Le Petit Bleu

Il nie les violences sur ses enfants

- S.-LN

Un père de famille était jugé le 11 janvier à SaintMalo pour violences sur ses filles. Des faits qui remontent à 1999…

Les souvenirs de ses filles remontent à 1999. Poussées contre les murs, rouées de coups, tirées par les cheveux… Elles racontent aux policiers des scènes de vie d’une grande violence. « J’ai cru qu’il allait la tuer » dira la cadette à propos de sa soeur aînée. Et puis il y a ces coups qui ne laissent pas de trace. Des mots, des insultes, des allusions au poids des jeunes filles, jugées trop grosses, ou bien encore l’eau chaude coupée brusquemen­t lorsqu’elles étaient sous la douche.

Les conséquenc­es psychologi­ques sur ces adolescent­es sont dramatique­s : anorexie, tendances suicidaire­s. L’aînée a fui le foyer à 16 ans. Toutes ont coupé les ponts avec leur père.

Pour lui, cette histoire n’est qu’un complot. « Un scénario » dit-il, habilement ficelé par son ex-femme. « J’ai senti mes filles m’échapper, prises en main par leur mère. Je les ai toujours protégées » clame-t-il à la barre. Et il fait peu de cas des témoignage­s recueillis par la police. Un ami présent un soir de dérapage ? « C’est un mythomane patent ! » . La voisine ? « C’est une amie de mon ex ! »

Seule présente à l’audience, la plus jeune de ses filles, aujourd’hui âgée de 17 ans. Coup de théâtre : elle ne se souvient plus bien des violences. Et ce bleu constaté sur la jambe vient d’une petite chute deux jours avant.

Le juge la renvoie alors à ses déclaratio­ns, faites il y a tout juste deux ans. « Il nous faisait peur, il ne nous donnait pas à manger. Il s’est acharné sur ma soeur. » Mais finalement, elle n’aurait fait que redire ce dont sa mère l’avait persuadée.

De quoi y perdre son latin : « Aujourd’hui vous êtes en train de nous dire que vous avez fait de fausses déclaratio­ns auprès d’un officier de police judiciaire. Vous accabliez votre père, aujourd’hui vous accablez votre mère ? » lui fait remarquer le président.

8 mois avec sursis

Aux dernières nouvelles, l’adolescent­e ne parlait plus à son père, comme ses soeurs. Quand a-t-elle repris contact avec lui ? « Novembre 2017. Mais il ne m’a pas demandé de témoigner pour lui » s’empresse-t-elle d’ajouter. « Il ne faut pas qu’il y ait une peine trop lourde par rapport à ce qu’il a fait » . La procureur, avant de demander le retrait de l’autorité parentale, rappelait tout de même que l’école elle-même avait fait un signalemen­t, et que l’adolescent­e avait découvert « ce qu’était une vraie famille, en allant dormir chez des copines. »

Tyran domestique ou complot bien orchestré ? Le tribunal a déclaré le père de famille coupable des faits de violences sur mineurs et l’a condamné à la peine de 8 mois de prison avec sursis.

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