Le déporté oublié aura son nom sur le monument aux morts
Marcel Lenoir a été déporté à l’âge de 16 ans et sa mort, dans un camp d’extermination polonais, n’a été officielle que 64 ans plus tard. Son nom sera ajouté, le 11 novembre, sur le Monument aux Morts de Taden où il a vécu.
Marcel Lenoir est né le 6 mars 1927 à Dinan. Après le décès de sa mère en novembre 1939, il s’installe chez ses grands-parents maternels Ernestine et Henri Leroux, route du cimetière à Taden, actuellement 6, rue des Grèves. Il n’a que 12, 13 ans mais travaille dans une ferme à Taden. À l’époque, on a besoin de maind’oeuvre : les hommes sont à la guerre.
En 1943, Marcel Lenoir est arrêté à Dinan, entre le 16 et 18 mai 1943 (il a 16 ans) par les autorités allemandes. Pour des raisons qui sont restées inconnues, explique Marie-France Delachienne, une cousine germaine.
Il est interrogé et transféré à Compiègne. Le 25 juin, il est intégré dans un convoi de 999 hommes partant le jour même de la gare de Compiègne : direction le camp de Buchenwald. Marcel Lenoir devient le matricule 14.205. Puis il est envoyé à Karlshagen dans l’île d’Usedom, il devient le matricule 4.798. Ce site, centre d’études et usine de fusées, dépendant du camp de Ravensbrück, est bombardé par l’armée anglaise.
Le 13 octobre 1943, les survivants sont renvoyés à Buchenwald. Marcel devient le matricule 22.932, et est transféré aussitôt à Dora. Ce camp a une réputation de « dévoreur d’hommes. » Sur les 60.000 personnes qui y furent déportées, la moitié mourut. Dans des conditions horribles de travail, de vie et de mort, les prisonniers vivent en permanence dans des tunnels sans pouvoir sortir. Le 15 janvier 1944, le jeune homme est dirigé sur le camp d’extermination du Lublin en Pologne. Il y décède dans l’anonymat le plus complet.
« C’est en 2010 lors de recherches généalogiques, que j’ai appris qu’il avait été déclaré mort le 20 janvier 1944, par un jugement du tribunal de grande instance de Dinan du 2 juillet 2008 (soit 64 ans après) suite à une demande faite par l’association ’ Les Amis de la Fondation pour la mémoire de la déportation des côtes du Nord’. Notre famille ignorait tout de son arrestation », explique MarieFrance Delachienne. Celle-ci a donc fait une demande auprès de la commune de Taden afin que le nom de Marcel Lenoir soit inscrit sur le monument aux morts. Une plaque sera inaugurée à cet effet le 11 novembre prochain.