Le Petit Bleu

Expédition punitive (et en famille) à Saint-Coulomb

Trois hommes et une femme comparaiss­aient le 14 décembre devant le tribunal de Saint-Malo pour des violences en réunion sur… le frère de l’un d’entre eux.

- S.L

Ah l’esprit de famille à la veille de Noël… Ce n’est pas au tribunal qu’il règne !

Surtout quand le récit d’une expédition punitive en bonne et due forme y est raconté : tout commence par une femme qui soupçonnai­t son frère d’avoir dérobé à leur domicile 1,5 kg de cannabis.

La voilà partie en direction de Saint-Coulomb où il vit, ce soir du 8 février 2017 avec son mari, un ami, et un collègue de travail, armé d’une matraque et cagoule sur la tête.

Ils veulent « s’expliquer » et peut-être aussi récupérer leur kilo de cannabis. Mais à les écouter à la barre, ils venaient surtout avec les meilleures intentions bienveilla­ntes. « Il était hors de question qu’il y ait de la violence » promet religieuse­ment la soeur, tandis que son frère agressé assure : « L’homme à la matraque m’a agrippé à la gorge. » « Il lui disait ’ferme ta gueule, assieds-toi là’ » finit par raconter un des agresseurs aux gendarmes.

Bref, nous sommes loin d’une réunion de famille conviviale, petits fours et cadeaux au pied du sapin. Les certificat­s médicaux en sont la preuve : contusions, hématomes au bras, au front, à la fesse et pour sa compagne, des douleurs aux côtes, plusieurs hématomes dont un au visage.

Mais vraiment, les quatre prévenus en sont convaincus : ce n’est pas de leur faute. « Avec Pierre * c’est une histoire qui dure depuis des années, il vole tout le monde » explique son beau-frère avant d’ajouter : « Il méritait quelque chose. » Et puis, ce sont eux qui ont eu peur, car le garçon s’est saisi d’une carabine pour se défendre. C’était en fait une réplique, à air comprimé. « Vous vous attendiez à quoi en débarquant chez lui à 21 h 30 cagoulé et avec une matraque ? » lui demande le président, « à ce qu’il vous offre une tasse de thé ? »

Le logement est plutôt mis à sac. Les agresseurs l’ont fouillé, à la recherche des stupéfiant­s volés. Ce qu’ils nient. « On savait bien qu’il avait déjà tout fumé » . Pour eux il s’agissait simplement de constater le peu de ménage effectué dans le logement.

Pour leur avocate, c’est la victime qui a commencé à vouloir en découdre avec son beau-frère. « Il était hystérique. » Mais l’absence du garçon à l’audience empêchera toute explicatio­n.

Tous parents de trois enfants, ces trois hommes et cette femme sont bien intégrés socialemen­t. Habitant à Pontivy, « ils ne font pas parler d’eux » assure Me Scapin. Une insertion qui jouera en leur faveur, d’autant que deux d’entre eux ont un casier judiciaire vierge. Ils sont repartis avec des peines allant de deux à cinq mois de prison avec sursis et ce petit avertissem­ent du tribunal : « Un sursis, ça peut toujours se révoquer. »

« Vous vous attendiez à quoi ? À ce qu’il vous offre une tasse de thé ? »

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