Une mine inépuisable de récits
Le 37e Pays de Dinan, revue annuelle, vient de sortir. Avec toujours, des histoires passionnantes qui se sont déroulées dans la région.
La couverture.
C’est un détail d’une peinture attribuée à Peter Hawke, qui a vécu à Dinan, de 1851 à 1858. Elle représente le secteur du vieux pont à Léhon, « un clin d’oeil à la fusion de Dinan et Léhon, en 2018 », explique Blandine Maufrais qui travaille sur cet ouvrage avec Loïc-René Vilbert, bibliothécaire et directeur de la collection et la quinzaine de personnes qui ont participé à l’écriture de l’ouvrage.
Une grande dame du piano à Kerrosen.
MarieClaire Mussat qui a déjà consacré un ouvrage au pianiste Henri Kowalski, s’intéresse à une autre artiste qui fréquenta le fameux château de Kerrosen, situé entre Taden et le port de Dinan. Sophie Dulcken, née en 1835 à Londres était une pianiste précoce qui fit sa première représentation dans sa ville natale à l’âge de 7 ans. À dix ans, elle entamait une première tournée en Allemagne et se produisit avec sa soeur qui jouait du concertina (un instrument assez proche du bandonéon). Sa carrière internationale s’interrompit brutalement pour cause de… mariage avec le prince polonais Guillaume Radziwill. Le couple habita Dinard mais c’est à Kerrosen que la princesse s’établit, en 1866, lorsque son mari, malade, est soigné aux Saint-Jean de Dieu où il finira ses jours. La dame donne alors des concerts privés dans ce joli domaine.
Trois enfants juifs aux Cordeliers pendant la seconde guerre.
L’ancien journaliste Yannick Boulain raconte comment le chanoine Meinser, directeur de l’établissement privé de Dinan, a caché une fratrie de trois enfants juifs de janvier 1942 à juin 1944, au sein des autres élèves. L’auteur a pu interviewer l’un des trois enfants qui vit aujourd’hui à Paris.
Henriette Piro, Walter Bergemann et Suzanne Delcorte : trois héros de l’ombre.
Encore une histoire incroyable de l’Occupation. L’hôtel de Paris et d’Angleterre, rue Thiers à Dinan (il deviendra le bâtiment d’EDF pendant des décennies) est tenu par Henriette Piro et Walter Bergemann qui est d’origine allemande. Tous deux avaient une pension de famille, à Saint-Lunaire mais ont été délogés par les Allemands. Et rebelote quand ils sont à Dinan : les Allemands en font leur mess des officiers. Cependant, le couple continue à y travailler ainsi que leur employée, Suzanne Delcorte. Et tous trois, glanent, l’air de rien des informations. Ils font partie du réseau Centurie de l’abbé Barré et du réseau Jade Amicol. Ils hébergent quatre aviateurs américains dans les caves de l’hôtel. Mais se font pincer le 8 mai 1944 par les Allemands. Heureusement pour des faits plus anecdotiques. Ce qui ne les empêche pas d’être envoyés en déportation… Heureusement, encore, le train qui les emmène s’arrêtera à Belfort : c’est la Libération ! Pour autant, le retour sera difficile, du fait de sa nationalité allemande, Walter Bergemann est mal vu et quitte Dinan pour Saint-Lunaire. Il n’obtiendra sa nationalité française qu’en 52 soit quatre ans après la demande. Un récit de Jean-Claude Cloarec.
Prisonniers de guerre allemands en pays de Dinan.
À la fin de la guerre, un million d’Allemands sont prisonniers en France. Gilles Bourrien, professeur d’histoire à la Fontaine des Eaux évoque le ’commando communaux’ chargé de reconstruire une route entre Plouasne et Le Quiou et les prisonniers qui travaillaient dans les fermes du coin et ont lié amitié avec les habitants.
Henri Aubry, maire de Dinan sous l’Occupation et l’affaire David Blum.
L’État vichyste demande la révocation du maire qui n’a pas dénoncé le fait que David Blum ne porte pas systématiquement son étoile jaune.
Le tombeau de Marot des Alleux.
Anne Subert, historienne d’art et guide conférencière reconstruit, en partie, le puzzle de ce tombeau monumental, détruit après la Révolution, dont on connaît cinq fragments répartis dans différents sites dinannais. Marot des Alleux était un sénéchal de Dinan décédé en 1627.
Les marques de marchand à Dinan au XVIe siècle.
Il en existait cinq différentes lorsque le lin et le chanvre ont contribué à l’essor économique de la ville, relate Yvon Le Corre.
Les bienfaiteurs de l’hospice et hôpital de Dinan.
Une plaque sur laquelle leurs noms sont gravés a été installée dans la médiathèque de Dinan. Christine et Pascal Destouches nous en disent plus sur 32 des 35 bienfaiteurs identifiés.
La cité teaubriand. Henri Kowalski. Cha-
Jean-Yves Ruaux, journaliste, universitaire a vécu dans cette cité inaugurée en 1959 à Dinan, en pleine crise du logement. Il évoque quelques « talents cachés » qui y ont également passé quelques années et démontre ainsi le tremplin socio-économique que pouvaient représenter ces cités.
Notre Dame de Boulogne.
Il existait trois répliques de cette vierge à l’enfant dans une barque et l’un d’entre-elles a fait l’objet d’une importante procession à Dinan et alentours après la guerre. Un récit de Patrick Delon.
Il revient sur le devant de la scène non plus à Dinan mais en Belgique. Le carillon du beffroi de Bruges sonne en effet, ces temps-ci, une oeuvre du pianiste.
Granit bleu de Lanhé- lin.
Louis Chauris, géologue, chercheur au CNRS s’inté- resse aux carrières de cette commune proche du pays de Dinan. Leur granit bleu s’est exporté dans bien des lieux du monde. On en trouve sur le tombeau de Chateaubriand, au grand bé, à Saint-Malo ; sur les Champs-Elysées ; mais aussi à Hong-Kong ; au Japon, etc.
Photos : Séverine Pavy, bibliothécaire adjointe et Blandine Maufrais, devant la plaque des bienfaiteurs de l’hospice et hôpital de Dinan ; Sophie Dulcken, princesse Radziwill à Kerrosen ; l’hôtel de Paris et d’Angleterre ; Le chanoine Meinser ; Un fragment du tombeau de Marot des Alleux, conservé au musée de Dinan ; Un pan de la couverture du pays de Dinan (photos de la collection Bibliothèque Municipale de Dinan).