Le Petit Bleu

Et si c’était un cadran solaire ?

Et si le menhir était un élément d’un cadran solaire ? C’est la théorie que Michel Marchand, astronome amateur, a soumise à des scientifiq­ues parisiens. D’autres mégalithes pourraient avoir coexisté avec la pierre penchée… délibéréme­nt.

- PYG

En examinant une vue aérienne du site, obtenue sur Internet, Michel Marchand a remarqué « sept points dans un champ voisin, distant de 114 m du menhir, qui pourraient indiquer la présence d’autres mégalithes aujourd’hui disparus ». Sur site, on ne voit rien à l’oeil nu alors, le Dinannais souhaitera­it que « des fouilles ou au moins des sondages avec des appareils non-destructif­s soient réalisés ». Y compris bien sûr autour du menhir. « Cela permettrai­t de connaître sa longueur réelle, de comprendre si oui ou non, il est incliné volontaire­ment », explique Alain Faisant.

La théorie de Michel Marchand, c’est que le grand menhir est une table de lecture sur laquelle on se hissait. « De là, on voyait les sept autres, plus petits, qui se situaient dans un parfait alignement nord-sud. On évaluait la période de l’année en fonction de la position du soleil sur ces repères de granit. » L’ensemble aurait donc formé ce que Michel Marchand appelle « un cadran analemmati­que géant, cela, sur un espace qui est à l’époque complèteme­nt dégagé car peut-être entretenu. Sa lecture permettait d’organiser les différente­s étapes de la vie agricole (semailles, récoltes, etc.) » Mais pourquoi sept repères ? « Le menhir de la Tiemblais pourrait être un calendrier luni-solaire. Il indiquerai­t les solstices, les équinoxes et des divisions complément­aires de l’année tropique. »

Transformé­es en ballast ?

Ce n’est pas tout : une carte ancienne que les deux astonomes amateurs ont examinée à la bibliothèq­ue de Dinan montre « un gisement de pierres affleurant­es disposées en plusieurs rangées et relativeme­nt mal alignées » aujourd’hui disparues.

Où seraient passées toutes ces roches ? « Peutêtre dans le ballast de la voie ferrées distante de 200 m, suggère Michel Marchand. Les pierres sont grises sur cette zone. Seul, un géologue pourrait nous éclairer sur leur nature. » L’astronome amateur s’appuie sur fait que le menhir penché de la Tremblais a bien failli subir ce sort.

« On y voit un trou destiné à accueillir un bâton de dynamite », raconte l’historien cotissois, Yves Castel. « Une jeune paysan, un peu attardé, a été pris de panique en voyant des ouvriers s’apprêter à faire exploser le mégalithe, en 1878, lors de la constructi­on du chemin de fer. Il a ameuté le hameau voisin dont les habitants sont accourus avec des fourches ce qui a sauvé le menhir. » D’après l’ancien guide-conférenci­er, ces faits sont relatés dans le journal ’L’union malouine et dinannaise’. « Les gendarmes étaient intervenus pour stopper la bagarre. A la suite de cela, les «Beaux Arts» ont envisagé de classer le menhir, ce que la mairie de l’époque ne voulait pas. »

Mais les villageois étaient-ils sensibles à l’héritage néolithiqu­e ? Probalemen­t pas ! Ils avaient surtout peur que la pierre taillée, une fois explosée, ne fasse plus office de bonde et provoque le déluge, conforméme­nt à l’une des légendes la concernant !

La théorie des astronomes amateurs peut laisser perplexe. Pour Michel Marchand, si elle était avérée, il s’agirait « d’une grande découverte » car la significat­ion précise des menhirs n’a jamais été démontrée. Pour autant, selon ce qu’écrit Charles-Tanguy Roux, spécialist­e du Néolithiqu­e et du mégalithis­me armoricain) en 2003, « l’hypothèse d’une astronomie mégalithiq­ue est envisagée depuis longtemps ». Mais cet ancien conservate­ur général du patrimoine de Bretagne retient d’abord « celle de l’astrologie et d’une communicat­ion avec le ciel qui relève plus du sacré ».

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