Le Petit Bleu

« Lechien soutient la gauche »

Il y a du tirailleme­nt entre les deux Didier qui vont probableme­nt s’affronter aux législativ­es. Pas sûr que le moins bien placé adoube celui en tête au second tour. Pour l’heure, Didier Déru, du mouvement les Républicai­ns, soutient Fillon sans état d’âme

- Recueilli par Pierre-Yves GAUDART

Pourquoi soutenez-vous François Fillon à la présidenti­elle ?

Parce qu’il a été désigné par la primaire, parce que j’avais voté pour lui, parce qu’il va réformer le pays. Certes, il y a eu du tangage mais il a fait son examen de conscience. On peut aborder le sujet dans tous les sens, c’est lui qui a la clé pour conduire les Républicai­ns et il a été approuvé par l’unanimité du comité politique. Que dites-vous de ses tourments judiciaire­s ?

Par déformatio­n profession­nelle (Didier Déru est avocat), je ne m’exprime pas sur des dossiers que je ne connais pas. Je sais que des Français peuvent être choqués par des emplois familiaux. Mais on ne peut pas systématiq­uement exclure des gens au motif qu’ils seraient de votre famille ni les recruter pour cette seule raison. Personnell­ement, je serais jusqu’au boutiste, je n’ai jamais fait postuler mes enfants à la mairie de Dinan. Mais ce qui est reproché à François Fillon, ce sont d’éventuels emplois fictifs, pas d’avoir fait travailler des proches ?

Je ne sais pas, je ne commente pas une instructio­n en cours. Je ne crie pas non plus au complot mais je m’étonne de la précision chirurgica­le et du timing de ce dossier au cours de la campagne présidenti­elle. Vous avez manifesté au Trocadéro ?

Non, j’étais en déplacemen­t mais je l’aurais fait si j’avais pu puisqu’il s’agissait de soutenir le candidat et non pas de crier haro sur la Justice. Qu’est-ce qui s’est passé pour votre investitur­e des Républicai­ns aux législativ­es ? L’aviez-vous perdu au profit de Didier Lechien et de l’UDI ?

Je rappelle que je l’avais obtenue de la Commission Nationale en juin 2016. Elle m’a été renouvelée le 14 janvier par le conseil national des Républicai­ns qui, ce jour-là, entérinait la candidatur­e de François Fillon à la présidenti­elle. Après, l’UDI a fait pression pour que cette circonscri­ption soit réservée à Didier Lechien. Le maire de Dinan précise qu’il n’a rien demandé à titre personnel…

Oui, bien sûr, cela s’est fait à l’insu de son plein gré… Je ne faisais pas partie des discussion­s et j’ai appris qu’il y avait une investitur­e Républicai­ns-UDI pour la circonscri­ption de Dinan. Mais il aurait fallu un accord pour que ce soit le cas. Juridiquem­ent j’ai toujours l’investitur­e des Républicai­ns. Et vous aurez peut-être en face un Didier Lechien passé dans le camp de Macron. Vous le soutiendre­z s’il vous devance au premier tour ?

Je n’ai pas prévu de ne pas être en tête. Mais je constate que Didier Lechien est passé chez le candidat officieux du PS, soutenu par Delanoë et d’autres éléphants. Soutenir la plume de Hollande, ce serait compliqué pour moi. Au fait, Didier Lechien est candidat ou pas ? N’avaitil pas dit qu’il se serait déclaré au début de l’année ? En réclamant l’investitur­e UDI-LR, c’était explicite non ? Moi, je suis ma logique, je crois en certaines idées et souhaite des réformes. Qu’avez-vous pensé du sondage commandé par les centristes sur la circonscri­ption de Dinan ?

J’imagine qu’il a été fait pour permettre certaines négociatio­ns (les investitur­es) à Paris. Le sondage montre que je suis moins connu que Didier Lechien, ce qui n’a rien de surprenant, il est maire de Dinan. Mais les écarts qui le mettent en tête devant moi sont à relativise­r : compte tenu de la petitesse de l’échantillo­n, les différence­s sont minimes voire insignifia­ntes si on applique les marges d’erreur. De plus, les enquêtes d’opinion ont souvent été infirmées par la réalité, ces temps-ci… Vous semblez un peu remonté contre Didier Lechien que vous aviez rallié au second tour des municipale­s mais il vous a tout de même soutenu quand la 15e vice-présidence vous a été soufflée à Dinan-Agglo par la Gauche ?

(Rire). Cette 15e vice-présidence (Environnem­ent et prévention des inondation­s) ne m’avait pas été réservée, au départ, lors des négociatio­ns entre Droite au Gauche avant l’élection. J’avais demandé l’économie. Mais quand Gérard Berhault a perdu la présidence de Dinan Agglo contre Arnaud Lécuyer, il a exigé l’économie. J’ai appris en même temps que tout le monde qu’on me proposait alors la 15e viceprésid­ence que je n’ai finalement pas obtenue. Voilà l’histoire. Me voilà donc avec la délégation des finances auprès de la 1ère viceprésid­ente, une tâche que je mène avec intérêt. Vous présidez encore le pays de Dinan ?

Oui, il existe encore. Compte tenu du nouveau territoire, il va falloir procéder à de nouvelles élections pour… le dissoudre. Ce sont des contrainte­s juridiques. Ensuite, son actif et l’équipe (une dizaine de personnes) seront repris par Dinan Agglo.

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