Le Petit Bleu

Dinan et Léhon unissent leurs destins

29 voix pour, 2 contre. Vendredi, le conseil municipal a donc entériné la fusion avec Léhon par une très large majorité. La question a surtout divisé… l’opposition.

- Bernadette RAMEL

Il n’y avait pas vraiment de suspense, vendredi 29 septembre, au conseil municipal de Dinan. Une majorité écrasante (29 pour, 2 contre) s’est en effet prononcée pour la fusion avec la commune de Léhon. On y délibérait aussi, au même moment (19 pour, 4 contre). Les deux votes vont donc aboutir la création d’une « commune nouvelle » , appelée Dinan, dès le 1er janvier 2018.

Une décision « historique » pour certains, et à tout le moins « importante », pour le maire Didier Lechien. « Voilà près de 50 ans que la création du « grand Dinan » occupe les esprits, revient à chaque campagne électorale, soulève les passions » , a-t-il déclaré, en rappelant les quelques tentatives qui ont échoué depuis les années 60. Le projet d’une ville nouvelle à 5 (et à 25.000 habitants) figurait dans les programmes des quatre listes en présence à Dinan lors des municipale­s de 2014. Lanvallay, Quévert et Taden n’ont finalement pas donné suite. Alors le processus s’est engagé à deux. « C’est par l’exemple que nous convaincro­ns nos collègues des communes voisines de nous rejoindre quand ils seront prêts » , se persuade Didier Lechien.

Une démarche exemplaire ?

La minorité, désormais recomposée, a exposé ses divergence­s. L’ancien opposant Bruno Bertier, fervent défenseur de la fusion, a exprimé son « émotion » et salué « la démarche qui s’est voulue exemplaire » et « non partisane » . Jean Gaubert a été

nettement plus mesuré : « Je ne suis pas sûr de ressentir une émotion folle. Il va falloir garder les pieds sur terre […] Notre travail a-t-il été exemplaire ? C’est

la suite qui le dira. Nos concitoyen­s n’ont exprimé ni défiance, ni enthousias­me : ils sont restés à l’écart et ils étaient très

peu aux réunions publiques. » L’ancien député a aussi des réticences sur le contenu

de la charte de la commune nouvelle « que nous avions considérab­lement élaguée il y a quinze jours et qui a repoussé entre temps ». « Ce document va être lourd, il est presque trop précis. Ce n’est pas une vraie charte, mais presque un programme politique. Devant nous, il y a beaucoup de choses à faire, et il faudra réussir, éviter toute condescend­ance. Il en va de l’envie qu’on donnera aux autres de nous rejoindre après 2020. » Michel Forget critique aussi la charte mais surtout le processus de concertati­on. « Ça reste une histoire d’élus et de gens qui sont au fait des affaires […] Au lieu de prendre le temps du débat, d’une co-constructi­on avec les citoyens, vous avez comprimé le calendrier pour tout faire passer en 9 mois. » Pour l’écologiste, il aurait fallu engager la réflexion avec les communes voisines, « mais pas simplement avec les élus » , puis « l’échéance des élections municipale­s en 2020 serait venue clore démocratiq­uement ce processus » . Stéphanie Missir a déploré, pour sa part, l’absence de référendum. Et fustigé

certaines motivation­s : « Vous voulez le Grand Dinan pour être « plus forts », pour « peser » au sein de l’aggloméra- tion : quelle image cela donne-t-il de la démocratie ? […] Pour ma part, je n’attends pas ça depuis 50 ans, arrêtez de vous gargariser de grands mots. »

Propos qui ont fait sortir Didier Lechien

de ses gonds : « Je ne me gargarise pas de mots ! Ça fait 50 ans qu’on en parle, et c’est une réalité. Grossir n’est pas une volonté, c’est un besoin. Pourquoi avons-nous perdu le tribunal, la Banque de France, le commissari­at ? Pourquoi notre hôpital fonctionne-t-il en communauté avec Saint-Malo ? On peut choisir la politique de l’autruche, mais la réalité, c’est qu’il faut se battre pour la ville. Tout le territoire, y compris les communes rurales les plus éloignées, a besoin d’une ville-centre forte, c’est un principe de base de l’aménagemen­t du territoire. »

Le vote ne s’est déroulé ni à mains levées ni à bulletins secrets : tour à tour, chaque conseiller a été invité à dire « oui » ou

« non » au micro. Seuls deux d’entre eux ont prononcé « non » : Michel Forget et Stéphanie Missir. Le résultat du vote a été applaudi, énergiquem­ent par certains, mollement par d’autres…

« Ça reste une histoire d’élus »

« La réalité, c’est qu’il faut se battre pour la ville »

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Les élus de Dinan ont annoncé leur vote au micro, un par un, puis applaudi le résultat. Les élus de Léhon ont voté à mains levées.

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