Le Petit Bleu

Le château du Guildo, défenseur de l’Arguenon

C’est grâce aux fouilles conduites sur une vingtaine d’années, que le château du Guildo a pu lever une grande partie du voile sur son évolution architectu­rale et défensive.

- Thierry GIORDANA (CLP) Prochaine conférence le dimanche 14 janvier, sur le manoir de la Grand’Cour de Taden, au théâtre des Jacobins, à 15 h.

Les archives étant quasi inexistant­es sur les origines de la forteresse médiévale, le château féodal du Guildo, inscrit à l’inventaire des monuments historique­s en 1951 et acheté en 1981 par le Départemen­t, est désormais mieux connu.

Le mot Guildo viendrait du latin Gué dangereux. Le gué sur l’Arguenon, praticable uniquement à marée basse, le château contrôle ainsi l’estuaire de l’Arguenon.

Premiers travaux. Le château du Guildo est situé sur un éperon rocheux de 5 500 m² environ, 20 m en surplomb de la rivière et entouré d’un puissant fossé.

La valorisati­on du site débute en 1986, sur l’initiative de Paul Ladouce, un citoyen qui le découvre alors et obtient le droit de travailler sur l’extérieur : « Dix ans de travaux pour dégager la douve Sud sur 80 m de long, 10 m de large et 8 m de profondeur » , explique Véronique Albert, conférenci­ère.

En 1994, l’Etat et le conseil général lancent un programme d’études archéologi­ques, paléoenvir­onnemental­e et d’archives. Un chantier-école de 20 ans environ où les différente­s couches stratigrap­hiques ont permis de trouver six phases d’aménagemen­t. Première bâtisse. Une première enceinte de bois et terre, en 1200, est située sur un espace proche de celui d’aujourd’hui, avec un premier rempart de pierres sèches qui font le tour de l’éperon en partie basse.

Un second fossé orienté Est-Ouest, de 3 m de large sur 1,50 m au plus profond, est creusé plus haut dans la roche.

Dans l’enceinte, un grand bâtiment en pierres dans sa partie Ouest, de 18 x 5 m, est prolongé par un bâtiment en bois. Des boucles, des décors de lanières et de fers à sabot découverts, témoignent sans doute, d’une première résidence seigneuria­le avec écurie… Un château construit dans la contrainte des

luttes des différents contes de Bretagne. Premier château. Dans le dernier tiers du XIIIe siècle, les anciennes structures de bois sont démontées, le fossé externe est comblé et le soubasseme­nt du château est mis en forme de glacis, avec une pente de 70 %. Constructi­on de tours quadrangul­aires au Nord et à l’Est, et d’un châtelet à l’angle Sud-Est. Un grand logis avec cheminée centrale jouxte la tour Nord.

XIVe siècle. Nous sommes en pleine Guerre de succession pour le duché de Bretagne qui est ravagé. Le château appartient à Charles de Dinan et subit de graves dommages.

En avril 1365, les Monfort sont les nouveaux ducs. En décembre 1378, Charles V, roi de France, confisque le duché. Le duc Jean IV, exilé en Angleterre, débarque à Dinard et va agrandir et moderniser le château, afin de l’adapter aux armements modernes. Un nouveau châtelet d’entrée plus cossu est construit, toutes les tours sont reprises, quatre grands ouvrages défensifs sur la façade Sud sont alors en place. Un puits nouveau est creusé au centre de la cour, à 16 m de profondeur. Notons qu’à l’instar des châteaux de Vitré où Suscinio, c’est à cette époque que les logis commencent à intégrer les tours.

XVe siècle. C’est l’époque de l’apogée du château dont les travaux importants vont en faire un palais princier.

Propriétai­re du château, Françoise de Dinan, une des plus riches héritières de Bretagne, y séjournera jusqu’au milieu du siècle. Côté pièce, on note une grande cuisine aménagée en plusieurs fois à l’angle NordOuest, alors que l’angle SudOuest, avec forge, écuries et appartemen­t, est entièremen­t dévolu au cheval.

Fin XVe. Dès 1487, on aménage de nouvelles écuries sous l’ancienne salle seigneuria­le du Nord, pour y loger une garnison.

En 1489, des dégâts énormes dus aux violents incendies et aux destructio­ns liées aux guerres franco- bretonnes, entraînent une nouvelle reconstruc­tion. Un four est construit dans la cuisine.

XVIe siècle. Cette fois-ci, ce sont les guerres de la Ligue qui déchirent la Bretagne entre 1589 et 1598.

Le château est remis en défense, les tours Sud-Ouest et Nord- Ouest sont aménagées en terrasses d’artillerie. La forteresse s’adapte à la guerre moderne. Les aménagemen­ts nouveaux détournent les logements de leur fonction première.

En 1596, les troupes royales prennent le château, repris par des mercenaire­s espagnols et bretons l’année d’après, avant de repasser sous les couleurs du roi de France en 1598.

Nouveau propriétai­re du château en 1604, Jean d’Avaugour effectue quelques réparation­s. En 1623, la terre du Guildo est élevée en baronnie. En 1651, la forteresse devient sans intérêt.

Vendu en 1794, le château fait office de carrière de pierres. En 1827, il n’en reste que les pans Nord et Ouest.

Tourisme. Les travaux de mise en valeur du château du Guildo débutés cette année par le Conseil départemen­tal, vont permettre aux visiteurs, une meilleure compréhens­ion de son histoire.

Le programme architectu­ral en cours vise à conserver, sécuriser et restituer certains éléments du château, par exemple les tours d’escaliers du logis orien- tal. Sur le plan culturel, d’ici 2020, le lieu historique pourra abriter des spectacles, une résidence d’artistes, etc.

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Le château du Guildo vu en été 2014 de l’Ouest (photo archives Th. Giordana).
 ??  ?? Vue architectu­rale qui reconstitu­e le château à la fin du XIIIe siècle (Laurent Beuchet de l’Inrap).
Vue architectu­rale qui reconstitu­e le château à la fin du XIIIe siècle (Laurent Beuchet de l’Inrap).
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Véronique Albert, guide-conférenci­er a récemment présenté le château du Guildo, au théâtre des Jacobins, à Dinan.

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