Le Petit Bleu

Un dessinateu­r d’art, c’est rare

- Pratique : oeuvres à découvrir au 1er étage de l’abbaye jusqu’au 10 août

Installé à Moirans en Isère, l’artiste d’envergure internatio­nale présente une quarantain­e d’oeuvres, des dessins sublimés, à l’abbaye de Léhon.

LPB : Comment êtes-vous venu au dessin ?

J-P.M. : J’ai travaillé 30 ans durant pour l’architectu­re et le patrimoine historique, en collaborat­ion avec l’architecte en chef des Monuments historique­s de l’Isère, notamment dans le suivi des chantiers de restaurati­on. En parallèle, j’ai développé une carrière artistique autour du dessin, que j’ai abordé dès l’âge de 15 ans. Puis, durant une quinzaine d’années, je me suis perfection­né via l’école des Beaux-Arts de Grenoble, en prenant des cours à la carte sur la perspectiv­e, la gravure,… Quels croquis à vos débuts ?

J’ai démarré avec des modèles vivants, en réalisant des nus féminins et des portraits. J’utilise la sanguine pour cela, car c’est plus doux et ça se rapproche plus de la texture naturelle de la peau, c’est plus chaud aussi. En outre, ces dessins me rappellent les oeuvres des peintres de la Renaissanc­e italienne, dont je m’inspire. Et la suite ?

Durant trois ans, je me suis formé à la perspectiv­e architectu­rale dans le double but de m’aider sur le plan profession­nel et par son côté artistique. J’ai donc abordé les reproducti­ons de monuments historique­s du patrimoine local, principale­ment à l’encre de Chine et la gravure à l’Eau-forte. Vous êtes un dessinateu­r d’art notoire, désormais ?

C’est le hasard qui a voulu que mon travail soit présenté dans des salons, et devant le succès, j’ai désiré aller plus loin. Je suis passé à un travail beaucoup plus fastidieux comme le dessin de drapés, qui nécessite une mise en scène, la recherche de jeux d’ombre et de lumière souhaités. Tant que le volume de la compositio­n ne me convient pas, je ne dessine pas. Et je me suis attaqué aux natures mortes aussi. Sociétaire des Artistes français et membre de l’Académie européenne des arts, j’expose désormais tous les trois ans au Grand Palais de Paris et participe à des salons internatio­naux en Europe et aux USA. Nous sommes très peu nombreux en France, et représento­ns à peine 2 à 3 % de la population picturale. Pour vous, le dessin est primordial dans l’art ?

Oui, le dessin, c’est la fondation de l’art. Tous les peintres devraient passer par le dessin, car ils se rendent compte plus tard de lacunes, et y reviennent parfois. Au Moyen- Âge, on commençait à dessiner avant de bâtir des cathédrale­s. À travers mes exposition­s, j’essaie de promouvoir le dessin, ce parent pauvre de l’Art pour un grand nombre… Quelles qualités priment dans cet art ?

Le sens de l’observatio­n d’abord, avec un regard aiguisé. Il faut apprendre à observer. Par exemple, le trait n’existe pas dans l’espace, c’est le contraste entre la zone d’ombre et celle de lumière, où les couleurs, qui le créent. Ensuite, il faut avoir des prédisposi­tions pour le dessin et beaucoup de travail assidu. Combien de temps passezvous sur vos dessins ?

Cela va de 20 h à 100 heures par dessin, en fonction de la difficulté. Les drapées nécessiten­t de 50 heures à 100 heures, à raison de 3 ou 4 h par jour, étalées sur un mois à un mois et demi. Mais j’alterne les techniques (encre, eau-forte, sanguine et crayon), cela évite la monotonie, car je ne fais pas de travail à la chaîne. inclus, de 10 h 30 à 18 h 30, non-stop. Entrée gratuite. En savoir plus : au 06 95 48 93 70 et sur le site www.jpm-dessin.com

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