Le grand Dinan a ses frondeurs
Quatre élus des minorités des deux conseils municipaux regrettent la précipitation et l’absence des citoyens dans l’union de Dinan et Léhon.
Ils sont quatre, Stéphanie Missir et Michel Forget à Dinan ; Franck Brault et Olivier Ségard à Léhon à déplorer la façon dont l’union entre Dinan et Léhon se met en place. Certes, ces élus participent aux groupes de réflexion (Lire page précédente). Mais ils estiment qu’à vouloir aller si vite, la commune nouvelle qui verra le jour le 1er janvier 2018 ne va pas suffisamment associer les citoyens et sera bâclée, tout le monde étant par ailleurs occupé à la mise en route de Dinan Agglo mais aussi par les élections.
« Il n’y a plus urgence à créer cette ville nouvelle puisque les délais qui permettaient de bénéficier d’une augmentation de la dotation de l’Etat (DGF) de 5% pendant trois ans sont dépassés. On ne peut plus y prétendre » , disent les quatre opposants. Ils auraient préféré que cette union prenne son temps afin d’associer les citoyens aux groupes de réflexion comme cela avait été le cas pour l’élaboration de l’agenda 21 à Dinan. « Nous avons demandé à trois reprises qu’on inscrive les citoyens aux groupes de travail. Cela peut exister des personnes non élues qui ont des idées et des compétences » , ironisent-ils. Selon eux, le questionnaire distribué dans les boites aux lettres des deux communes ne servira à rien car les jeux sont faits, l’union est virtuellement déjà scellée.
Des impôts pas si neutres ?
Surtout, dit Franck Brault, « le document fait les questions et les réponses » et certaines affirmations seraient fausses, à commencer par les questions fiscales. Selon lui, « le taux moyen pondéré de la taxe d’habitation des Léhonnais augmenterait de 16%. C’est ce que j’ai entendu dans l’atelier finances auquel je participe » , assure-t-il. (Lire la réponse ci-contre).
Pour Stéphanie Missir, « il aurait fallu associer enseignants et parents aux questions concernant les temps d’activité partagés ou encore la carte scolaire… «
Déjà, rappelle Michel Forget, « les précédents maires de Léhon et Dinan (Léo Carabeux et René Benoît) avait voulu accélérer l’union avant leur départ et avaient été retoqués par le sous-préfet. Là, c’est à nouveau la précipitation, alors qu’on aurait dû envisager une charte puis la soumettre aux citoyens et enregistrer leurs propositions. C’est un déni de démocratie pour un sujet aussi important que la création de leur ville nouvelle. »
Quel intérêt a cette union ?
Mais une ville nouvelle pour quoi faire, demandent au passage Olivier Ségard et Franck Brault qui semblent de moins en moins convaincus de son intérêt, amputée de Lanvallay, Quévert et Taden qui ont décliné l’invitation à s’y joindre. Léhon ne gagnerait rien, selon eux, dans cette union. « La commune ne sera plus en zone gendarmerie, il faudrait donc créer deux postes de policiers municipaux pour compenser. Où sont les économies d’échelle ?» En revanche, pour Dinan, engoncée dans ses 410 petits hectares, ce sont des possibilités de construire à nouveau, glissent-ils.
Une arrière pensée électorale ?
Et quel sera la dot apportée par Dinan à Léhon ? Peut-être le poste de maire à René Degrenne (actuellement maire de Léhon) si Didier Lechien gagne les lé- gislatives, suggèrent certains à demi-mot !
Aux yeux des quatre opposants, grossir à 15.000 habitants pour peser davantage au sein de la communauté d’agglo ne rime à rien : « Ça ne changera pas le nombre de sièges et puis, mieux vaut rééquilibrer les pôles (matignon, Plancoët, etc.) que vouloir prendre du poids. Il ne suffit pas de dire que c’est le sens de l’histoire pour convaincre ! »
Ils auraient donc préféré qu’une réflexion s’engage jusqu’en 2020 afin que les cinq communes, espérées pour construire le grand Dinan, soumettent un vrai projet de territoire, lors des municipales. Il est donc probable qu’ils ne voteront pas l’union à deux qui sera proposée au mois de juin : « Trop rapide et mal faite, elle risque de dissuader les trois autres communes de nous rejoindre. »