Le Petit Bleu

André Récan garde le punch après 40 ans

Le président du Boxing club dinannais n’a jamais mis les gants. Mais c’est une figure incontourn­able de la boxe locale, depuis quarante ans.

- Xavier BIZOT (CLP)

Les plus belles histoires sont bien souvent le fait du hasard. Celle d’André Récan ne déroge pas à cette règle. Jeune trentenair­e, il travaille alors chez Cointrel. Le secrétaire de cette entreprise est également trésorier du Boxing club. Par sympathie, André Récan lui achète deux billets pour aller au bal du club. Hélas, le jour venu, il ne peut s’y rendre.

L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais ses deux jeunes fils entendent alors parler pour la première fois de boxe dans la famille. Ils se disent intéressés et les voilà bientôt licenciés au Boxing club dinannais. En septembre 1979, André Récan fait donc partie de la grande famille de la boxe dinannaise par l’intermédia­ire de ses deux jeunes apprentis boxeurs.

300 licenciés

Il s’investit rapidement. Tout d’abord secrétaire, puis le président de l’époque tombe malade. Il faut quelqu’un pour le remplacer. En 1983, le voilà président. « Beaucoup de personnes m’ont soutenu et lorsque je commence quelque chose, je ne sais pas m’arrêter. À l’époque, le club comptait environ une douzaine de boxeurs amateurs et vingt licenciés en boxe éducative. En 2018, nous sommes 300 licenciés en comptant l’aéroboxe, qui est surtout pratiquée par les femmes à plus de 95 %. Il s’agit de faire de l’entraîneme­nt physique avec les gestes de la boxe. Nous avons été le premier club à faire de la boxe fitness. Nous sommes le premier club de Bretagne au niveau du nombre de licenciés » se réjouit le président lorsqu’il pense au chemin parcouru au fil des années.

Quatre boxeurs pros autrefois

Le club a toujours existé sur la commune. « Il a dû naître dans les années 1920, il s’est arrêté durant la guerre et est revenu sur le devant de la scène au sortir de celle-ci. Dans les années 50, il y a eu jusqu’à quatre boxeurs pros à Dinan. Entre 1965 et 1972, il a été mis en sommeil, avant de rebondir. » Pour redonner un second souffle au club, André Récan, qui n’a jamais pratiqué de sports, n’est cependant pas resté inactif. « J’ai pris beaucoup de temps sur ma vie profession­nelle et privée. Il faut avoir une épouse consentant­e. Lorsque l’on est dans la boxe, on est réellement mordu. C’était pour moi, un temps complet. Le lundi, mardi, jeudi, vendredi de 17 h à 21 h, je suis à la salle, sans compter le samedi après-midi. Mon épouse Paulette est également bénévole au club et désormais à la retraite, nous faisons tous les déplacemen­ts ensemble. » Et les déplacemen­ts, André ne les compte plus, car il est également vice-président du comité de Bretagne depuis 18 ans et membre de la commission nationale de boxe amateur depuis 1996.

Durant quatre ans entre 2012 et 2016, il a aussi été président départemen­tal. Mais c’est réellement le club qu’il a de chevillé au corps. « Dans les années 85 à 88, cela a un peu flotté avec la mise en place de nouveaux règlements, comme le port obligatoir­e du casque et du maillot. Durant quatre ans, nous avons végété. Puis en 1992, le club a bondi en flèche. En 1996, Fabrice Ihopu, Tahitien qui a fait son service militaire à Dinan, remporte le titre de champion de France en lourd. En 1998, nous avons eu jusqu’à sept boxeurs en ¼ de finale des championna­ts de France amateurs. »

Les rois du pétrole

Il est loin, le temps où les boxeurs s’entraînaie­nt encore au collège Roger Vercel avant de boxer dans l’ancienne caserne des pompiers. Depuis huit ans, ils sont à La Nourais. « Ici, nous sommes les rois du pétrole !» Alors à la veille d’organiser les huitièmes et quarts de finale des championna­ts de France de boxe amateurs, qui se dérouleron­t ce week-end, André Récan se remémore : « En 2000, nous avions organisé, la finale de ce championna­t. À l’époque, cela nous avait coûté 33 millions de centimes en Francs. C’est la plus grosse manifestat­ion que le club a organisée. Il y avait 1 300 spectateur­s à la salle Némée. » Toute une époque !

Mais que sont devenus ces deux fils, sans lesquels, André n’aurait jamais connu un tel parcours ? Après avoir boxé au niveau régional, ils continuent de pratiquer le noble art. Son fils Philippe est même trésorier du club et l’un de ses petits-fils, Tristan est secrétaire. Alors bientôt la retraite André ? « Pour me remplacer l’idéal serait une personne qui connaisse déjà la boxe et alors je m’engage à rester trois, quatre ans avec elle pour lui donner divers conseils et lui faire voir toutes les ficelles, car lorsque l’on sait attacher les deux bouts de la ficelle, c’est gagné. »

Et pourquoi de la ficelle et pas de la corde ? Fort simple, celui qui n’a jamais mis les gants, n’est jamais dans les cordes !

Huitièmes et quarts de finale des championna­ts de France de boxe amateurs ce week-end à Dinan : lire en pages Sports.

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André Récan, président depuis 35 ans.

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