Le Petit Bleu

Les nouveaux chevaliers de la Hunaudaye

Avec peu de moyens et beaucoup de débrouilla­rdise, l’équipe parvient à attirer 22 000 visiteurs par an dans les ruines du château moyenâgeux. Sa recette : des initiative­s dans l’air du temps et des expos pointues mais pleines d’humour.

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Des nuits à la belle étoile, des ateliers pour enfants, du cinéma en plein air… Depuis sa restaurati­on, terminée en 2008, le château- fort de la Hunaudaye, situé à Plédéliac, multiplie les bonnes idées pour attirer quelque 22 000 visiteurs par an. « Le château est l’un des sites départemen­taux les plus visités » , explique Frédéric Hamaide, le nouveau directeur.

Dernière initiative : un escape game. Dans ce jeu grandeur nature, les participan­ts sont enfermés dans une salle du château remplie d’énigmes et d’indices. Ils ont une heure pour trouver un trésor et le moyen de s’échapper.

Escape game et quiz néogothiqu­e

Le timing de la Hunaudaye est parfait : la mode des escape games est un plein essor. C’est Guillaume Massé, animateur culturel depuis 2008, qui l’a conçu et mis en place. « Il y a consacré six mois de travail cet hiver » , se souvient le directeur.

Pendant ce temps, Marion Ploquin organisait l’exposition sur le néogothiqu­e, cette période du XIXe siècle où le Moyen-Âge est revenu à la mode. « Un thème assez pointu » , reconnaît Frédéric Hamaide. Objectif : faire en sorte que l’expo ne soit pas ennuyeuse. Pour cela, l’équipe a notamment créé un quiz sur grand écran, façon magazine féminin, grâce auquel on découvre si l’on est plutôt néogothiqu­e, néoclassiq­ue ou orientalis­te. « La Hunaudaye a toujours su toucher ses différents publics. »

Enfants déguisés

L’équipe fait particuliè­rement remuer ses méninges pour faire plaisir aux enfants. En cette belle journée, on en a vu qui suivaient une visite guidée avec des tablettes, sur lesquelles on peut voir le château tel qu’il était au Moyen-Âge. D’autres jouaient avec la maquette en bois installée dans la cour. Beaucoup étaient déguisés. « Ce sont des costumes que nous avons gardés après l’exposition sur les tenues médiévales. »

Quand on demande au niveau directeur d’où viennent toutes ces bonnes idées, il semble balayer la question. « Tout le monde travaille comme ça, dans le secteur de la culture. » Mais vérificati­on faite, seulement un ou deux châteaux bretons ont pris la peine de mettre en place un escape game.

Le dynamisme de la Hunaudaye est d’autant plus remarquabl­e que ses moyens ne sont pas énormes. Le budget attribué chaque année par le départemen­t est de 290 000 €. « Nous n’avons pas encore fini de payer les outils numériques, dont les tablettes, achetés en 2013. Et nous n’avons aucun soutien, voire aucune relation avec la commune de Plédéliac. »

Travailler sans internet

Comble de l’horreur au travail : le château n’a pas internet. « Quand je tiens l’accueil, je ne peux pas profiter des moments calmes pour répondre à mes mails. On m’a parlé d’un raccordeme­nt en 2024… » Et dans ce château en ruine, sans toit, les événements qu’ils organisent pendant des heures risquent toujours d’être annulés à la dernière minute à cause d’une mauvaise météo.

Pas de quoi décourager l’équipe. Arrivé en octobre dernier, Frédéric Hamaide a plein de projets, comme utiliser un mur à moitié écroulé pour faire des spectacles de marionnett­es. Et pourquoi pas faire quelques travaux pour que le pont-levis puisse être relevé !

Des idées qui font mouche et beaucoup de débrouilla­rdise, c’est l’alchimie de la Hunaudaye. Pour mettre les visiteurs à l’abri de la pluie lorsqu’ils piquenique­nt, le directeur est prêt à prendre lui-même la pelle s’il n’y a pas assez de budget pour construire un hangar.

Mais ces efforts paient : « Les visiteurs nous disent souvent qu’ils ne s’attendaien­t pas à tout ça. »

Pratique. Le château de la Hunaudaye est ouvert jusqu’au dimanche 17 septembre, de 10 h 30 à 18 h 30. Réouvertur­e pendant les vacances de la Toussaint, du samedi 21 octobre au dimanche 5 novembre, de 14 h 30 à 18 h.

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