Le Petit Bleu

Paul Le Flour a-t-il vu l’assassin ?

Ce pompiste retraité de Pabu, près de Guingamp, est l’un des deux témoins qui avaient vu le conducteur du fourgon orange volé retrouvé à 4km des lieux du crime.

- (Michel H. en a 24 à l’époque) PYG

En 1986, Paul Le Flour était pompiste à Guingamp. À 74 ans, il ne souvient pas de tous les détails de ce drame de plus de 30 ans. Mais devant la photo du Combi Volkswagen orange, la mémoire se rafraîchit. « Je n’ai plus les dates en tête mais lorsque la police a lancé un appel à témoins dans la presse, concernant ce fourgon, je me suis rendu au commissari­at de Guingamp : je l’avais déjà vu. À son bord, il y avait deux personnes, un homme et une femme, tous deux vêtus de sombre. L’homme, 1,65-1,70m, râblé, la trentaine peut-être, (1) je ne sais pas, m’a demandé une certaine quantité d’essence. À l’époque, les clients ne se servaient pas eux-mêmes. Il n’a dit que le nécessaire et, rétrospect­ivement, je pense qu’il se tournait afin que je ne voie pas son visage. La femme est restée assise côté passager, si bien que je ne l’ai vue que de dos quand je remplissai­s le réservoir. Elle avait les cheveux mi-long, bruns, ondulés. Il a payé. Le véhicule qui venait de la route de Saint-Brieuc, est reparti vers le centre-ville », raconte l’ancien pompiste.

« La plaque pendouilla­it »

Un détail va attirer son attention. « Lorsque le fourgon est passé devant mon bureau vitré, j’ai vu que la plaque d’immatricul­ation de l’avant était détachée d’un côté et pendouilla­it. L’immatricul­ation était peinte à la main ce qui, après coup, ne m’a pas semblé très réglementa­ire. J’ai voulu interpelle­r le conducteur pour le prévenir. Je n’ai pas eu le temps. Je n’y ai plus pensé jusqu’à cet appel à témoin. » Paul Le Flour reconnaît, devant les policiers, le Combi orange retrouvé aux Champs-Géraux, le 25 août 1986, au lendemain du meurtre de Lorraine Glasby et Paul Bellion, dans un champ de Lanvallay.

Le pompiste sera à nouveau interrogé par les enquêteurs, chez lui, 15 ans plus tard, lorsque le nom de Michel H. apparaît parmi leurs suspects. Michel H. a en effet habité à Guingamp dans les années 8384 (comme nous le confirme plus loin son ex-compagne). « Il a été interpellé en 1983 pour vol par escalade à l’auberge de jeunesse de Guingamp avec un complice » explique Pascal Huche. L’enquêteur cherche alors à savoir s’il peut être le conducteur qu’a servi Paul Le Flour, en ce mois d’août 1986, dans sa station-service. « Plusieurs photos m’ont été présentées. Parmi celles-ci, un ou deux hommes pouvaient correspond­re mais je n’ai reconnu personne formelleme­nt. Pour la passagère, cela risquait encore moins puisque je n’ai pas vu son visage », explique le septuagéna­ire, désolé que ce double assassinat n’ait jamais été résolu. « C’est comme pour l’affaire Grégory, j’aimerais qu’on trouve le coupable avant que je quitte ce monde. Forcément, oui, ça m’a affecté d’avoir peut-être croisé celui qui a fait ça. »

Un autre témoin avait répondu à l’appel des enquêteurs, en 1986. « Je l’ai réentendu également en 2001. Lui avait vu deux hommes et une belle femme brune dans le fourgon, à Morlaix » , explique Pascal Huche. L’identifica­tion n’a rien donné. Le policier s’est aussi intéressé à l’ex-compagne de Michel H, envisagean­t qu’elle ait pu être cette femme aux cheveux bruns aperçue dans le fourgon. Démarche vaine également (lire ci-dessous).

 ??  ?? Trente ans après, Paul le Flour, explique dans quel contexte son attention a été attirée par le fourgon VW orange qui venait de faire le plein dans sa station-service, à Guingamp.
Trente ans après, Paul le Flour, explique dans quel contexte son attention a été attirée par le fourgon VW orange qui venait de faire le plein dans sa station-service, à Guingamp.

Newspapers in French

Newspapers from France