Le Petit Bleu

Elle murmure à l’oreille des chevaux

Professeur à l’écurie de l’Étrat, à Corseul, Gaëlle Soler forme chevaux et cavaliers à l’équitation éthologiqu­e, qui mêle science et techniques de chuchoteur­s.

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Murmurer à l’oreille du cheval

« Non, non, non » , semble vouloir dire Gaëlle Soler à Cochise du Bel-Air. Les yeux plantés dans ceux du grand cheval à la robe pie, le bras tendu, la professeur­e d’équitation agite l’index de gauche à droite. Cochise la regarde… Et recule. Car le cheval sait bien, lui, que Gaëlle lui demande de faire quelques pas en arrière.

D’un geste du doigt ou du buste

Et s’il était prêt à aller plus loin ? Pour la première fois, Gaëlle lui refait faire la même série d’exercices, mais sans longe, cette longue corde qui sert à tenir le cheval. Seulement avec des gestes du doigt, du bras ou du buste, elle réussit à mener la danse. Cochise recule, avance, tourne… Et s’en va grignoter quelques fleurs. Oups… « Il n’a que 5 ans, il est encore

jeune » , tient à préciser Sylvie, sa propriétai­re. Aussi captivants que soient ces exercices, ils ne servent pas à amuser la galerie. Le but est que Sylvie, quand elle monte Cochise, puisse le diriger aussi facilement. Mais cette fois, avec des mouvements du bassin ou des pressions des jambes. Peut-être même arrivera-t-elle à monter son cheval sans les rênes, comme Gaëlle, leur professeur à l’écurie de l’Étrat, à Corseul.

Gaëlle Soler, 45 ans, n’a pas toujours eu des relations aussi

paisibles avec les chevaux. « Je ne les caressais même pas. À 13 ans, on m’a appris qu’il fallait leur faire mal pour qu’ils obéissent. » À 30 ans, alors qu’elle dirige une ferme équestre de 250 cavaliers près de Brest, une jeune salariée lui fait décou-

vrir une autre approche. « J’ai compris que je me plantais de chemin. »

Elle effectue alors un premier stage auprès d’Andy Booth. Cavalier australien installé en France, il a étudié auprès des chuchoteur­s américains, rendus célèbres par le film L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux.

« Il a associé ces connaissan­ces avec celles de l’éthologie, l’étude scientifiq­ue du

comporteme­nt animal » , explique Gaëlle Soler. Cela donne l’équitation éthologiqu­e : comment éduquer ou rééduquer un cheval en prenant en compte sa façon d’apprendre.

Un truc pour amoureux des animaux un peu zinzins ? La technique est reconnue par la fédération française d’équitation. Et quand on demande à Gaëlle Soler si cela rend l’animal plus heureux, elle répond : « Ça reste un cheval, il ne faut pas lui attribuer d’émotions humaines. »

Gaëlle Soler prépare actuelleme­nt son brevet fédéral d’encadremen­t d’équitation éthologiqu­e, toujours auprès d’Andy Booth. Les mercredis et samedis, elle continuera à donner des cours d’équitation à l’écurie de l’Étrat. Le reste du temps, elle interviend­ra désormais auprès d’autres structures, pour former les cavaliers et les chevaux.

Former le cheval et le cavalier

« Je suis intervenue deux fois auprès d’une jument qui ne voulait pas entrer dans son van. Je l’ai rééduquée pendant 1 h 15. La semaine suivante, je l’ai fait entrer en quelques minutes. Puis j’ai formé sa cavalière pour qu’elle y arrive toute seule. »

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À gauche : Yeux dans les yeux, Gaëlle Soler demande à Cochise du Bel-Air de reculer, en bougeant seulement le doigt. À droite : Éduqué par Gaëlle Soler, le cheval pourra peut-être être monté et dirigé sans rênes.

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