Un Dinan insolite en photos
Collectionneur de cartes postales de la Bretagne historique, Alain Lamour ne manquait pas de matière pour l’ouvrage qu’il consacre à Dinan. Une belle façon de visualiser un passé encore proche de nous et pourtant révolu. Petit aperçu pages suivantes.
Comment avez-vous travaillé pour votre livre sur Dinan ?
Comme pour les autres livres, je m’y suis rendu pour m’en imprégner, alors qu’on pourrait penser que tout peut se faire à distance. Dinan est, à mes yeux, la plus belle ville de Bretagne. Mais ce ne sont pas ses monuments et vieilles maisons que j’ai privilégiés, car le centre historique a, par définition, peu changé. J’ai donc préféré choisir des scènes de la vie quotidienne : les marchés, les écoles, la vie militaire qui était la fierté des habitants, la vie économique, l’occupation allemande, l’activité sur le port, etc. Et comme de coutume, c’est mon épouse qui m’a aidé à sélectionner les 200 photographies qui figurent dans cet ouvrage. Quant aux textes qui accompagnent ces images, ils ont pour source mes lectures, les renseignements obtenus à la bibliothèque, lors de rencontres et sur Internet. Parlez-nous de votre collection de cartes postales ?
Je l’ai commencée il y a une dizaine d’années. Je me suis d’abord intéressé à ma commune puis les voisines et c’est ainsi que se sont dessinés des thèmes : sur les catastrophes ferroviaires, les naufrages, les entreprises, etc. Je me suis spécialisé sur la période 1880-1920 en Bretagne. À cette époque, elles sont d’une très grande qualité, ensuite, avec le souci des éditeurs d’augmenter leur tirage, l’impression s’est dégra- dée. C’est aussi une période où la carte postale est le témoin du quotidien. Les sujets sont infinis, se déclinent. L’image d’un gréviste tué dans une manifes- tation, les protagonistes d’un meurtre, tout se faisait. Pour le naufrage du Hilda, à Saint-Malo, on trouve la photo du capitaine, du bateau, la recherche des cadavres, les six rescapés, toute l’histoire se déroule. Les journaux passaient peu de photos au début du XXe siècle. Combien possédez-vous de cartes et comment les obtenez-vous ?
J’en ai 10.000. Faire les videgreniers ou les brocantes me prendrait trop de temps. Je les achète, souvent aux enchères, par internet. Passion coûteuse ?
Je me fixe des plafonds, je suis raisonnable. Ainsi, l’une de mes cartes postales préférées, figurant un lépreux à Paimpol en 1908 (il y avait une léproserie à Bréhat) était récemment à vendre à 480€. J’ai acheté la même, il y a deux ans, pour bien moins cher que cela. J’ai profité du 15 août, jour férié : il n’y avait pas de concurrents sur le site ! Qu’est ce qui fait la valeur d’une carte postale ?
C’est aléatoire. Sa rareté, théoriquement. Pas forcément liée au tirage : n’oublions pas que les cartes postales étaient souvent détruites, tôt ou tard, après être arrivées à leurs destinataires. C’est surtout depuis une vingtaine d’années qu’existe l’engouement pour ces témoignages d’une époque. Mais il y a aussi l’aspect extraordinaire de ce qu’elle représente, la qualité de l’image, la présence de personnages, le fait que des lieux aient considérablement changé. La valeur que je donne à une carte est donc patrimoniale dans tous les sens du terme. Ainsi, mon livre sur l’industrie de 1880 à 1930 témoigne du fait que de nombreuses activités se développaient en Bretagne et qu’elle n’était pas aussi arriérée qu’on le disait. Que ferez-vous de votre collection de cartes postales ?
Je les mettrai un jour en vente, lorsque j’en aurai fini avec mes publications. Je n’en garderai que quelques-unes. Je conserve avant tout le plaisir qu’elles m’ont donné à dialoguer avec les gens qui s’y sont intéressés.