Un blockhaus redécouvert près du Frémur
A Tréméreuc, un agriculteur a récemment trouvé un blockhaus - et des munitions à l’intérieur - dans un champ à proximité du Frémur. Il faisait partie du Mur de l’Atlantique édifié par les Allemands durant la Seconde guerre mondiale.
L’histoire remonte à fin 2016, lorsque Marc Chomel, agriculteur, achète un champ, près des rives du Frémur. « J’avais entendu parler d’un blockhaus sur ce terrain, mais sans plus. C’est en regardant plus attentivement dans un tas de broussailles que j’ai vu une cheminée. »
Le nouveau propriétaire entreprend alors de dégager ces broussailles pour en avoir le coeur net et trouve effectivement un blockhaus, mais aussi des munitions. « M. Chomel nous a contactés début janvier afin de connaître la marche à suivre dans un tel cas. Nous nous sommes déplacés, avons trouvé des munitions dans les regards du blockhaus, et nous avons pris contact avec les démineurs de Brest afin qu’ils neutralisent les lieux », explique l’adjudant Johan Vallery, de la brigade de gendarmerie de Beaussais-sur-Mer.
Un blockhaus « 504 »
Le blockhaus de type 504, telle est la référence de ce bâtiment, possède plusieurs particularités comme le souligne Julien Rabstejneck, membre de l’association Bunker archéo Armor. « Chaque blockhaus a son utilité. Ici, il accueillait non seulement un canon, mais aussi un garage pour ce canon et un autre local pour y loger les troupes. Il a aussi servi à abriter une radio », explique le passionné dont l’association a pour objectif d’étudier ces bunkers et blockhaus entre SaintMalo et Cap Fréhel.
Il poursuit : « Ce blockhaus a une autre particularité, un mur en pierres, monté par les Allemands avec un tobrouk accolé. Autour, il y a aussi plein de petits abris. » Le rôle de ce blockhaus est de protéger les bords du Frémur : « Il avait deux fonctions, protéger l’arrière de l’aéroport de Pleurtuit et la fin de la ligne de défense de la forteresse de Saint-Malo. Il fait partie de ce que l’on nomme le mur de l’Atlantique. » Ce système de fortifications côtières, construit par le Troisième Reich pendant la Seconde Guerre mondiale, visait à empêcher une invasion du continent par les Alliés.
Tréméreuc a de nombreux blockhaus. Celui-ci est, du reste, le dernier à avoir été habité comme le confie André, employé communal. Mais, des 504, il y en a légion dans la région. « A Tréméreuc, il y en a deux, trois sur Pleurtuit, deux également sur Saint-Briac, deux dans le centre de Saint-Lunaire, et au moins quatre sur Dinard », souligne Charly, un Tréméreucois dont le père est féru d’histoire et qui a transmis sa passion à son fils.
Charly s’est intéressé de près aux blockhaus et a du reste eu l’occasion de rentrer dans le 504. Le numéro de code de l’ouvrage est 572, soit le 572e blockhaus redécouvert du secteur Ra (pour Rance). « J’ai conseillé le propriétaire sur la façon de le dégager au mieux », précise Charly qui confirme les propos de Julien. « Il a effectivement servi de relais radio à la position, mais ce blockhaus n’est pas celui le plus situé en hauteur, il en existe un autre qui servait d’infirmerie, caché dans un bois. Ce 504 possède deux puits d’antennes télescopique, et était équipé d’un poste radio de type Torn Fu B1, ou torn Fu Fu f, qui en cas de rupture des lignes téléphonique pouvait aisément communiquer avec les autres positions, jusqu’à Cézembre pour demander un soutien d’artillerie. »
Reconversion dans les champignons
Ce pan du patrimoine va perdurer, puisque le nouveau propriétaire va en avoir l’usage dans le cadre de son activité : le blockhaus va devenir champignonnière, une bien jolie reconversion ! Cela ne sera pas, a priori le sort que connaîtra un autre 504, dans le centreville de Saint-Lunaire, menacé de destruction pour un projet immobilier.