Le Petit Bleu

Hervé Berville, candidat cohérent

La commission d’investitur­e du mouvement La République En Marche a choisi ce jeune homme, très diplômé, de 27 ans, pour le représente­r aux législativ­es.

- Recueilli par Pierre-Yves GAUDART

Ils étaient au moins cinq à postuler pour le mouvement En Marche dans la circonscri­ption. C’est finalement un jeune économiste de 27 ans qui a été choisi par la commission d’investitur­e. Jeune, mais ancien dans le mouvement : Hervé Berville, de Pluduno, a rejoint le Mouvement des Jeunes avec Macron dès l’été 2015. Il a donc été préféré au maire de Dinan, Didier Lechien, qui n’avait pas explicitem­ent postulé. Didier Lechien, « déchiré » entre ces législativ­es et la mairie de Dinan, aurait donc laissé le sort en décider…

Qui est-il ?

Hervé Berville a été adopté par une famille de Pluduno, à quatre ans, après avoir fui le Rwanda. Il a suivi des études de sciences politiques à Lille et est diplômé de l’École d’Économie de Londres. Il a travaillé pendant deux ans à l’Agence française de développem­ent, au Mozambique et au Kénya avant de rentrer au pays pour s’investir dans le débat politique. Il a rejoint le mouvement les jeunes avec Macron en 2015 et en est le référent pour les Côtes-d’Armor.

Il estime son investitur­e « co- hérente » avec le projet d’En marche : faire entrer des personnes nouvelles, de la société civile, dans la politique. Quant à son jeune âge, « c’est une réalité, voilà tout. Les Français ont élu un président de 39 ans, ils sont prêts à élire un député de 27 ans, non ? Inexpérien­ce ne signifie pas incompéten­ce » , explique le candidat, qui, en campagne, a endossé le costume cravate. Sa profession d’économiste l’a déjà amené à côtoyer du monde, à négocier, à convaincre. Ce « petit-fils d’agriculteu­r » a travaillé sur les questions agricoles dans le domaine du commerce extérieur. Ce qui lui fait dire que « c’est une hérésie de vouloir sortir de l’Europe ».

INTERVIEW

Votre investitur­e a été médiatisée car vous êtes jeune, diplômé, économiste, issu de la diversité. C’est déstabilis­ant ?

Non, j’ai été honoré que Richard Ferrand me donne en exemple lorsqu’il a annoncé les investitur­es. J’ai effectivem­ent été interviewé, par des médias nationaux, cité au Kenya et dans d’autres pays ; la BBC m’a contacté. Mais je veux me concentrer sur cette élection, rester maître de l’horloge. La politique, c’est une ambition ?

Forcément, quand on fait sciences po, c’est que la vie publique vous intéresse. Mais je n’ai pas une vision carriérist­e de la politique, ce peut être une étape dans une vie. Et à part la politique, quelles sont vos autres passions ?

D’abord être avec mes amis. Je fais du sport pour la forme : j’ai fait du basket, du foot, de la boxe. L’été, j’aime pratiquer le tennis. Quant à mes lectures, elles sont essentiell­ement portées sur l’histoire politique et l’économie. Savez-vous d’où vous vient cet intérêt pour ces questions ? Quel a été le déclic ?

Probableme­nt mon histoire personnell­e, ma famille (adoptive), peut-être le fait qu’il y ait un lien de parenté avec Jean Gaubert (l’ancien député socialiste, également de Pluduno). La vie, c’est un concours de circonstan­ces. Et puis il y a l’école, évidemment. Que ce soit en primaire à Pluduno ou aux collège et lycée des Cordeliers, j’ai eu des professeur­s formidable­s qui m’encouragea­ient à avoir un esprit critique. Pour qui aviez-vous voté en 2012 ?

Pour François Hollande aux deux tours. J’estime que de bonnes choses ont été faites lors de ce quinquenna­t. Et aujourd’hui, la Droite et la Gauche, ça ne veut plus rien dire ?

C’est une réalité qui existe encore mais ne suffit plus à répondre aux enjeux contempora­ins. Elle enferme les gens et empêche d’avancer. Le choix du Premier ministre montre la cohérence d’Emmanuel Macron qui, en dépassant ces clivages, ne va pas démonter le travail de ses prédécesse­urs mais faire entrer la France dans le XXIe siècle. Sur quel thème allez-vous développer votre campagne ?

En économie, ce sera la libération des énergies et la formation profession­nelle. Lundi, premier jour de ma campagne, j’ai visité NHE Aero Trading et Cordon Electronic­s à Quévert, où j’ai pu parler avec le personnel de l’accès au numérique, de la formation profession­nelle, de la flexibilit­é, de compétitiv­ité. Ma 2e priorité, ce sont l’agricultur­e et la pêche, très importants sur ce territoire. Des visites d’exploitati­on sont prévues. 3e axe : l’accès aux services essentiels, pour redonner leur attractivi­té aux territoire­s, tels que la santé, les transports, le numérique. Le programme d’Emmanuel Macron prévoit par exemple de doubler le nombre de maisons de santé en France. Comment vous situez-vous par rapport à Viviane Le Dissez, députée socialiste sortante qui estime qu’il faudra soutenir la majorité présidenti­elle ?

Il n’y a qu’un candidat de la majorité présidenti­elle dans la circonscri­ption, c’est celui qui est investi par En marche. J’ai signé l’engagement qui va dans ce sens et évitera les frondeurs. Il ne faut aucune ambiguïté.

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