Le Petit Bleu

Hervé Berville, l’En Marche triomphal

À 27 ans, le jeune homme de Pluduno va être l’un des cadets de la nouvelle assemblée nationale. Icône du renouvelle­ment voulu par Emmanuel Macron, il a pourtant, déjà, d’un vieux briscard en politique, et l’assurance et le verbe. Place aux actes, maintena

- Pascal CAYEUX

C’est le début de la gloire. Depuis lundi, lendemain de son élection, il a sa page sur Wikipédia, l’encyclopéd­ie gratuite sur Internet. Ces dernières semaines, Hervé Berville avait déjà fait l’objet de reportages dans les médias étrangers, aux USA, en Allemagne ou en Angleterre, où tour à tour le New York Times, Der Spiegel et la BBC se sont intéressés à son cas. À 27 ans, le candidat Berville incarnait, il est vrai, le renouvelle­ment voulu par Emmanuel Macron et La République en Marche.

On ne compte plus, non plus, les portraits et interviews que la presse nationale, magazines, radios et télés confondus, lui a consacrés. Communicat­ion et image très (trop ?) maîtrisées, mais de toute évidence, le nouveau député de la deuxième circonscri­ption des Côtes d’Armor se prête de bonne grâce à l’exercice médiatique. Une sorte de marathonie­n des plateaux et studios, mais qui reçoit chrono en main les journaux locaux. Dommage pour ses électeurs, qui ont tant à découvrir de ce jeune homme pressé, dont la plupart d’entre eux n’avait jamais entendu parler voilà quelques semaines encore.

Ils vont avoir cinq ans pour apprendre à le connaître. Hervé Berville leur a promis des rencontres régulières, réunions pour expliquer son action et rendre compte de celle du gouverneme­nt, échanges pour prendre le pouls de leurs attentes, de leurs espoirs et de leurs inquiétude­s. Didier Déru, son adversaire (largement) battu du second tour (64,17 % - 35,83 %), a prévenu qu’il serait vigilant. Il pourra déjà vérifier si cet engagement de proximité avec les citoyens est respecté.

Mardi, Hervé Berville a découvert le Palais Bourbon, son nouveau lieu de travail. Il pense passer désormais trois jours par semaine à Paris. Et le reste du temps, dans sa circonscri­ption de Dinan, ville où il va aménager sa permanence, et emménager tout court.

Son équipe d’assistants parlementa­ires est en cours de finalisati­on, « deux ou trois personnes, on va voir, des gens qui ont participé à ma campagne, c’est important de se connaître mutuelleme­nt, de savoir comment ça fonc- tionne ». Son complice depuis Sciences-Po Lille, Thomas, très engagé pendant les législativ­es, en sera sans doute. Pas Eva, sa compagne, à ses côtés dimanche soir lors de son allocution à la mairie de Dinan, elle aussi rencontrée à Sciences-Po : s’agirait pas de faire une « Pénélope ».

L’économiste, également diplômé de la London School of Economics, qui a aussi créé en décembre dernier son entreprise de conseils en gestion, sera désormais député à plein-temps. À 100 %. Presque contradict­oire pour quelqu’un qui estime que le temps des profession­nels de la politique est révolu ? « Non, parce que la politique, ça doit être temporaire. Ce n’est pas un métier. C’est une mission. Un temps donné. C’est le message que les Français ont d’ailleurs voulu faire passer à travers les dernières élections », analyse Hervé Berville.

Il assure ne pas savoir ce qu’il envisagera dans cinq ans, à l’issue de son premier mandat, « on fera le bilan, on verra. Mais ce qui est certain, c’est que je ne serai plus là dans 30 ans ». Certains lui prédisent néanmoins un brillant avenir en politique. Mais en a-t-il seulement vraiment l’envie ?

Il ne cache pourtant pas un vrai goût « pour la chose publique », ressenti très jeune sans qu’il puisse le dater avec précision, mais à chercher sans doute dans son histoire personnell­e, lui qui est né Tutsi au Rwanda, avant d’être adopté à 4 ans par une famille de Pluduno.

« Et puis, il y a des événements déclencheu­rs », ceux qui l’ont poussé à s’engager, et en premier, dit-il, Marine Le Pen qui arrive en tête aux Européenne­s de 2014, ce qu’il ne pouvait comprendre. Plus tard, et plus récemment, il y a eu le Brexit puis l’élection de Donald Trump, dans ce dernier cas, « la démonstrat­ion, ce que je n’imaginais pas, qu’une rhétorique xénophobe, de fermeture, de démarcatio­n, pouvait permettre, quand même, d’accéder au pouvoir ».

Dès 2015, Hervé Berville avait rejoint les rangs des Jeunes en Marche, dans les pas d’Emmanuel Macron. Il ne cache pas une certaine fascinatio­n pour le Président de la République, « pour son parcours : philosophe, banquier, secrétaire général de l’Élysée, ministre ». Surtout, « pour son envie d’action », aussi « parce qu’il a remis au goût du jour le mot ’progressis­te’ ».

S’il n’aime pas le terme « modèle » , il loue chez Emmanuel Macron « sa conviction, son leadership, sa capacité à mettre en oeuvre une méthode, sa volonté de dépasser les vieux clivages. Qui aurait pensé voilà un an qu’il serait Président de la République et obtiendrai­t la majorité à l’assemblée nationale ? ».

Le tout jeune député Hervé Berville (qui ne sera pas le cadet de l’hémicycle) se sait maintenant attendu au tournant, « je serai peut-être davantage regardé que d’autres. Cela ne me met pas une pression supplément­aire, ça rajoute au contraire à l’envie d’agir, de faire ».

Pour sa circonscri­ption, il a listé les dossiers prioritair­es. « Les affaires agricoles, une urgence, pour que les exploitant­s puissent dégager un vrai revenu. Le développem­ent des services publics : les transports et le rail en particulie­r ; la santé, pour lutter contre les déserts médicaux ; le numérique et le déploiemen­t du très haut débit. Ce sont des services de proximité essentiels. Et puis l’attractivi­té économique : il faut créer de l’emploi sur le territoire. »

Ses prédécesse­urs ne disaient pas vraiment autre chose. Et sur la manière d’y parvenir, on attendra encore un peu, « mais ce sera le travail de la nouvelle majorité d’impulser un nouvel élan ». La méthode Berville, elle, reposera sur ses trois maîtres mots que sont « écoute, responsabi­lité, action ».

En tout cas, Didier Lechien, le maire de Dinan et président de son comité de soutien, comme lui ancien des Cordeliers, l’a prévenu : « On attend d’un député qu’il soit un facilitate­ur, un accélérate­ur de dossiers. Au travail maintenant. » Message reçu ?

100 % député Écoute, responsabi­lité, action

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