La pause s’impose chez les facteurs
Face à l’érosion du courrier, La Poste est en pleine mutation, invente de nouveaux services et se réorganise. Mais l’usager est-il forcément gagnant ? Abonnés à des journaux, des usagers se plaignent de retards fréquents. A qui la faute ?
La démonstration est imparable. Depuis le mois de Juillet, Henri Faucheur, de Léhon, recense le nombre de fois où son journal quotidien, l’Humanité n’est pas arrivé dans les délais, à sa boîte aux lettres. Parallèlement, quatre autres personnes de sa connaissance (de Lanvallay, Quévert, Pleudihen et Calorguen), également abonnées, lui signalent tout dysfonctionnement par SMS ou courriel.
28 retards pour cinq abonnés
Depuis le 12 juillet, 28 problèmes ont été recensés par les cinq usagers qui en déduisent que d’autres lecteurs de journaux nationaux ont les mêmes déconvenues : « Cela va du quotidien qui n’arrive que le surlendemain à l’hebdomadaire (L’humanité Dimanche) qui a trois jours de retard. Alors que ce dernier doit nous parvenir le jeudi, on le reçoit le samedi. C’est d’ailleurs à cause des retards que l’Humanité avait décidé, il y a quelques années, de publier son hebdo le jeudi au lieu du samedi car il arrivait souvent après le dimanche ! » Le ’pompon’ revient à une habitante de Quévert. Sur deux semaines, au mois de juillet, son journal a fait défaut à cinq reprises. Une édition du quotidien et de l’hebdo ne lui est même jamais parvenue !
Les conséquences
Pour Henri Faucheur, c’est, antinomique de recevoir un quotidien le jour d’après, « surtout à l’heure d’internet et des chaînes d’information continue : les nouvelles ne sont plus très fraîches. Pour un hebdo, un retard est moins grave, c’est une autre forme d’information et on peut le lire sur plusieurs jours, attendre le week-end » . Rien n’est moins sûr, vu le nombre d’abonnés mécontents (à juste titre) à la suite de deux semaines catastrophiques, rencontrées par la distribution du Petit Bleu récemment.
Mission de service public
Quoi qu’il en soit, le retraité, militant politique, estime que la Poste doit respecter les délais auxquels elle s’est engagée en fonction de ses tarifs. Et accomplir ses missions de service public au rang desquelles figure la distribution de la presse. Pour Michel Guillaudeau, abonné de Pleudihen-sur-Rance, « la Poste doit non seulement respecter l’usager mais aussi l’activité commerciale des journaux qui risquent de subir des désabonnements » .
La Poste pas convaincue
Selon Thierry Rioche, directeur de la plateforme distribution courrier de Dinan, l’origine du problème évoqué par Henri Faucheur, (qu’il a reçu en octobre dernier) n’est pas éclaircie. « Nous n’avons pas rencontré de problèmes semblables avec d’autres quotidiens nationaux. Exceptionnellement nous regarderons, pendant plusieurs jours, de près si la liasse de quotidiens l’Humanité qui transite par le centre de Saint-Jouan des Guérets est complète. » Sous entendu, le journal pourrait être lui-même responsable des dysfonctionnements. Un argument que la Poste a également employé pour répondre par écrit à un abonné du Pays Malouin qui se plaignait des délais d’acheminement. Fréquemment, des abonnés du Petit Bleu font aussi part de ces retards. Si la Poste rejette à chaque fois la faute sur l’éditeur, le problème risque de durer longtemps ! Elle admet cependant être fautive pour les gros retards subis courant novembre : à deux reprises, l’hebdomadaire du Pays de Dinan avait été oublié sur la Plateforme industrielle du courrier, de Rennes. Il s’agit d’un énorme centre de tri par lequel transitent les plis de quatre départements. Vous postez une lettre à Dinan à destination de Dinan, elle fera un détour de plus de cent kilomètres pour arriver à bon port !
La Poste souligne que, depuis longtemps, les quotidiens locaux privilégient le portage qui assure la livraison à 7h du matin chez soi. Les volumes de journaux nationaux sont, quant à eux, plutôt faibles mais les distribuer reste bel et bien une de ses missions de service public.