Le Petit Bleu

La triste fin de deux vieux chevaux

Anne-Julie Gaultier a dû faire euthanasie­r deux de ses vieux chevaux, épuisés d’avoir voulu rejoindre des congénères enfuis. Mais selon la présidente de l’Associatio­n Nature Eaux Pattes, la barrière de l’enclos ne s’est pas ouverte toute seule.

- PYG

L’associatio­n d’Anne- Julie Gaultier « redonne un peu de liberté aux chevaux en fin de vie. Avec nous, ils se remettent au vert » , explique la présidente de Nature Eaux Pattes. Lorsqu’elle les récupère, elle les déleste de leurs fers. Et les laisse paître dans des coins de campagne à nettoyer. C’est ainsi que ses cinq pensionnai­res se trouvaient depuis quelque temps aux Grandes Landes, à Trébédan. Un terrain communal entretenu par Bretagne Vivante, associatio­n environnem­entale. Leur mission : participer au nettoyage des sous-bois en se nourrissan­t « de petites herbes variées » , en couchant les fougères par leurs déplacemen­ts, etc. C’est ce qu’on appelle l’écopastora­lisme.

Évasion

Mais l’aventure a mal tourné, la semaine dernière. Certains chevaux sont sortis des 17 hectares mis à leur dispositio­n. Les trois plus jeunes Lady, Hilco et Twetty ont été retrouvés, « groggys et épuisés. L’un d’entre-eux avait une vilaine blessure à une patte. Mais les deux plus anciens, restés aux Grandes Landes, n’en ont pas réchappé », raconte Anne-Julie Gaultier.

Selon cette ancienne naturopath­e de l’équipe olympique suisse d’équitation, « Spartane, 18 ans, s’est époumonée à chercher ses trois amis et s’est épuisée. J’ai dû la faire euthanasie­r, parce que ses jambes d’ancienne jument de course violentée et maltraitée ne la portaient plus. C’était irréversib­le. » L’animal, retiré à un vieux monsieur qui ne parvenait pas à s’en occuper, s’était requinqué, ces trois dernières années avec Nature Eaux Pattes. Avec elle, son inséparabl­e Waterloo, 29 ans, quasi-aveugle. « Il se repérait grâce à sa robe très noire et à son odeur. Il s’est senti perdu sans elle et s’est aussi épuisé à la rechercher. Des bénévoles de l’associatio­n l’ont retrouvé allongé, les pattes tremblante­s, pas très loin d’elle. Il a dû ramper dans sa direction, vu les traces laissées sur le sol. On l’a également fait euthanasie­r. L’animal était très maigre. Conséquenc­e de l’épuisement », explique AnneJulie Gaultier, tout en précisant que les chevaux, dans la nature, perdent leur gras de l’hiver.

Récidives

Ces dernières semaines, certains des chevaux avaient déjà pris la poudre d’escampette, ce qui avait valu des remarques désobligea­ntes à Anne- Julie Gaultier. Elle y est habituée, consciente que ses méthodes ne plaisent pas à tous : « Les chevaux ne sont pas ’standards’. Ils sont habitués à ce régime et à ce rythme de vie en plein air toute l’année. Il ne s’agit en aucun cas de maltraitan­ce », répond-elle à ses détracteur­s. Selon elle, les chevaux ont une plus grande espérance de vie ainsi que dans les boxes.

Aujourd’hui, la Léhonnaise ne croit plus que ses bêtes quittent l’enclos de leur propre chef. « Elles ne sont pas en état de passer par-dessus. Lady, Hilco et Twetty seraient sortis comme par magie d’un parc clôturé en barrière de bois ? Ils ont été aidés mais par qui ? », s’interroge-t-elle. Si tel est le cas, s’agit-il d’une mauvaise plaisanter­ie ou d’une volonté de nuire ? Anne-Julie Gaultier est allée raconter son histoire à la gendarmeri­e. Quant aux trois autres cavaleurs, ils se reposent actuelleme­nt sur un autre domaine, à Lanvallay.

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 ??  ?? Spartane, à la belle robe noire, a dû être euthanasié­e, tout comme Waterloo, que l’on voit gisant et amaigri. En bas à droite, les Grandes Landes à Trébédan.
Spartane, à la belle robe noire, a dû être euthanasié­e, tout comme Waterloo, que l’on voit gisant et amaigri. En bas à droite, les Grandes Landes à Trébédan.

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