Focus sur Le départ des sardiniers de Jean-Haffen
Frédéric Bonnor, directeur des musées de Dinan, présente une linogravure d’Yvonne Jean-Haffen, exposée jusqu’au 30 septembre.
Si l’artiste Yvonne JeanHaffen a sans doute acquis au début de sa formation artistique quelques rudiments de gravure, c’est Mathurin Méheut qui lui fait découvrir, peu après leur rencontre, la puissance graphique de cette technique. Il l’initie particulièrement à la gravure sur linoléum et l’encourage à explorer ce procédé d’impression, qu’elle affectionne aussitôt.
Alors qu’elle réalise son premier voyage en Bretagne en 1926, Yvonne Jean-Haffen découvre le port de Doëlan d’où elle rapporte une moisson de croquis et d’études, à partir desquels elle compose plusieurs linogravures, notamment L’arrivée des sardiniers à Doëlan, Au port de Doëlan et Le départ des sardiniers.
« La force du graphisme simplifié »
Le départ des sardiniers met en scène plus d’une dizaine de chaloupes, sur lesquelles ont embarqué, ou sont en train d’embarquer, des pêcheurs à la sardine. L’un d’eux occupe le premier plan, il dégringole les rochers de l’anse de Doëlan pour rejoindre son embarcation, tenant fermement deux paniers en osier.
Yvonne Jean-Haffen choisit un point de vue en contre-plongée, ignorant presque l’existence du ciel et donnant toute sa force au bras de mer qui forme l’anse et dont les courants sont reproduits par une multitude de traits horizontaux.
Aux horizontales des frémissements de l’eau s’opposent les vigoureuses verticales des mâts des chaloupes, qui semblent osciller au gré des mouvements de l’eau.
Le départ des sardiniers fait partie d’une série de linogravures qu’Yvonne Jean-Haffen expose au Salon des Artistes Décorateurs en 1927. Sa technique est appréciée par la critique qui souligne, en particulier, « la force du graphisme simplifié » des estampes. Sans conteste, son trait est spontané, affirmé et assuré.
La même année, convaincu par les talents de décoratrice de son élève, Mathurin Méheut présente Yvonne Jean-Haffen au président- directeur de la compagnie de paquebots Les Messageries Maritimes, Georges Philippar. Elle lui soumet cette série de linogravures célébrant la vie des pêcheurs finistériens. Ce dernier en choisit six pour un paquebot sur le point d’être mis en service : l’Athos II.