Le Petit Bleu

Elle quitte la maison, il fait de sa vie un enfer

- Sa. S

Cet homme de 55 ans n’a pas supporté de se faire quitter. Anéanti par le départ de son épouse, il l’a harcelée pendant plusieurs mois.

« Quand il a découvert cette lettre sur la table, après 21 ans de mariage, sa vie s’est écroulée. Il s’est senti brisé. Il a perdu pied et a été incapable de se maîtriser » , raconte l’avocate du mari « abandonné » .

Son client, un homme de 55 ans domicilié dans la région dinannaise, semble toujours anéanti par cette séparation qu’il n’a « pas vu venir » il y a un an et demi.

À la barre du tribunal de Saint-Malo, il peine à s’exprimer, sanglote. « Je ne vis plus… C’est extrêmemen­t difficile » , répète- t- il en boucle.

La justice lui reproche d’avoir harcelé son épouse pendant plusieurs mois. Le premier épisode est survenu cinq jours après leur séparation.

Ce jour-là, il la prend en filature en voiture, et la percute volontaire­ment à hauteur d’un feu de signalisat­ion. Dans le véhicule de l’épouse poursuivie, la fille du couple, apeurée, appelle la gendarmeri­e. La mère et la fille s’y réfugient. Le prévenu les suit et il faudra l’interventi­on musclée de deux gendarmes pour empêcher la situation de déraper.

« À partir de là, ça a été l’escalade » , poursuit Me Nathalie Amil, l’avocate de l’épouse harcelée. « Il l’a guettée, épiée, traquée » .

Il se pointe régulièrem­ent à la sortie de son travail ou l’attend sur le parking d’un supermarch­é où elle a ses habitudes. Voulant récupérer ses armes à feu, qu’elle a mis en sécurité chez un armurier, il lui arrache ses lunettes de vue : « Je te les rends si tu me redonnes mes armes » , lui dit-il alors.

Malgré les plaintes, le mari éconduit accentue son harcèlemen­t. Il s’invite chez son ex-femme, une fois sa nouvelle adresse découverte. Il tambourine à sa porte, jette des cailloux sur son toit, grimpe sur un compteur électrique pour l’espionner à la fenêtre. « Elle vous a même retrouvé dans son jardin, auquel on ne peut accéder qu’en traversant la maison » , poursuit le juge Guillaume Bailhache. « Ce jour-là, vous l’avez agrippée par les cheveux » . Un autre jour, il dira à sa fille d’un ton menaçant : « Je veux que ta mère crève » .

« Il a empoisonné la vie de ma cliente qui a fini par devoir être arrêtée dix jours et qui vit toujours sous antidepres­seurs » , rappelle Me Nathalie Amil.

« Ma mère est partie car il était en train de la détruire. Elle vit aujourd’hui dans la terreur » , racontera l’une de leurs deux filles aux gendarmes.

Décrit par ces mêmes enfants comme « autoritair­e » , « intolérant » et « ne supportant pas la contradict­ion » , le prévenu ne se remet pas un seul instant en question. « Non, vraiment, je n’ai jamais eu l’impression de lui mettre la pression » .

Le tribunal de Saint-Malo a eu un autre avis sur la question en condamnant le quinquagén­aire pour harcèlemen­t à 5 mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve pendant deux ans. Il devra également se soigner et a l’interdicti­on de paraître au domicile de son épouse. Il a également été condamné à lui verser 1 700 euros de dommages et intérêts.

« Il l’a guettée, épiée, traquée » « Ma mère vit dans la terreur »

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