Le Petit Bleu

Il avait tenté d’étouffer sa mère avec un oreiller

Un homme était jugé par le tribunal de Saint-Malo, jeudi dernier, pour avoir tenté d’étouffer sa mère avec un oreiller. Récit d’une soirée qui a failli virer au drame.

- Sa. S

« Allo la gendarmeri­e, venez vite, j’ai essayé de tuer ma mère ». Il est 2h du matin, dans la nuit du 10 au 11 juin 2015, quand les militaires de Matignon, dans les Côtes d’Armor, intervienn­ent au domicile d’une dame de 79 ans, habitant Saint-Cast. L’homme de 50 ans qui les a appelés est là, assis par terre, une bouteille de vin blanc à la main. Il est ivre.

« Mais qu’est-ce que j’ai fait »

Quelques instants plus tôt, après avoir vidé une bouteille de whisky avec sa mère ( ils avaient tous les deux plus de 2 grammes d’alcool dans le sang), il l’avait aidée à se coucher dans son lit. « Et puis je suis revenu dans sa chambre. J’ai pris un oreiller et je l’ai appuyé sur sa tête. Je l’ai pressé de toutes mes forces. Ses jambes se sont mises à gigoter puis plus rien… Elle respirait encore. Je me suis dit : mais qu’estce que j’ai fait » .

Les gendarmes priés de partir !

Quand les gendarmes poussent la porte de la chambre, la septuagéna­ire a le visage toujours recouvert par l’oreiller. Ils s’approchent, lui parlent. La victime se réveille et surprise, enguirland­e les gendarmes ! Elle ne comprend pas ce que les militaires font près de son lit et leur demandent de déguerpir. « Pour elle, il n’y avait pas eu de violences. Elle ne s’est rendu compte de rien » , fait remarquer l’avocat du fils, Me Drean.

Et pourtant, elle a bien failli mourir cette nuit-là. Des mains d’un fils que les enquêteurs sociaux décrivent comme « attachant, gentil et volontaire » mais aussi « pouvant être menteur et violent avec l’alcool » .

Pour la justice, il s’agit désormais de comprendre comment cet homme a-t-il pu commettre ce geste « si brutal et inattendu » ?

Le vilain petit canard de la famille

Un « court-circuit mental » avance son avocat, après que son client eut passé la soirée à s’être « remémoré des souvenirs particuliè­rement douloureux » , rappellent les experts psychiatri­ques.

Patrice n’avait plus revu sa mère depuis six ans. Lui, l’enfant mal-aimé de la fratrie d’après ses dires, qui n’était pas « désiré » : « Ma mère me l’a souvent répété. Quand elle était enceinte de moi, mon père la poussait dans les escaliers pour qu’elle perde le bébé » .

Livré à des pervers par son père

Patrice raconte aux juges une enfance chaotique. Sa mère, dit-il, buvait tellement « qu’elle se couchait défoncée à 17h » . Et puis, il y a surtout ce père « qui me punissait à coups de ceinturon » et « m’emmenait dans les bois à la sortie de l’école, où m’attendaien­t d’autres hommes » , jure le prévenu à la barre.

C’est l’évocation, ce soir-là, de ce passé sordide qui aura mis le feu aux poudres entre la mère et son fils, entraînant ce dernier à commettre presque l’irréparabl­e.

Pour la justice, il n’est pourtant plus question de « tentative de meurtre sur ascendant » mais de « violences aggravées » . Une requalific­ation des faits qui n’a pas empêché Patrice, mis en détention provisoire dans le cadre de cette affaire, de retourner en prison. Pour avoir tenté d’étouffer sa mère, il a été condamné à une peine de 5 ans de prison, dont trois années ferme.

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