Jobert de Lamballe, chirurgien du Roi, né à Matignon
Jobert de Lamballe a été un pionnier de l’anesthésie générale et de la chirurgie plastique. Il est décédé il y a 150 ans, après avoir contracté la syphilis. Organisée par les Amis du passé en Pays de Matignon, une conférence lui est dédiée le 21 avril.
À l’occasion des 150 ans de la mort de Jobert de Lamballe, chirurgien réputé du Roi puis de l’Empereur Napoléon III, né à Matignon le 17 décembre 1799, Jean-Pol Pimor et PaulMichel Charoy, retraceront sa vie personnelle, mais aussi professionnelle.
« Antoine-Joseph Jobert est né dans une famille pauvre. Son père est chapelier mais la Révolution a créé une crise. Les nobles qui se cachent ou quittent la France n’achètent plus de chapeaux. Fin 1801, la famille déménage à Lamballe. À 7 ans, Antoine Joseph, qui sait lire et écrire est remarqué pour son intelligence par l’abbé Micault et le docteur Bedel qui lui donnent les moyens de faire ses études jusqu’au baccalauréat, en 1819, à Lamballe et de médecine à Paris » , explique Jean-Pol Pimor.
Après son internat à l’hôpital Saint-Louis, il est reçu docteur en médecine en 1824. Lors de sa première publication, issue de sa thèse, il ajoute « de Lamballe » à son nom, sans doute pour se différencier d’un Pierre Jobert qui avait soutenu une thèse sur le même sujet.
Nommé chirurgien des hôpitaux en 1829, il devient très célèbre par ses travaux de recherches et ses nombreuses publications.
« Il a commencé à écrire très jeune. Il n’était pas un grand orateur mais possédait une très belle écriture. Étudiant pauvre, il était travailleur. La chirurgie à cette époque, c’était épouvantable. Il n’existait encore rien contre la douleur, les hémorragies ou les infections. Les conditions de travail en milieu hospitalier étaient difficiles, avec les odeurs et les problèmes d’hygiène, néanmoins Jobert de Lamballe exercera toute sa vie à l’hôpital » , précise PaulMichel Charoy, ancien médecin.
Le chirurgien acquiert néanmoins une certaine fortune grâce aux consultations qu’il donne auprès de riches bourgeois, sans pour autant dédaigner soigner, gratuitement, les indigents. Jobert de Lamballe est le premier en France à opérer sous anesthésie générale et il est aussi réputé pour ses opérations en autoplastie (technique servant à recouvrir un tissu à vif de vaste dimension par un morceau de peau proche).
En 1831, il est l’un des chirurgiens de Louis-Philippe Ier et, en 1853, le premier chirurgien de Napoléon III, qu’il accompagnera lors de sa visite de la Bretagne du 3 au 21 août 1858.
Dès 1849, il est chef de service à l’Hôtel-Dieu. Membre de l’Académie de médecine en 1839, il en devient le président en 1855.
Attaché à sa région natale, il fait un don de 4 700 francs à la ville de Lamballe pour rembourser la donation reçue de l’abbé Micault. En 1850, Jobert de Lamballe achète une propriété dans la commune de Pléhérel à La Ville Oie. Où vit aujourd’hui Jean-Pol Pimor, qui pour la petite histoire est lié à la famille Jobert, par sa mère. Il perd la raison Au faîte de sa gloire, il contracte la syphilis en 1859 et, à partir de 1865, perdant peu à peu la raison, il est interné.
« Les conditions de travail étaient telles en chirurgie qu’il contracte la syphilis à l’occasion de l’opération d’une patiente, poursuit PaulMichel Charoy. Le mode de transmission est toutefois remis en cause. En effet, il est curieux d’avoir développé une syphilis de stade 2 puis terminal en l’espace de cinq ans, d’autant qu’il semblait en bonne santé. »
Il décède le 19 avril 1867 à Passy. Le train le ramène à Lamballe où il est inhumé devant une importante foule et les enfants des écoles de la ville.
Cindy GIRAUD (CLP) Conférence organisée par les Amis du Passé, vendredi 21 avril à 17 h, à Matignon, Maison des Associations. Entrée gratuite. Exposition le concernant dès le vendredi à 17 h et le samedi 22 et dimanche 23 de 10 h à 12 h 30 et de 15 h à 18 h.