Le Petit Bleu

Les mésaventur­es d’un couple de propriétai­res malouins

Alain et Michelle Salorne ont retrouvé cet été l’appartemen­t qu’ils avaient mis en location, boulevard des Talards à Saint-Malo, dans un état épouvantab­le. Rien que pour le nettoyer, la facture s’est élevée à près de 2 000 euros.

- Sa. S

La diffusion de leurs photos dans la presse et sur les réseaux sociaux, au début de l’été, a fait le tour de France. Il faut dire que la vision de leur appartemen­t, situé boulevard des Talards à Saint-Malo, est alors apocalypti­que.

Des boîtes de pizzas empilées, formant une tour branlante « plus haute qu’un homme » s’entassent dans un coin de la pièce. Le sol est jonché de déchets en tout genre. Sur le matelas, recouvert de détritus, un maigre espace permettait au locataire des lieux de s’allonger sur une literie souillée. L’accès à la douche est bouché par les déchets. Les toilettes ? « Le pire » , se souvient Michelle Salorne, la propriétai­re des lieux. Une « puanteur indescript­ible » s’en échappe. La cuvette est surmontée d’une montagne de déjections.

« Un monsieur charmant »

« Un choc » . « Inimaginab­le » . Quand ils découvrent leur appartemen­t dans cet état épouvantab­le, au début de l’été, Alain et Michel Salorne ne réalisent pas. « J’avais fait de cet appartemen­t un véritable petit nid douillet. Notre locataire, qui y était installé depuis six ans, m’avait toujours fait bonne impression. Un monsieur charmant, posé, instruit et propre en apparence. Quelqu’un d’inséré, travaillan­t dans un bureau. Nous n’avions jamais eu le moindre problème avec lui. Il nous payait toujours son loyer en temps et en heure » .

Ni eau, ni électricit­é pendant 6 ans

Les choses se sont gâtées quand ce couple de propriétai­res, originaire de la région parisienne, informe le locataire qu’ils veulent récupérer leur bien, pour l’habiter ou le vendre. « Impossible alors d’entrer en contact avec lui. Nous avons fini par lui envoyer des lettres recommandé­es qu’il n’allait pas chercher » . Il finira pourtant par déposer les clés dans la boîte aux lettres de l’agence immobilièr­e, qui servait d’intermédia­ire. C’est ce jour-là que les Salorne découvriro­nt l’impensable.

« Les seules choses que l’on a retrouvées en bon état, c’est la vaisselle dans les placards. Elle était impeccable. Il n’y avait jamais touché. Elle était rangée exactement comme je l’avais laissée six ans plus tôt » . Le balai et la pelle achetés à l’époque sont à l’état neuf également. Les Salorne comprennen­t aussi que leur locataire n’a jamais souscrit le moindre abonnement pour avoir l’eau et l’électricit­é. « Il a vécu sans pendant six ans. C’est fou » , raconte Alain. « On s’est rendu compte aussi qu’il n’avait jamais ouvert son courrier » .

Une semaine de nettoyage intense

Il aura fallu plus d’une grosse semaine à la société de nettoyage Clean Émeraude à Plerguer et à son patron Sébastien Grignon, le corps recouvert par une combinaiso­n et le visage protégé par un masque, pour tout nettoyer et débarrasse­r les lieux.

Syndrome de Diogène ?

Passés le choc et la colère d’avoir retrouvé leur bien en si piteux état, Alain et Michelle Salorne font aujourd’hui les comptes : « 1 800 euros seulement pour le nettoyage. Avec les peintures à refaire et les meubles foutus, la facture devrait s’élever à quelques milliers d’euros » . Facture qu’ils entendent bien faire régler par leur ancien locataire qu’ils ont revus, depuis, sur son lieu de travail. « On lui en veut bien sûr mais ça s’arrête là. Il a tenu parole et nous a remboursé les frais de nettoyage. Depuis cet épisode, on a été contacté par d’autres propriétai­res qui avaient connu pareille mésaventur­e. On pense que notre ancien locataire est malade. Son attitude rappelle celle de personnes souffrant du syndrome de Diogène ( un trouble du comporteme­nt qui entraîne souvent ceux qui en sont victimes à se négliger et à entasser des objets) » , raconte Michelle.

Cette mésaventur­e laisse aussi un goût amer à son mari Alain : « Nous sommes de petits propriétai­res. Rien ne nous protège. On se sent démunis dans ce genre de situation qui n’offre que peu de recours possibles… »

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L’accès à la salle de bains et à l’escalier était condamné par des montagnes de déchets quand Alain et Michelle Salorne ont découvert leur appartemen­t. Des boîtes de pizzas formant une tour branlante s’entassaien­t également dans un coin du salon.

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