La gare rogne ses horaires au guichet
A partir du 1er mai, il ne sera plus ouvert que 43 heures par semaine contre 65 aupara-vant. La CGT s’en émeut, la SNCF s’en explique.
« Alors que la Région, les collectivités locales et les agglomérations sont fortement sollicitées et tentent de maintenir un service régional public ferroviaire de qualité, la direction SNCF décide unilatéralement de fermer les points de vente et/ou d’en réduire les heures d’ouverture, ce qui se traduit aussi par des suppressions de postes de cheminots » , annonce la CGT dans un communiqué. D’après le syndicat, cela revient « à supprimer, à partir du 1er mai 2017, deux des trois postes d’agents de vente actuels et donc de réduire fortement les horaires et jours d’ouverture en gare de Dinan. Ce seront plus de 22 heures d’ouverture hebdomadaire en moins à Dinan ».
Chiffre d’affaires en baisse
À la direction régionale de la SNCF, Thierry Chaplais, responsable de la communication, confirme cette baisse de régime. « Les guichets ne seront plus ouverts que 43 heures contre 65 auparavant. Ils ouvriront plus tard et fermeront plus tôt chaque jour. Ils seront fer- més de 12h30 à 14h ainsi que tous les dimanches et jours fériés désormais. » Thierry Cha
plais explique que « c’est une conséquence d’une baisse du chiffre d’affaires de 35 % constatée au guichet de Dinan depuis 2010, un taux que l’on retrouve dans la plupart des gares et boutiques SNCF. » Et si les ventes au guichet baissent, c’est parce que les clients achètent de plus en plus leurs billets en ligne, invoque la SNCF… qui est à l’origine de ces services internet. « Mais,
souligne Thierry Chaplais, si nous ne les avions pas créés, on nous le reprocherait. En fait, le recours au guichet concerne les achats plus complexes, pour des longues distances qui nécessitent des correspondances. Mais l’usager qui prend le train tous les jours pour aller par exemple à Saint-Brieuc n’a pas besoin d’un vendeur. » Voilà pour les justifications.
Et les suppressions de postes ? Le chargé de communication rappelle que « 22 heures, cela ne correspond pas à deux temps pleins. Nous raisonnons à l’échelle des équipes. Celle constituée par Dinan, Lamballe, Montfort- sur- Meu, l’Hermitage Lorge, etc. représente 12 ou 13 personnes. Il y a certes un impact sur l’emploi mais pas de licenciements. Dans tous les guichets où nous réduisons les horaires, il y a des repositionnements de personnels ou des départs à la retraite. »
Une fréquentation en baisse
Ce n’est pas la joie tout de même sur cette ligne SCNF qui accuse une baisse de fréquentation « depuis plusieurs années avec 260 passagers qui montent ou descendent à la gare de Dinan chaque jour ». La faute, peut-être à la vétusté de la ligne qui, rappelle la CGT, impose un ralentissement à 60 km/ heure aux abords de Lamballe (1) et attend sa modernisation entre Pleudihen-sur-Rance et Dol-deBretagne ?
Mais Thierry Chaplais se veut
rassurant : « Avec ses 80.000 usagers annuels, Dinan n’est pas une petite gare. Nous avons bon espoir de la voir gagner en fréquentation avec l’ouverture de la ligne TGV entre le Mans et Rennes le 2 juillet. Nous allons gagner de 35 minutes à une heure entre Dinan et Paris. »
Ce n’est sans doute pas cela qui fera remonter les horaires de guichet mais c’est l’argument du représentant de la SNCF pour écarter la menace de fermeture du guichet qu’évoque
la CGT. Le syndicat explique
en effet que « ces méthodes de réduction de présences humaines et d’amplitude d’ouverture des guichets ont toujours été utilisées par la SNCF avant fermeture totale et définitive comme ce fut le cas dernièrement en gare de Dinard ». Oui, reconnaît Thierry
Chaplais, « des boutiques SCNF ont fermé, ces derniers temps, car nous ne sommes pas propriétaires des locaux, mais à Dinan, on parle d’une gare ».
Appel à la mobilisation
En tout cas, la CGT « appelle la population à se mobiliser contre ces projets néfastes et injustes. Salarié-e-s, usagers, citoyens et élu- e- s, il nous revient de nous rassembler pour exiger le droit à un service public de qualité répondant à nos besoins, à l’heure où la question de la mobilité, des transports et des déplacements représente un enjeu de développement économique, social et environnemental ».
(1) « Ceci entraîne un rallongement du temps de parcours de 15 minutes ainsi que le transfert de certaines circulations sur des transports par autocars », souligne le syndicat.