Un piano dans la hotte
Les parents de Marcelle Jouanne, 82 ans en janvier 2018, se sont rencontrés au barrage de Rophemel, chantier sur lequel son paternel travaillait. D’errances en changements de domicile, au gré des affectations de son père, elle a eu bien des Noëls heureux. Plus tard, mariée à un artisan, boulangerpâtissier elle se fixa à Brusvily.
« Je me souviens d’une soirée de Noël, en 1974, où l’on m’a offert pour Noël un piano ! » explique Marcelle. Avant son mariage, elle avait été gouvernante, dans une maison bourgeoise appartenant à un gros pépiniériste d’Angers. Restée en contact avec ses anciens patrons, à la fin décembre 74, lors d’une conversation téléphonique fortuite, lui fut proposé un piano droit, au coffre en bois, de style rustique, agréablement patiné. Mais il fallait l’enlever en vitesse.
« Un jeune homme était en vacances aux Mézerettes, à proximité du magasin. Il était handicapé et se déplaçait dans une estafette, conduite par une parente. Quand il a su que j’avais besoin d’une camionnette pour récupérer mon cadeau de Noël, il proposa de nous la prêter. L’équipée jusqu’à Angers, à plus de 200 kilomètres, fut épique. Le soir de Noël, mon piano trônait dans la boutique, ne passant pas inaperçu, parce que relativement incongru dans une boulangerie. Alertés, par le bouche à oreilles, les clients et amis accouraient pour admirer l’instrument ! Mon époux, musicien à ses heures, jouait les vieux airs d’antan. La veillée de Noël fut animée et joyeuse. Au grand dam des convives, qui ne voulaient pas aller se coucher, elle fut écourtée assez rapidement, car le pianiste devait se lever de bonne heure : il lui fallait confectionner les bûches de Noël et cuire le pain du lendemain. Le piano a disparu depuis longtemps, sauf dans mon souvenir ! » déclare Marcelle, un brin nostalgique.