Le Petit Bleu

C’est la course de leur vie !

Propriété de Guy Chaumont, Gilles et Jean-Pierre Raffré, Valko Jénilat sera dimanche, sur l’hippodrome de Vincennes, au départ de la plus célèbre des courses au trot attelé. Nous avons suivi sa dernière sortie, lors du Prix de Belgique.

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7 heures

C’était le 14 janvier. Rendez-vous à 7 heures à la gare de Dinan. Dimanche matin presque ordinaire pour les deux frangins, Gilles et Jean-Pierre Raffré. Aujourd’hui, ils montent à Vincennes. Cet aprèsmidi, Valko Jénilat, leur crack trotteur, va prendre part au Grand Prix de Belgique. C’est l’ultime course de préparatio­n au Prix d’Amérique pour lequel Valko s’est déjà qualifié en gagnant le Grand Prix de Bretagne, ça ne s’invente pas, comme un clin d’oeil a ses propriétai­res costarmori­cains (lire Le Petit Bleu du 23 novembre 2017).

Comme un athlète de haut niveau à 15 jours d’un grand rendez-vous, il a besoin de courir. « Il faut lui ouvrir les poumons », comme le dit Gilles Raffré, dans ce langage très imagé des courses. Et tant qu’à faire, en le confrontan­t aux meilleurs.

« Deux cars de Dinan »

Départ de Dinan, crochet par Yvignac pour prendre au passage Guy Chaumont, le troisième associé « Dinannais » dans le « capital » du cheval qui cumule plus d’un million de gains en courses. Petit café et distributi­on des casquettes et écharpes siglées Valko Jénilat et aux couleurs (rouge et vert) de l’écurie de Guy Chaumont. Il en a été fabriqué une centaine de chaque, qui seront distribuée­s aux supporters de Valko, en tout cas ceux qui prendront place, le jour du Prix d’Amérique, dans deux cars qui partiront de Dinan.

7 h 45

Départ d’Yvignac. Arrêt à Caulnes, pour acheter « Le turf ». C’est parti pour quatre heures de route. Dans la voiture, ça parle chevaux. Forcément. Pour les Raffré, la semaine est déjà bonne : leur pouliche Extasy d’Ourville a gagné, deux jours avant, le prix d’Evian à Vincennes. Prometteus­e.

Bon, mais quand même, le Prix de Belgique, c’est une belle épreuve, la pression ne monte pas un peu ? « Non, pas du tout. Ça viendra une trentaine de minutes avant le départ, au moment du heat (l’échauffeme­nt, ndlr) », assure Jean-Pierre Raffré. De toute façon, la course d’aujourd’hui n’est pas visée. Galop d’entraîneme­nt pour le trotteur… D’ailleurs, il court « ferré des quatre » : un fer à chaque patte. Or, pour se donner une vraie chance de victoire, il faudrait partir totalement déférré, pieds nus. « Si on termine quatrième ou cinquième, ce sera bien… »

Sur les coups de midi…

Arrivée à Vincennes. Passage par les écuries. Valko Jénilat n’est pas encore là. Petit tour rapide dans les box, plutôt déserts en cette fin de matinée.

C’est l’heure de se désaltérer. Au bar des profession­nels (réservé aux propriétai­res, entraîneur­s, drivers, lads…), les trois Dinannais croisent « leur » entraîneur, Sébastien Guarato, qui possède aussi des parts de Valko. Entraîneur à succès installé à Moulins-Lamarche dans l’Orne, il devrait avoir trois autres de ses pensionnai­res au départ du Grand Prix d’Amérique, dont le grandissim­e favori, Bold Eagle, star des trotteurs, double vainqueur de la mythique épreuve et tenant du titre. Valko s’y est déjà frotté. Il ne l’a jamais dominé.

Ça parle tactique de courses, courir devant pour épuiser les adversaire­s ou courir caché, à l’abri, suivre et attendre de prendre le bon dos pour se faire remonter. Et Valko dans tout ça ? « Il est bien, il a bien travaillé », rassure Sébastien Guaratto.

Retour aux écuries. Valko est arrivé dans son box, celui juste à côté de Bold Eagle. Ici, on est dans le coin Guarato. « Valko ? Il n’a jamais eu un aussi beau poil », croit d’abord constater Gilles Raffré. C’est bon signe. Le trotteur est calme et se laisse facilement approcher. La course est dans plus de deux heures…

15 heures

Une heure avant le départ, le cheval semble toujours aussi serein. Mais il paraît déjà concentré, déterminé. Quand son lad le sort de son box pour lui dégourdir les jambes, Valko ne laisse toujours pas paraître le moindre signe de nervosité. Mais il a déjà de l’allant, son pas est dynamique. Il tire. Il sent que la course approche. Il a envie d’en découdre.

« C’est un sportif, un champion. Il est à son travail. Il sait que la course arrive. Petit à petit, il monte en pression », nous explique Guy Chaumont. Mais petite inquiétude pour ses propriétai­res, ils ne le trouvent pas si « fit » que ça, « il est un peu gras, il n’est pas dans sa meilleure condition », craint Jean-Pierre Raffré.

Heat correct, mais ils sont deux ou trois qui donnent l’impression de carrément voler, Bellina Josselyn et Bird Parker notamment.

16 h 15

Arrive enfin l’heure de la course. Comme d’habitude, Eric Raffin, top driver, est au sulky de Valko. Ça y est, les chevaux sont lancés. 2 850 mètres à parcourir. Un seul tour de piste. Premier passage devant les tribunes. Valko est enfermé dans le peloton.

« Sixième place »

Emmuré, il ne s’en sortira jamais. Mais tracera quand même une belle dernière ligne droite pour prendre une très honorable sixième place, donc dans les allocation­s versées aux sept premiers, gonflant de quelques euros supplément­aires son compte en banque…. Bird Parker gagne ce prix de Belgique devant Bold Eagle et Readly Express.

Sitôt sortie de piste, Eric Raffin débriefe avec les propriétai­res. Pourquoi n’avoir pas tenté de le décaler dans la descente pour le porter aux avantspost­es ? « Je n’avais pas envie de lui demander un effort trop violent. La course la plus importante, ce n’était pas aujourd’hui. C’est l’Amérique, dans 15 jours. » Fin de la discussion.

Eric Raffin a un palmarès long comme ça. Mais il n’a jamais gagné le Prix d’Amérique. Un manque qu’il entend bien combler rapidement… La suite au prochain épisode.

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 ??  ?? Gilles et Jean-Pierre Raffré avec Valko Jénilat.
Gilles et Jean-Pierre Raffré avec Valko Jénilat.
 ?? Pascal CAYEUX ?? La course approche, Eric Raffin sort des écuries.
Pascal CAYEUX La course approche, Eric Raffin sort des écuries.
 ??  ?? Après la course, débriefing avec le driver.
Après la course, débriefing avec le driver.
 ??  ?? Dans les tribunes, avant le départ.
Dans les tribunes, avant le départ.
 ??  ?? Course terminée, son lad libère Valko de son enrênement.
Course terminée, son lad libère Valko de son enrênement.
 ??  ?? En discussion avec Sébastien Guarato.
En discussion avec Sébastien Guarato.
 ??  ?? Au plus près, sur la piste, au moment de l’échauffeme­nt.
Au plus près, sur la piste, au moment de l’échauffeme­nt.

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