Amélie passe de doux savons dans le Jerzual
Amélie Kromm vient d’ouvrir « La savonnerie de Dinan » . Elle y produit des savons au lait d’ânesse, suivant l’exemple de son beau-père qui lui a transmis son savoir-faire.
Si c’était possible, Amélie Kromm passerait tout son temps à fabriquer du savon. Ou pas loin. « C’est addictif » , sourit la jeune femme de 30 ans. On n’aura pas la chance de la voir à l’oeuvre, ce jour-là, car elle n’a plus suffisamment de matière première. En quelques jours de production, elle n’a pas dû chômer. « En 4 heures, on peut faire 120 pains. Et je compte en préparer 4.000 pour la saison. »
C’est dans le bas du Jerzual, au 28, rue du Petit Fort, qu’Amélie vient d’ouvrir « La
savonnerie de Dinan » . D’ici peu, elle recommencera à fabriquer ses savons au lait d’ânesse. Y compris devant les clients, avec son tablier et son petit bonnet, mais « pas avant qu’une vitre de protection soit installée devant la machine ». Sinon, les enfants, captivés, ont tendance à toucher la matière qui sort de l’extrudeuse. Et ils risqueraient de se blesser.
Amélie le sait car elle a souvent « tenu » la savonnerie de son beau-père et de sa mère dans le village médiéval de Sainte-Suzanne, petite cité de caractère en Mayenne. Yann Maurice, ingénieur en cosmétologie, s’y est taillé une belle réputation. Il a transmis son savoir-faire de savonnier à Amélie. Qui s’est décidée à sauter le pas à Dinan, dans la rue la plus pittoresque de la cité médiévale. « J’ai eu un coup de coeur en visitant la ville l’an dernier. Je savais que ce serait ici. »
17 % de lait d’ânesse
La jeune femme avait déjà un commerce, à Vitré, où elle ne fabriquait pas encore ses propres savons. Désormais, ceux-ci sont
« estampillés » Dinan (avec un tampon). Ils contiennent 17 % de lait d’ânesse, ce qui leur confère des vertus dermatologiques « en cas d’eczéma, de psoriasis, d’acné ». « C’est un savon doux, utilisable par exemple pour le rasage des hommes, ça ne tiraille pas comme un savon traditionnel. » Il contient aussi de l’huile de coprah « c’est la pellicule qui tapisse l’intérieur de la noix de coco » ), de l’huile d’amande douce, du beurre de karité. Le mélange est brassé dans l’extrudeuse, où il passe
plusieurs fois. C’est là, notamment, que le savoir-faire de l’artisan intervient. « C’est comme en cuisine, il faut y mettre de l’amour ! »
Le savon sort sous forme de longue barre qu’il n’y a plus qu’à découper en pains. Pour les parfums, « on se fournit à Grasse » . La couleur (qui doit être appropriée à chaque parfum) s’obtient « avec de l’argile naturellement colorée » . À l’heure actuelle, Amélie propose des savons aux senteurs de carotte, de camélia, de muguet, etc. Et bien sûr des « nature » , déjà très demandés. « Pour l’heure, je fais ce que font mes parents, car ce sont des valeurs sûres. Mais bien sûr, j’ai envie d’apporter
ma touche. » Ses savons en pain de 100 grammes, estampillés Dinan, sont vendus 5€ pièce. Ils existent sous forme de petite étoile à 1€. Amélie Kromm fabrique aussi des pochons parfumés à glisser dans les armoires. Et vends divers autres savons utilitaires. Bernadette RAMEL ■ 28, rue du Petit-Fort, à Dinan, ouvert tous les jours.