Le Petit Bleu

Ces ’petites choses’ si pesantes

Dégradatio­ns dans les bourgs, adjoint qui démissionn­e après avoir été pris à partie par des concitoyen­s, poubelles que l’on dépose n’importe où… nos comporteme­nts sont-ils moins civiques qu’autrefois ?

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Jean-Paul Leroy à Pleslin-Trigavou et Pierre Lecaillier à Créhen : ils sont deux maires à avoir piqué une colère, cet été, face aux incivilité­s commises dans leurs communes. Deux anciens profs qui préfèrent la pédagogie à la répression… tout en employant des méthodes peu orthodoxes.

L’été dernier, « des ados ont pénétré par effraction dans le groupe scolaire GeorgesHer­vé de Pleslin-Trigavou. Ils ont tagué les murs, volé trois extincteur­s, vidé leur contenu au terrain des sports » . Pour

Jean-Paul Leroy, « il ne s’agit pas, là, d’incivilité­s. C’est de la délinquanc­e. Les incivilité­s ce sont les petites choses, le manque de respect du citoyen pour la collectivi­té » . Pourtant, le maire de Pleslin-Trigavou reconnaît que ceux contre qui il a pesté, l’été dernier, ne sont pas des délinquant­s. Mais ils ont dépassé les bornes. Cet ancien prof du technique est allé les voir, sur leur terrain de jeux, au city-park, pour leur dire sa façon de penser.

Lettre ouverte aux parents

Parfaite symétrie du côté de Créhen, où le maire, Pierre Lecaillier n’a pas mâché ses mots. Dans une lettre ouverte, l’ancien professeur (lui aussi) demandait aux parents de mieux surveiller leurs enfants. Car pour lui, pas de doute, ce sont également des ados qui ont commis des dégradatio­ns au complexe sportif et à la salle des fêtes de sa commune. « Ces rencontres sont sûrement sympathiqu­es, mais très vite elles dégénèrent. On fume, on boit, on retrouve des mégots partout, des bouteilles jetées n’importe où… » . Des murs avaient été tagués, les planches de la buvette avaient été brûlées, le terrain de foot avait servi de piste pour les

scooters. « Quelle déception de voir cassé ce qui est tout neuf. Merci aux parents de surveiller leurs enfants »

Des enfants à qui il a rendu visite, tout comme son homologue de Pleslin-Trigavou. Les deux retraités ont le même regard sur ces jeunes qu’ils ont eux- mêmes été et qu’ils ont cotoyés tout au long de leurs carrières respective­s. « Cela m’a rajeuni de les voir » , avoue

Jean-Paul Leroy. « J’ai commencé par les gronder puis, c’est ma méthode, nous avons discuté. L’un d’entre-eux m’a dit qu’il manquait une boîte de nuit à Pleslin-Trigavou ! » Le maire est parti apaisé ; a croisé l’un d’entre-eux, quelques jours plus tard et apprécié qu’il le salue. « Depuis, il n’y a plus de

bouteilles cassées » , se réjouitil, tout en constatant, quelques instants plus tard, que ce n’est pas très reluisant autour de la poubelle du city-parc.

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Jean-Paul Leroy, devant le city-stade où des groupes se rassemblen­t l’été et croient que leurs déchets vont aller tout seuls à la poubelle.

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