été placé de force dans une ferme en Allemagne et en cette fin du mois de décembre 1943, il savoure une permission, qui vient égayer sa douloureuse condition de prisonnier vaincu, d’une armée défaite. La méprise du garçonnet, lui réchauffe le coeur, lui qui n’a pas encore d’enfant et qui est contraint de vivre dans une famille étrangère, loin de chez lui.
Pour le jeune Claude, à l’imagination fertile, cet uniforme militaire ne peut être que celui, officiel de ce père Noël, qui aime tant les enfants. En cette triste période d’occupation de la France, où la grisaille règne, il n’y a guère de « couleur rouge » dans la tenue vestimentaire ordinaire, fût-ce celle de ce « bonhomme-Noël ». « Pourtant, malgré ma supplique appuyée, comme chaque année, je n’ai rien eu d’autre qu’une… orange » se souvient encore Claude, plus de 75 ans plus tard, un brin nostalgique malgré tout.