Le Petit Bleu

Jean Gaubert est toujours là

On prédisait qu’il ne resterait pas longtemps conseiller municipal, après sa défaite contre Didier Lechien. A 70 ans dont 40 de vie d’élu, Jean Gaubert est toujours là et présent dans les débats. Même si l’échec n’a pas été facile à digérer pour l’ancien

- Recueilli par Pierre-Yves GAUDART

Après votre échec à l’élection municipale, beaucoup pensaient que vous démissionn­eriez de l’opposition et retourneri­ez vivre à Pluduno. Ils se sont donc trompés ?

J’admets qu’après les municipale­s, la question s’est posée. Non pas parce que j’avais connu un échec mais parce que c’était ma fin de carrière d’élu, je ne préparais pas d’autres échéances ensuite. Mais des gens m’avaient fait confiance, ils méritaient que je m’investisse pour eux et pour la ville. Ma réflexion n’a donc pas été bien longue. Vous avez mal vécu cet échec ?

J’ai été déçu pour moi et pour les gens que j’avais entraînés avec moi. J’ai mal dormi les nuits qui ont suivi les deux tours de l’élection. Je suis mauvais perdant, même aux cartes ! Si j’avais dû prendre une décision le soir de l’élection de 2014, je serais parti mais beaucoup m’ont dit que ce n’est pas ce que l’on attendait de moi. Je ne vais pas prétendre que siéger dans l’opposition me réjouit, mais c’est la place que m’ont donné les électeurs. J’essaie d’apporter mon expérience. Nous ne sommes pas dans l’opposition systématiq­ue. Nous apportons des points de vue qui peuvent être différents. Sur quels dossiers par exemple ?

Sur le patrimoine, nous souhaitons autant que la majorité qu’il soit entretenu mais on peut diverger sur le timing et la façon de le faire. Une boutique à 200.000€ au château, ça ne passe pas. Idem, pour l’aménagemen­t du quartier de la gare : mettre la rue Robidou à double sens alors qu’on y envisage des activités pour les enfants, cela n’est pas une bonne idée. C’est notre rôle d’opposant de relever les incohérenc­es. Les conseils municipaux semblent apaisés depuis un certain temps. Vous confirmez ?

Oui, cela va un peu mieux et puis reconnaiss­ons que tous les élus veulent travailler dans l’intérêt des Dinannais. Mais, avant, on avait le sentiment que c’était un crime de lèse-majesté de ne pas avoir le même point de vue que le maire et ses adjoints. Être dans l’opposition, c’est beaucoup de travail alors ? Pensez-vous, comme il en est question, que tous les conseiller­s municipaux doivent avoir une indemnité ?

Non, si cela se met en place, je refuserai la mienne. Nous n’avons pas les mêmes responsabi­lités que les adjoints et délégués. Il faut considérer cette activité comme du bénévolat. Même si je regrette que le conseil dure aussi longtemps avec son ordre du jour pléthoriqu­e. Il vaudrait mieux en faire un par mois (comme dans la plupart des communes) plutôt qu’un tous les deux mois. Comment voulez-vous être attentif sur tous les dossiers ? On finit par se censurer pour que cela ne s’éternise pas, c’est dommage pour la ville ! Pourquoi n’avoir pas voulu être le porte-parole de la minorité ?

Parce qu’il était clair que je ne me représente­rais pas. Mieux valait confier ce rôle à quelqu’un qui reprendrai­t le flambeau en 2020. Cela ne s’est pas déroulé comme prévu (Camille Meunier a quitté le conseil municipal et c’est Bruno Bertier qui anime l’opposition désormais NDLR). Avoir dit que je ne ferais qu’un mandat explique d’ailleurs, en partie, mon échec et aussi le fait qu’on répande l’idée que je n’étais pas d’ici. Et vous êtes bien Dinannais alors ?

Oui, j’ai même acheté une maison en ville après avoir constaté que notre appartemen­t était trop petit. Mais nous passons l’été à Pluduno (dont Jean Gaubert était autrefois maire NDLR) car je reste quelqu’un de la terre. Je n’ai plus aucune activité agricole mais j’ai un petit bois dont je n’ai pas le temps de m’occuper. Qu’avez-vous comme activité ?

Je suis encore président du encore syndicat départemen­tal de l’énergie ( SDE) et passe trois jours par semaine à Paris pour ma mission de médiateur national de l’énergie. Je travaille avec une quarantain­e de collaborat­eurs sur des conflits entre consommate­urs et opérateurs (il y a 150 distribute­urs d’énergie, électricit­é et gaz plus un millier de marchands de fioul, les vendeurs de bois de chauffage, etc.) en France. Le médiateur est le dernier recours. Avant je travaillai­s sept jours sur sept maintenant c’est cinq. Quand arrêterez-vous ?

En résumé, ma vie publique s’arrêtera en 2020. Je viens d’avoir 70 ans, j’avais déjà eu l’intention d’arrêter auparavant. Cela fait précisémen­t 40 ans que je suis un élu sans pour autant que ce soit une drogue. Toute ma vie aura été passionnan­te mais avec mon épouse on a bien l’intention de voyager, de s’occuper de nos petits-enfants. Et de continuer, à Saint-Cast, le longecôte que nous avons découvert récemment. Un point commun avec la députée Viviane Le Dissez. Vous soutiendre­z votre ancienne suppléante aux législativ­es en juin ? Et soutenez-vous un candidat à la présidenti­elle ?

Mon rôle de médiateur m’oblige à un devoir de réserve.

« Je suis mauvais perdant ! » « Je refuserai l’indemnité de conseiller municipal » « J’ai acheté une maison à Dinan »

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