Des bateaux pour camper

Il avait déjà une roulotte, un camping-car de 1947, une tente marocaine. Christophe Le Petit propose à ses hôtes de dormir dans deux bateaux qu’il vient d’aménager dans son camping écologique. de Pleslin-Trigavou.

Dès qu’il le peut, Christophe Le Petit prend la mer, à Plouërsur-Rance, pour des virées ou des régates, à bord d’un de ses voiliers. Pas étonnant, alors, qu’il ait voulu, compléter son offre d’hébergements atypiques, avec deux bateaux qui se morfondaient depuis quelques années, après avoir rempli leur office maritime.

« L’un m’a été donné et j’ai récupéré l’autre sur un chantier naval, ça débarrasse » , explique t-il à deux pas du voilier Super Daimio, de 8,40m, d’une quarantaine d’années, qu’il finit de mettre en terre afin qu’il soit stabilisé et pas trop haut d’accès. « J’ai tout enlevé à l’intérieur, cloison, wc, réfrigérateur afin d’y aménager quatre places, même si on peut y cuisiner ou faire la vaisselle. Pour le reste, il y a bien sûr le bloc sanitaire. »

Opter pour une tente marocaine ou son camping-car de 1947, d’une belle hauteur est sans doute plus commode. Mais dormir dans un bateau immobile a son charme et « amuse les enfants » . Il y adjoindra un ponton-terrasse, comme il l’a fait pour son autre bateau, une vedette qui porte encore le nom de Nosy Bé et a l’avantage d’être plus large.

Pas cher

Le tarif défie toute concurrence : 24€ la nuit pour deux. « Je peux rester à ce prix, car je fais les aménagements moi- même et avec les moyens du bord, sinon ce serait impossible. » C’est avec la même philosophie que le Pleslinais a concu son camping de 25 emplacements, voici maintenant dix ans. Un espace de 2,5 hectares, au milieu d’un verger de plusieurs centaines d’arbres, où il a tout construit : roulotte ; système ingénieux d’évacuation des eaux pluviales ; portique avec d’anciens poteaux téléphoniques ; espace détente en bois avec des livres pour tous les âges et nationalités ; bloc sanitaire avec panneaux solaires.

Pas copain avec les chats

Un point commun à ce lieu jalonné de quelques matériels de cidrerie : la nature. Avec un respect viscéral de la faune et de la flore. Christophe Le Petit la laisse s’exprimer : les herbes, les orties, restent hautes, hormis sur les emplacements dédiés aux tentes et caravanes. Il n’aime pas ces « jardins où rien ne dépassent. La végétation c’est une source de vie pour les insectes et les oiseaux » , explique-t-il en happant quelques groseilles bien rouges. « Il y a des gens qui ne sortent même pas de la voiture, quand ils voient ce décor. A leurs yeux, ce n’est pas entretenu. Mais ça tombe bien, je ne veux pas de ce genre de clientèle » , lance- t- il. Il évite aussi ( mais n’interdit pas) les chats, serialkillers en puissance !

Le fils de l’extra-terrestre

Les campeurs débarquent parfois au hasard mais d’autres recherchent tout à fait cet esprit des bois, après avoir tapé sur Internet, les mots clés ’camping nature’. Un façon de se mettre au vert dans tous les sens du terme, sous le regard des deux ânes de la propriété. Une ambiance que cherchait sans doute son père, venu de Paris, fin des années 80, pour se lancer dans le bio. Dans ce lieu qu’on disait trop humide, il a créé une serre qui lui servait également de logis. Et planté, en 1989, ses centaines de pommiers qu’exploite parallèlement Christophe Le Petit. « A l’époque, on l’avait perçu comme un extra-terrestre. Moi je suis le fils de l’extra-terrestre », rigole le cin- quantenaire qui revendique haut et fort sa volonté de vivre libre.