Jean-Yves Ruaux a Dinan sur le bout des doigts
Un personnage aux multiples facettes, tel est l’ancien journaliste dinannais, qui a bourlingué aux quatre coins du monde. Il reste très attaché à la cité qui l’a vu naître et à laquelle il a consacré pas moins de 500 visites guidées.
« 500 visites, 50 ans, 5 h ! Voilà pour la presse, c’est un bon titre, non ? » Même en retraite, Jean-Yves Ruaux, ne se refait pas. Il a toujours le journalisme chevillé au corps, mais pas seulement. Samedi, il a consacré sa journée à faire découvrir la cité dinannaise à une trentaine de membres d’Accueil des villes de France de Saint-Malo. « C’est en comptant rapidement, au moins la 500e visite de Dinan que je pilote et le 50e anniversaire de la première visite de Dinan que j’ai pu animer, ayant débuté dans la vie professionnelle comme guide à l’office de tourisme de Dinan en 1967. »
Les Malouins massés sur la place du duc Jean IV devant la porte du Guichet sous le château pour une visite un peu particulière puisqu’elle va durer 5 heures, n’en croient pas leurs oreilles. Il faut dire qu’ils ne connaissent pas encore le personnage. « J’ai débuté les visites lorsque j’avais 15 ans, alors que l’office était encore dénommé syndicat d’initiative, se situait rue de l’Horloge et était dirigée par le commandant de dragon en retraite, Raymond Bigorre. Lors des premières visites de la ville, les commentaires sur bandes étaient assurés avec la voix de Roger Vercel. À l’époque, il n’y avait qu’un ou deux guides. »
Journaliste
« Durant mes premières visites, je travaillais en semibénévole. On avait une petite indemnité et le reste était en pourboire. Cela fonctionnait très bien. C’est ainsi qu’en un mois de visite, j’ai pu me payer un Solex que j’avais acheté chez Scardin. Mes copains, qui transbahutaient des caisses à la brasserie de la Rance étaient jaloux. En 2 heures, je gagnais ce qu’ils pouvaient avoir en 8 heures. »
Tout en continuant les visites guidées, Jean- Yves Ruaux se dirige vers le journalisme. Il rencontre Georges Cornélis, qui était chef de rédaction d’OuestFrance, fait des piges et rentre à l’école de journalisme de Lille. Il sillonne alors la France en travaillant à Ouest-France, à l’Est Républicain, travaille à Bonnes Soirées et même à Télé Matin sur France 2. Durant quelques années, il sera en Corée du Sud, précise-t-il. « Si j’avais été au Nord, je ne vous parlerais sûrement pas, on m’aurait pris pour un espion. »
Tiens, tiens, des souvenirs reviennent à la surface. « Je me rappelle d’une visite où j’ai guidé à travers la ville, très certainement une assemblée d’anciens des services secrets. Des personnes très discrètes, mais une ou deux m’ont laissé entendre qu’elles n’étaient pas réellement de la police, ni diplomates, mais quelque chose d’approchant. Une autre fois, j’ai guidé une troupe de personnes d’un congrès impliquées dans la littérature du XVIIIe siècle. Ils étaient tous obsédés par Duclos-Pinot, qui était francmaçon. »
Des ouvrages
Jean-Yves Ruaux sera aussi professeur en journalisme et communication à Rennes. À son actif, plusieurs ouvrages publiés dès 1989 sur Dinan, sur Léhon ou encore sur Saint-Malo et de nombreux articles dans La Pays de Dinan, la publication de la bibliothèque municipale. Ne manquant pas de projets, celui qui est également conférencier lors de croisière (de Singapour à Marseille en passant par l’Inde, les Antilles en passant par Gibraltar, ou encore le Groenland), va dans les prochains mois sortir un livre collectif sur Monseigneur Duchesne, un anticlérical de Saint-Servan et membre de l’Académie française.
Ce destin exceptionnel, lui a d’ailleurs donné l’idée d’écrire un second livre, un polar sur ce brave homme. Un livre sur la cuisine coréenne pour les enfants est également en gestation et Jean-Yves Ruaux prépare un article sur la sociologie de Dinan dans les années 1960 qui sera publié dans le Pays de Dinan. Aujourd’hui résidant entre Saint-Malo et Paris, celui qui a aussi écrit dans le Petit Bleu, est à nouveau prêt à faire des visites de la ville si on lui demande, car il n’est pas lassé de son amour pour Dinan.