Le Petit Bleu

Tété : « Le poète m’inspire, d’où qu’il soit »

Le chanteur sera au festival des Arts Sonnés, vendredi soir, à Saint-André-des-Eaux. Rencontre.

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Vous êtes né à Dakar. En wolof, votre prénom signifie le guide. Quel message voulez-vous délivrer aux jeunes de 2017 ?

En fait, mon prénom ne signifie pas le guide en wolof. C’est une informatio­n fausse, reprise en boucle depuis des années. Ceci dit, je souhaite aux jeunes en 2017 de cultiver cette passion de la culture et du bien vivre ensemble qui m’a, pour ma part, porté depuis mes débuts. Vous avez quitté Dakar pour vous installer à Bordeaux, puis vous fixer à Saint-Dizier (HauteMarne). Êtes-vous toujours en errance ?

Cela n’a pas été une errance. Quand j’avais 2 ans, nous sommes simplement retournés à Bordeaux, où ma mère est née et où sa famille vivait, avant de partir à Saint-Dizier, trois ans plus tard. J’y ai vécu de 5 à 19 ans. C’est finalement de là que me viennent mes racines les plus fortes. La première guitare et la Haute-Marne, qui résonnent encore en moi, tous les jours. Vous avez étudié le solfège et le violon. Par la suite, vous avez aussi été influencé par Dylan, Hendrix, Marley, Kravitz, Gainsbourg ou Queen. Qui êtes-vous, musicaleme­nt ?

Violon et solfège n’ont été qu’une parenthèse de deux ans dans mon enfance, dont il ne me reste finalement pas grandchose, à mon grand regret. Le lien entre Dylan, Hendrix et les autres reste le blues, les mélodies et les histoires que j’aime raconter. Dans votre chanson, Fils de Cham, vous appelez à boire aux Maures et aux gisants. Vous invitez à boire au « bal des chimères ». Vous définissez-vous comme un poète engagé ou un philosophe inspiré ?

Nous sommes tous engagés, en tant que citoyens, sur une voie dont on ne sait pas où elle nous mène. Je me vois plus comme un chroniqueu­r d’un certain état de fait : nous sommes la dernière génération à pouvoir agir pour prévenir les dégâts irréversib­les du changement climatique. Vos origines familiales se partagent entre les Antilles - votre maman - et le Sénégal - votre papa. Vous sentez-vous, Aimé Césaire ou Léopold Sédar Senghor ?

Je suis le fruit de tous les gens que j’ai aimés et qui m’ont aimé. Le poète, d’où qu’il soit, m’inspire. Mais ma préférence est toujours allée aux chemins de traverse. C’est la raison pour laquelle l’idée de la Louisiane a toujours été importante pour moi : c’est l’esprit du blues qui plus que de séparer, résume à lui seul toutes ces influences. Et Léo Ferré ? Vous a-t-il inspiré ?

Ma grand-mère était anglo- phone. Du coup, nous n’écoutions pas de chanteurs francophon­es à la maison, quand j’étais enfant. Je suis venu à l’écriture de chansons par la littératur­e. Ce n’est que bien plus tard que j’ai découvert les Brel, Brassens, Gainsbourg et consorts. Il faut absolument que j’écoute Ferré un jour, ceci dit.

« Nous sommes tous engagés »

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Tété, tête d’affiche du festival des Arts Sonnés, ce week-end.

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