La librairie centenaire tire la révérence
Après un siècle d’activité, la librairie religieuse Saint-Yves de la Grand Rue a définitivement baissé le rideau le 30 janvier dernier.
Triste faire-part au 9 Grand Rue. « Le Bon Dieu me pardonnera de fermer une librairie religieuse ! » sourit Jean-Jacques Dumont, son propriétaire.
Il faut remonter les cent dernières années pour arriver aux racines de la librairie Saint-Yves. Et même encore un peu au-delà. Car avant que Mademoiselle Boutrais y pose ses cartons de livres, le local était une ciergerie tenue par deux religieuses qui habitaient à l’arrière de la boutique. « À la guerre de 14, ça marchait très bien ! les femmes des soldats brûlaient une certaine quantité de cierges pour demander leur retour » explique Jean-Jacques.
Après Mademoiselle Boutrais, deux autres femmes se sont succédé aux commandes. Et puis en 1996, Jean-Jacques Dumont a tenté un pari un peu fou. L’homme, employé dans la pharmacie vétérinaire, a choisi de rebondir sur un licenciement. Habitant de Saint-Brieuc, il a racheté le commerce dinannais et l’a tenu pendant trois ans. « Je faisais l’aller-retour tous les jours. » raconte-t-il. Jusqu’à ce qu’il déniche Josiane, qui va s’occuper de la librairie pendant 15 ans.
« Au départ, on ne vendait que du religieux, et puis on s’est diversifié dans le général. » explique le gérant. Il faut dire que les articles religieux ne faisaient plus vraiment recette. « En 20 ans, on a divisé nos ventes de livres de caté par 20 ! ».
Avec un peu de littérature dans les rayons, la librairie SaintYves avait sa clientèle fidèle « mais pas assez nombreuse » déplore Jean-Jacques, un peu amer tout de même de tirer un trait sur son affaire. « Je ne l’ai pas menée comme je l’aurais voulu. J’aurais bien passé la main plutôt que de la liquider. »
Pour sa librairie au grand âge, il espérait une fin digne.
Aujourd’hui vidée de tous ses livres, crèches, cierges et icônes, la librairie Saint-Yves attend un repreneur. Le propriétaire ne sait pas encore ce qu’elle deviendra. « Une galerie irait très bien ici » indique-t’il en balayant du regard ses 40 m² vacants.
Josiane la vendeuse se retrouve licenciée. Et c’est un peu dur. « Les quinze derniers jours ici, on a beaucoup pleuré. Les clients vont la regretter. Il faudrait que les libraires reprennent ça, et Josiane avec. Elle connaît les clients, les fonds et les représentants, elle leur apporterait du monde ! »
Jean-Jacques, lui, va se concentrer sur son second bébé, une librairie religieuse à Saint Brieuc qu’il a racheté en 2000. « Celle-là, je vais essayer de la sauver ! Que voulez-vous… je ne finirai pas comme Steve Jobs ! » s’amuse le propriétaire, qui malgré tout ne regrette pas l’aventure.