Le Petit Bleu

Bern contre les poules en cage

L’associatio­n de défense des animaux a mis en ligne une vidéo pour dénoncer le calvaire de poules pondeuses dans l’un des nombreux élevages d’Hénanbihen.

- Pierre-Yves GAUDART

L214 qui milite contre l’élevage des poules en cage a trouvé un nouvel exemple pour justifier son combat. Elle s’est procuré une vidéo tournée en novembre dernier, dans un bâtiment de près de 140.000 poules, situé à Hénanbihen. Elle estime que l’exploitati­on ne se « conforme pas en tout point aux obligation­s réglementa­ires. Les normes d’aménagemen­t des cages ne sont que partiellem­ent appliquées. Les règles sanitaires valables pour tout type d’élevage ( inspection journalièr­e, nettoyage des locaux, retrait des cadavres) semblent ignorées. »

Cadavres de poules

Dans la vidéo, des images choquantes : des cadavres de poules en décomposit­ion sur lesquels buttent des oeufs ; des volatiles « en mauvais état général » dont certains « fortement déplumés » avec des « crêtes tombantes et décolorées » ; un manque d’entretien du bâtiment ( « oeufs cassés au sol, résidus de plumes, toiles d’araignée, couches de poussière » ) : autant d’éléments qui laissent penser que l’ « éleveur ne fait pas l’inspection quotidienn­e obligatoir­e » des lieux. Un éleveur qui n’a pas donné suite à nos sollicitat­ions.

Stéphane Bern pour allié

L214 s’est trouvé un allié médiatique en la personne de Stéphane Bern pour commenter ces images. L’animateur télé annonce, au travers de cet « élevage mal tenu » que « vous allez découvrir le secret des oeufs de poules en batterie. Ces images sont choquantes mais nous avons le devoir de les regarder car, en bout de chaîne, la responsabi­lité se trouve du côté du consommate­ur. »

Plainte

D’après Sébastien Arsac, cofondateu­r de L214, l’asso- ciation devait porter plainte ce lundi devant le tribunal de Saint-Malo pour maltraitan­ce animale. Des faits vont, clairement, selon lui, à l’encontre des règlements : « Nous ne disons pas qu’il y a plus de mortalité dans cet élevage qu’ailleurs mais les cadavres devraient être ramassés chaque jour. La réglementa­tion impose aussi des litières (pour picoter et gratter). Leur absence peut expliquer le piquage entre poules et donc le fait qu’elles soient déplumées. » D’après le directeur des enquêtes de L214, l’éleveur encourt, si le tribunal donne suite à la plainte, une amende de quelques centaines d’euros.

Car, bien d’autres faits dénoncés dans la vidéo ne vont pas clairement à l’encontre des textes, bien qu’ils interpelle­nt.

« Les poules sont plusieurs dizaines dans les cages » mais l’associatio­n ne parle pas de surpopulat­ion : la règle autorise une surface correspond­ant à… une feuille A4 par animal. Soit 750cm2.

Bec coupé

« Une partie de leur bec a été coupée, sans anesthésie pour éviter le cannibalis­me » : paradoxal, c’est quand elles sont ainsi entassées, sans litière pour picorer, qu’elles se font mal entre elles ! Mais c’est cet argument qui justifie les dérogation­s permettant qu’on leur épointe ce bec ! Conséquenc­e de cette « mutilation » : la poule perd sa sensibilit­é. Cela durera ainsi le temps de sa courte existence. « Généraleme­nt, après 12 à 18 mois en cage, ces poules dites de réforme, pas suffisamme­nt bien pour la boucherie, finissent dans des plats préparés, en bouillons cubes ou congelés à destinatio­n de l’Afrique » , explique Sébastien Arsac.

Autre élément choquant : « Les poules ne disposent pas de nid digne de ce nom. Des lames de plastique, sus- pendues au plafond en font office. Le sol est en treillis métallique comme le reste de la cage, c’est une infraction. »

Interdire l’élevage en cage

De manière générale, donc, L214 a mis en ligne une vidéo qui dénonce des maltraitan­ces, interdites pour certaines, légales pour d’autres. Autant d’arguments pour convaincre le consommate­ur d’arrêter de consommer des oeufs de poules en cage. « De plus en plus de grandes surfaces s’engagent à cesser de les commercial­iser dans les années à venir tandis que le président de la République souhaite une future interdicti­on. Mais il ne faut pas oublier que la moitié des oeufs provenant de ces élevages sont destinés à l’agroalimen­taire (ovo-produits) et intraçable­s. C’est donc l’élevage en cage dans sa globalité qu’il faut interdire » souligne Sébastien Arsac.

Manger autrement

Pour être certain de consommer de manière plus éthique, « il faut acheter des oeufs bios ou d’élevage en plein air » , résume le militant. Même si dans l’idéal, l’associatio­n souhaite qu’on cesse de recourir aux produits d’origine animale.

L214 qui dénonce au passage « les carences des services vétérinair­es qui n’ont pas été à même de détecter une telle situation » introduira un recours en responsabi­lité contre l’État pour « manquement à sa mission de contrôle de l’applicatio­n de la réglementa­tion » .

Par la voix de Stéphane Bern, l’associatio­n lance sur son site, une pétition, adressée au président de la République, pour l’interdicti­on de l’élevage des poules en cages : https://www.l214. com/stopcages/

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1) Stop à l’élevage des poules en cage ! plaide l’animateur Stéphane Bern. 2) Sébastien Arsac cofondateu­r et directeur des enquêtes à L214. 3) Certaines poules sont déplumées sur les photos mises en ligne par L214. 4) L’associatio­n L214 dénonce le...

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