Le Petit Bleu

Un homme arrêté pour viol

Auteur présumé d’un viol commis en avril 2015, un homme de Dinan a été mis en examen et écroué. Entre-temps, sa victime s’était donné la mort. Sans doute parce qu’elle ne parvenait pas à surmonter cette horrible épreuve.

- P.C.

Un homme de 49 ans domicilié à Dinan a été interpellé à Rennes le dimanche 19 novembre. Il est soupçonné d’être l’auteur du viol sur une jeune femme de 25 ans au moment des faits, dans la nuit du 24 au 25 avril 2015, entre Trébédan et Vildé- Guingalan. Il a été mis en examen et écroué. Il risque 20 ans de prison.

Suicidée plus d’un an après les faits

Plusieurs mois après les faits, en août 2016, la victime, qui habitait dans le secteur d’Evran, s’était suicidée. Selon certaines sources, non confirmées par le Parquet de Saint-Malo, elle aurait, dans une lettre, expliqué son geste fatal par le traumatism­e profond qui continuait de la hanter plus d’un an après son agression.

Une agression survenue vers 6 heures le dimanche 25 avril 2015, une semaine après un autre viol commis celui-là dans la commune voisine de Trélivan (et pour laquelle un autre homme a été mis en examen en juin dernier).

La jeune femme sortait d’une soirée passée chez des amis. Elle avait préféré en partir. Seule et à pied. Sur une petite route de campagne entre Trébédan et Trélivan, elle avait été abordée par un inconnu circulant en voiture, qui l’avait entraînée, sous la menace d’un couteau, dans un bosquet pour la violer après l’avoir dépouillée de ses vêtements et rouée de nombreux coups. Elle était malgré tout parvenue à s’enfuir. C’est ce qu’elle avait expliqué aux gens chez qui elle avait trouvé refuge dans une maison proche, au village de Boculé, un hameau de Vildé-Guingalan situé entre Trébédan et Trélivan.

Le couple de retraités qui l’avait recueillie avait décrit une femme terrorisée, qui donnait l’impression d’être poursuivie, demandait de l’aide en criant que quelqu’un voulait la tuer. La victime n’avait plus sur elle qu’un simple T-shirt. Elle saignait des bras et des jambes.

Sur la jeune femme avaient été retrouvées des traces d’ADN du violeur. Confrontée­s au fichier des auteurs d’infraction­s sexuelles, elles n’avaient permis aucun recoupemen­t. Au cours de cette longue enquête, les gendarmes de la brigade des recherches de Dinan, sur la base de relevés de téléphonie, avaient aussi procédé à 400 prélèvemen­ts d’ADN (sans rapport avec ceux effectués dans l’affaire de Trélivan) sur des hommes habitant la région de Dinan, mais sans qu’aucun rapprochem­ent, là non plus, ne puisse être constaté avec l’ADN de l’agresseur.

C’est grâce à une « tech

nique novatrice » , appelée « recherche en paternalit­é », que les investigat­ions ont conduit

vers l’auteur présumé. « Cette méthode consiste à retrouver dans le Fichier national

des empreintes génétiques ( FNAEG) les ascendants et descendant­s directs de l’auteur d’une trace ADN incon

nue », a expliqué Christine Le Crom, Procureur de la République à Saint-Malo, qui a lancé cette procédure en juin dernier.

Dans le FNAEG figurent les empreintes ADN des personnes ayant fait l’objet de condamnati­ons, y compris pour des faits autres que des agressions à caractère sexuel. L’ADN du violeur de Trébédan a ainsi pu être rapproché avec celui d’un membre de sa famille figurant dans ce fichier.

Dans un premier temps, ce sont 32 profils « intéressan­ts » qui ont été ciblés par les gendarmes à la suite de ces tests en parentalit­é. Mais l’un d’eux a plus particuliè­rement attiré l’attention, celui d’un Dinannais de 49 ans correspond­ant au signalemen­t fait par la victime de son agresseur.

Déjà mêlé à une affaire de viol

C’est lui que les enquêteurs ont donc interpellé à Rennes le dimanche 19 novembre. Dans les locaux de la section de recherche, l’homme a reconnu être l’auteur de l’agression. Mais il aurait affirmé que la jeune femme était consentant­e. Il a été mis en examen des chefs de viol commis sous la menace d’une arme et placé sous mandat de dépôt.

Sur son casier judiciaire ne figuraient jusqu’alors que quelques mentions « essentiell­ement pour des délits routiers », selon Christine Le Crom. Mais en 1994, il avait déjà été mêlé à une affaire de viol, sur une mineure, à Saint-Malo. À l’époque, il avait bénéficié d’un non-lieu, « faute d’éléments suffisants contre lui ».

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C’est dans le village de Boculé, en Vildé-Guingalan, que la jeune femme avait trouvé refuge après son agression, non loin de là.
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Le commandant Grafouillè­re, en charge de la compagnie de gendarmeri­e de Dinan ; et Christine Le Crom, Procureur de la République au tribunal de Saint-Malo.

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