Un sujet qui fait débat
Après le budget, le dossier sur la sécurité était le gros morceau du conseil municipal mardi 14 février. Comme nous l’indiquions la semaine dernière, la Ville recrute deux policiers municipaux supplémentaires, va équiper trois sites de caméras de surveillance et acheter deux radars mobiles pédagogiques.
La question des caméras a fait débat malgré les trois conseils à huis clos qui s’étaient tenus à ce sujet. 14 seront réparties sur trois sites : quatre rue de la Cordonnerie et du Petit Pain ; cinq sur le parking extérieur de l’hôtel de Ville et cinq autres à la gare. A cela s’ajoute le remplacement des caméras du parking souterrain de l’hôtel de ville. Trois membres de l’opposition ont voté contre et trois autres se sont abstenus face a une majorité qui était unanimement pour.
« Des humains plutôt que des caméras »
Stéphanie Missir s’est montrée la plus offensive. L’élue Front de Gauche estime que leur rôle ne peut être qu’infime puisque Dinan souffre plus d’incivilités que de délinquance. D’autre part, bon nombre d’atteintes aux individus sont des violence intra-conjugales : « Va-t-on devoir mettre des caméras dans les maisons pour résoudre ce problème ? » a-t-elle demandé, poussant son raisonnement vers l’absurde : « Il faudrait en mettre partout puisque le sentiment d’insécurité est répandu sur l’ensemble de la ville. D’ailleurs, on remarque que les délits se produisent parfois à des endroits inattendus. » » Selon elle, « disposer ces caméras à certains endroits aura un effet plumeau : la délinquance se déportera ailleurs ». L’écologiste Michel Forget la rejoint sur ce sujet. Il s’étonne qu’ « il n’existe aucun chiffre » sur les trois sites dits sensibles où seront implantées ces caméras : gare, parking de l’hôtel de ville, rues de la Soif. Et s’interroge sur le rôle précis de la vidéosurveillance: « Pourquoi visionner a posteriori ce qui est sanctionnable par la loi ? » (les vidéos ne seront consultées que sur réquisition du procureur et effacées tous les 20 jours). Il compare le coût de l’équipement (157.000€ plus une maintenance annuelle de 8.000€) et celui d’un policier municipal : 35.000€ par an, convaincu que l’humain sera plus efficace. « Sans oublier qu’on n’a pas chiffré le coût de la signalétique de cette installation, la formation, les dossiers à monter auprès de la CNIL… », ajoute Stéphanie Missir.
« Une boîte à outils »
Jean Gaubert est moins radical sur le sujet puisqu’il s’abstiendra. Mais il s’étonne que les caméras du secteur de la rue de la Soif et du parking des petits fossés portent aussi vers le Trou au chat où il n’a pas connaissance de problèmes. Quant aux comportements agressifs que lui-même a constatés à la gare routière où se pressent les scolaires pour prendre le car, il n’est pas convaincu que des caméras y changeront quoi que ce soit. « D’autant plus qu’il faut porter plainte pour envisager un éventuel visionnement des images », rappelle Anne-Cécile Briec.
Côté majorité, plusieurs élus comme Didier Déru, Anne-Sophie Guillemot ont avoué qu’ils étaient autrefois
dubitatifs sur le sujet avant de changer d’avis.
Didier Déru estime que « c’est l’ensemble du dispositif (police et caméras) qui permettra de vivre dans une ville
plus calme car il ne faut pas le nier, le trafic et le racket y
existent réellement ». Lui se dit partisan d’un allongement dans la journée de la présence de la police municipale dans les rues.
Maxime Sachet qui présentait le dossier avec Bernard Lagrée précise qu’ « il faut voir ces mesures comme une boîte à outils. Elles ne vont pas sans l’autre. Avec les caméras, le passage à l’acte sera plus difficile ».
Pas de déploiement
Un exemple donné par Didier Lechien : certaines personnes qui sortent de la navette affrêtée par une boîte de nuit, à la
gare, « posent des problèmes, dégradent les véhicules, ce qui ulcèrent les riverains. Les caméras peuvent être utiles mais nous ne sommes pas favorables à une généralisation de ces équipements sur l’ensemble de la ville ».